C'est aujourd'hui que les Algériens inscrits sur les listes électorales dans les représentations consulaires en France sont appelés aux urnes pour l'élection présidentielle algérienne. L'on ne saura pas cette année leur nombre exact, cela semble apparemment relever, pour l'instant, du secret. Si l'on se référait aux élections antérieures, les électeurs en France tourneraient autour de 800 000. Toutefois, le nombre de bureaux de vote ouverts pour cette élection est publié par l'ambassade pour peu que l'on se donne la peine d'opérer les additions par région : quelque 186 bureaux de vote répartis sur Paris Ile-de-France, la région sud, la région centre et Rhône-Alpes, la région ouest et sud-ouest, la région nord et la région est, tous ouverts jusqu'au jeudi 17 avril. Iront-ils ou n'iront-ils pas voter ? C'est toute la question qui taraude autant les pro-quatrième mandat, les représentants des autres candidats –inexistants pour certains dans l'Hexagone — que les partisans du boycott. L'enjeu est de taille, puisque depuis toujours, la communauté à l'étranger donne le La, le ton à ce qui se passera dans le pays jeudi 17. Au premier jour des élections, les yeux seront naturellement braqués sur les bureaux de vote pour jauger de l'affluence mais cette année et contrairement aux autres scrutins, un autre lieu d'observation va mobiliser l'attention. A l'angle de l'avenue Jean-Jaurès et de la rue Bourret , dans le 19e arrondissement parisien, les partisans du boycott ont appelé les Algériens à venir dès 10 heures se joindre à une journée de protestation. Ce n'est cependant pas le seul appel. Le mouvement Barakat, comme celui qui vient de naître, le mouvement Barra (le bien nommé) autrement dit («dehors») prendra la relève cet après-midi de 14h à 17h, devant l'ambassade d'Algérie pour « dénoncer le régime mafieux, corrompu et dictatorial». Autre lieu – place de la République — et autre protestation, celle du mouvement Rachad qui lance un appel pour exiger, entre autres, «l'arrêt de la mascarade électorale... et la dissolution de la police politique». La capitale française ne sera cependant pas la seule ville à connaître ces protestations et appels au boycott. Contacté vendredi matin au téléphone, Zoheir Rouis, secrétaire national de Jil Jadid en charge de la représentation à l'étranger et membre, comme son parti, de la Coordination nationale pour le boycott France, considère que contrairement aux élections précédentes, dans les milieux de l'émigration, une dynamique citoyenne certaine a été enclenchée ces derniers temps. La conjonction de plusieurs mouvements de protestation organisés tous les samedis a permis d'opérer des jonctions. Il est en effet à relever que l'association, par exemple, de partis aussi différents que le RCD, Jil Jadid, El Adala et le MSP, en d'autres temps association improbable et explosive, semble marcher conjoncturellement sur la base d'un dénominateur commun, appelé boycott de cette élection de «tous les dangers». Cette association, selon notre interlocuteur, semble marcher, tout au moins pour l'instant, dans la mesure où, pour lui «nous sommes plus nombreux que les votants». Et que pense de cette affirmation le représentant de Ali Benflis en France ? Oui, il y aura beaucoup de boycott, nous confie Saïd Naïli, le directeur de campagne du candidat en France. Toutefois, module-t-il, contrairement aux scrutins précédents, nous n'avons pas beaucoup vu sur le terrain, au cours de la campagne, ces appelants au boycott. Mais, plus grave encore, ajoute-t-il, nous avons eu à observer tout au long de la campagne, que les responsables de la campagne du candidat Bouteflika se terraient dans leurs bureaux, évitant ainsi le débat avec les adversaires. Tout comme son candidat Ali Benflis, Saïd Naïli échaudé par la fraude, insiste surtout sur le contrôle des élections. C'est tout un dispositif qui est mis en place, notre vigilance est à la mesure des craintes exprimées par les citoyens et d'énumérer : des scellés numérotés, inviolables, sont mis sur les urnes ; matin et soir un contrôle des signatures sera opéré afin qu'aucune main fraudeuse n'opère de nuit et enfin dès que les P-V sont signés, un double, par bureau de vote, sera récupéré. Ainsi, «nous serons en mesure de donner les résultats en même temps que les résultats officiels et qui ne devront absolument pas être différents des nôtres». Quant au candidat sortant, Abdelaziz Bouteflika, nous ne pourrons malheureusement et à l'heure où nous mettons sous presse, livrer les sentiments de son staff de campagne. Son directeur de campagne en France, Djamel Bouras, est inscrit aux abonnés absents. Le directeur de communication au niveau central, à Alger, Abdeslam Bouchouareb, était absent aussi au moment de notre appel. Il nous fut toutefois répondu par ses services qu'ils allaient nous contacter. Rien encore, mais nous reviendrons naturellement vers ce staff, comme d'ailleurs vers les autres candidats que nous n'avons pas évoquée dans ce pré/papier d'élection.