L'excès de vitesse, le mauvais état de certains véhicules et l'absence de responsabilité voire la dangerosité des automobilistes sont souvent pointés du doigt par les autorités de la Protection civile, de la gendarmerie ou du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR) pour expliquer le bilan catastrophique des accidents de la route. Cependant, il existe un autre facteur, non négligeable, que ces mêmes autorités semblent oublier, qui est l'état vétuste et dangereux des routes algériennes. Saadia Gacem - Alger (Le Soir) M. Boutalbi, président du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), met en avant les facteurs humains et l'extension du parc automobile national qui a connu une augmentation de 15% par rapport à la même période en 2013, afin d'expliquer cette augmentation considérable des accidents de la route, 16% pour le nombre de mort début 2014 par rapport au premier trimestre 2013. Mais qu'en est-il des accidents de la route liés à la vétusté et la dangerosité des routes ? Notamment de l'autoroute Est-Ouest qui compte, à elle seule, 1 442 accident dont 482 décès pour l'année 2013. Le président du CNPSR concède que l'état des routes et l'absence de panneaux de signalisation annonçant des travaux en cours ou des ralentisseurs, peuvent constituer une part des causes des accidents de la route. Cependant, il revient à la charge sur l'irresponsabilité des automobilistes et de leur dangerosité. Selon M. Boutalbi, la responsabilité est individuelle et il ajoute qu'«il existe un manque d'éducation et de civisme de la part des citoyens», qui serait la cause de la majorité des accidents de la route. La présidente de l'association d'aide aux victimes des accidents de la route, «Baraka», a rappelé que chaque année 3 500 personnes sont handicapées suite aux accidents de la route. Elle a également interpellé le président du CNPSR et le sous-directeur de la prévention routière à la DGSN, sur le relâchement voire la complaisance des services de sécurité avec les chauffards lors d'événements festifs, entre autres. Les intervenants ont répondu que cela relevait, encore une fois, de la responsabilité individuelle et de l'éducation «ce n'est pas au service de sécurité de s'occuper de cela. La déviance de masse, on ne peut rien y faire», une réponse qui a pour le moins surpris l'assistance. M. Boutalbi explique que seule la répression est efficace pour diminuer les accidents de la route, cependant, dans la pratique il est évident que cela n'a pas l'air de fonctionner. En effet, les chiffres parlent d'eux-mêmes, malgré les lois répressives en matière de non-respect du code de la route, depuis le début 2014, 961 personnes ont trouvé la mort et 13 815 autres blessées dans 9 047 accidents de la route. Selon les dires du président du CNPSR, c'est «une hausse considérable et inquiétante» concernant le nombre de victimes enregistré lors des quatre premiers mois de l'année 2014, comparativement à la même période de l'année 2013. Le nombre de morts suite aux accidents de la route a, quant à lui, augmenté de 16,06 %, alors que le nombre des blessés a crû de 0,66%. Il a rappelé qu'une augmentation du nombre de morts et de blessés avait été également enregistrée en 2013 comparativement à 2012, 2% pour le nombre de morts et de 0,64% pour le nombre de blessés.