Des taxis roses verront le jour sous peu dans la ville d'Oran. Des taxis exclusivement consacrés à la clientèle féminine et qui seront conduits par les femmes. L'information, donnée jeudi par notre confrère El Watan, n'est pas un canular. Il s'agit bien d'un projet en phase finale, engagé par la société Taxi Aamor implantée à Oran. Le responsable de cette société confirme qu'il a bien l'intention de lancer ces taxis For ladies (ça fait british et c'est plus chic !). Il n'attend plus que le feu vert de Ghoul, le ministre des Transports qui, selon le gérant de cette boîte, «aurait promis une autorisation après les élections présidentielles» avec, très probablement, une promesse de cette entreprise de voter pour qui vous savez. Cette information proprement hallucinante ne fait pas rire, inquiète mais, au fond, s'inscrit en droite ligne des très nombreuses dérives observées, pour ne pas dire encouragées, par ceux qui nous gouvernent. Après tout, pourquoi se gêner, la société ayant été, sans crier gare, vicieusement et pernicieusement pénétrée par des décisions de ce type qui inscrivent dans la «normalité» des us et coutumes qui nous étaient étrangers. Il n'y a pas de statistiques, mais amusez-vous à compter le nombre de femmes portant le hidjab et qui passent sous vos yeux. Vous serez vite lassé et devrez alors décompter le nombre de femmes non voilées, ça va beaucoup plus vite. Il est jusqu'à la façon de parler qui interroge. Une terminologie nouvelle adoptée comme ayant toujours existé. Macha Allah, à tout bout de champ, inscrite même sur les arrières des véhicules de transport comme pour prouver ostentatoirement nos convictions religieuses. Que vous alliez acheter votre pain ou voir un médecin l'on vous désignera, sans sourciller, la chaîne pour femme ou salle d'attente itou. Toujours sur le même registre, n'a-t-on pas vu, tout au long de la campagne présidentielle, des interventions multiples, de salafistes et notamment d'un responsable de ce mouvement vociférer sur une chaîne TV privée, il est vrai, mais diffusée toutefois et avec plusieurs rediffusions, sa haine des femmes et des laïcs communistes, nommément cités, appelant les Algériens et les menaçant pour ne pas les enterrer à leur mort, dans des cimetières musulmans, le tout justifié, selon lui, par des Hadith. Plus récemment encore et sans qu'aucune sanction ne soit prise, n'a-t-on pas vu un chef de parti islamiste interpeller une candidate à l'élection en lui rappelant qu'il a eu à la rencontrer à Paris «un verre de vin à la main». Aucune sanction, aucun rappel à l'ordre et aucune réaction aussi de la part de tous ceux qui sont victimes de ces attaques, passées aujourd'hui dans la normalité. C'est ainsi que l'on rogne sur tous les acquis de la femme algérienne qu'aucun pouvoir ne lui a donnés, mais qu'elle a arrachés. C'est ainsi aussi, et c'est le plus grave, que l'on forge ces idées rétrogrades dans le crâne de nos enfants, ceux-là mêmes qui se voient interrogés par leurs maîtres et maîtresses d'école pour dire si oui ou non leurs parents pratiquent le Ramadhan. L'impunité de tous ces nouveaux prophètes conduira sans aucun doute, si elle est poursuivie, à voir dans quelque temps, des trottoirs pour hommes et des trottoirs pour femmes.