Le Professeur Chems Eddine Chitour se montre hostile à l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Il estime également que les prix de l'énergie ne doivent pas être maintenus. Rym Nasri - Alger (Le Soir) Pour le spécialiste en génie chimie, Pr Chitour, l'adhésion de l'Algérie à l'OMC est une «erreur». «Nous avons déjà eu un avant-goût avec notre adhésion à l'Union européenne où notre pays est devenu un grand bazar», a-t-il indiqué hier à Alger. Reconnaissant certes, que l'Algérie dispose de «richesses» du point de vue énergétique, Pr Chitour déplore l'absence d'une bonne valorisation de ces ressources. «Nous sommes juste des marchands et non pas des baptiseurs. Il faut que nous soyons armés, technologiquement et scientifiquement», dit-il. Et d'ajouter : «Nous sommes riches mais nous sommes misérables». Il souligne ainsi l'énorme retard de l'Algérie en termes de technologie. «Ce n'est qu'en 2025 que l'Algérie envisage d'avoir un réacteur nucléaire», a-t-il ajouté. Pour le chimiste, l'avenir est aux énergies renouvelables d'où la nécessité de développer les technologies de transformation. Le conférencier évoque également le côté formation. «Nous formons très peu et nous ne faisons pas de la recherche». Selon lui, l'économie de l'Algérie est en «panne». «Nous ne formons pas bien puisque nous ne nous penchons pas sur des métiers dont nous en avons besoin», dit-il. Il regrette que l'Université soit mise «en marge» du développement. «Au lieu de solliciter l'université nous faisons appel aux étrangers». D'ailleurs, il interpelle l'Etat sur le problème de l'hémorragie des universitaires algériens vers l'étranger. « Nous formons des cadres et des universitaires pour l'étranger», souligne-t-il. L'enseignant à l'Ecole nationale polytechnique évoque, par ailleurs, le gaz de schiste. «Nous devons choisir entre le gaz de schiste et la nappe phréatique», dit-il. L'exploitation de ce type de gaz, rappelle-t-il, «nécessite 1 000 produits chimiques dangereux et la fracturation hydraulique. Elle provoque des tremblements de terre et dégagent des gaz rares et dangereux et pollue les nappes phréatiques». Pour lui cette technologie n'est pas encore mature. «Le gaz de schiste n'est pas pour ma génération. Il faut attendre la maturation de la technologie de son extraction d'ici 2030», dit-il. Pr Chitour plaide ainsi pour un modèle énergétique basé sur des données fiables et se reconvertir dans les énergies renouvelables et les développer. Toutefois, il assure qu'il n'est plus possible de continuer avec des prix «symboliques» de l'énergie. «Nous avons des pertes et cette stratégie énergétique doit se pencher sur la vérité des prix», dit-il.