C'est après l'annonce relative à la revalorisation des pensions de retraite au titre de l'année 2014 faite par le biais des chaînes de télévision et la lecture de l'exposé de M. Benmoumène dans le Soir d'Algérie du 29 avril intitulé «Encore une fois, retraités ne vous détrompez pas quant au taux entre 10% et 15 %» et de l'article de Yazid Alilat dans le Quotidien d'Oran intitulé «Maigre consolation pour les retraités», que je me suis décidé à solliciter une place pour ma lettre afin d'exprimer ce que je ressens et pense comme beaucoup de retraités. Que quelqu'un nous explique à quoi sert le conseil d'administration de la CNR dont l'une des missions est de fixer le taux de revalorisation annuelle des pensions. Au titre de 2014, il a proposé 16%. Alors de quel droit use M. le ministre du Travail pour réduire de 4% le taux proposé par le conseil d'administration ? Cela suppose une non-application de la réglementation en vigueur. Sinon, pour rester dans la légalité, qu'il procède à sa dissolution. Ba hechma, il a été annoncé aux retraités que le taux de revalorisation des pensions est de 12% . Ya bouguelb, khlet, l'Etat va demander un prêt à la Banque mondiale pour couvrir l'incidence financière. Ne manque-t-on pas totalement de sérieux et de décence envers ces mal-aimés en vie par la grâce de Dieu et leur résistance contre le pouvoir d'achat insupportable? Pourtant, ils ne représentent que 6,75% de la population car ils ne font pas partie de la catégorie des Algériens ayants droit. Il est inutile de prouver que lorsqu'il s'agit de retraités, l'Etat évalue l'incidence financière au centime près y a sidi hebibi ; pourtant, il n'est pas à démontrer qu'en matière d'effacement de dettes, non-recouvrement des impôts, insolvabilité des bénéficiaires d'avances pour les investissements, réévaluations éternelles des projets tels que l'autoroute Est-Ouest, budgets faramineux de fonctionnement des administrations, octroi d'autorisations de programmes complémentaires dont la majorité ne sont ni justifiées ni justifiables, le cas du périple précampagne, salaires d'exception aux fonctionnaires et parlementaires, rappels avec effet rétroactif de 2008, sans omettre ce qui se passe et qu'on couve, etc. Alors messieurs qui détenaient la vie et la mort des retraités, que représente une revalorisation digne de respect dû à cette frange d'Algériens qui ont servi ce pays plus que vous ne l'imaginez? «Retraités, personne ne pense à vous !» Messieurs d'en haut et ceux qui les aident ont pour devise : chebahek oua rbahek miet naâdja fi mrahek tesaâ ou tesîîn lia ouahda lik (ton décor et ton essor, 100 brebis sont ton trésor, 99 sont miennes et une pour toi), alors retraités, personne ne pense à vous, prenez votre mal en patience, ni la FNTR qui vit à nos dépens, ni l'UGTA, sa patronne, devenue parti soutenant un programme politique au détriment du reste qui est sa raison d'être, ni les députés et sénateurs qui ont pour devise nefsi nefsi et en qui vous avez mis votre confiance, ni les cinq candidats à l'élection présidentielle qui ne voient que ce qu'ils se proposent de faire avec une évidence pour les gains familiaux et claniques, ni les délégués du sixième détenteurs de tous les robinets d'arrêt à sens unique descendant. En effet, pas un des candidats ou intérimaires-délégués n'a eu l'obligeance, ni par politesse ni par éducation professionnelle, de prononcer un seul mot de réconfort pour ces indigents nécessiteux qui manque du nécessaire même, pourtant, ils ont le droit de bénéficier d'une part des richesses du sol et du sous-sol de leur pays, de surcroît, producteur de pétrole dont le baril se négocie à plus de 100 dollars US. Ce ne sont pas les retraités qui sont le gouffre budgétivore, le problème de l'Algérie n'est pas financier mais un problème d'hommes. Oui, chez nous la préférence est donnée aux dépenses productives de voix, non de richesses, ou encore, pour faire taire les actifs tous secteurs confondus pouvant bloquer les administrations, l'éducation nationale, la santé, l'industrie et le reste qui créent des situations embarrassantes, donc gênantes, il ne faut pas lésiner sur les moyens financiers kayene el khir el hamdoulillah, atilhoum bach yessouktou (il y a les moyens grâce à Dieu, donnez-leur pour qu'ils se taisent). Je ne veux pas citer le vrai gouffre tourbillon avaleur de deniers publics. Je me rappelle un jour, feu le président Boumediène, Allah yarahmou, avait dit : «Si chaque Algérien économisait 10 g de pain par jour soit (10 x 365 x 37 000 000) le pays gagnerait, actuellement, 13 550 tonnes. Le franc français ne valait que 0,66 DA et que l'Algérien se permettait de passer ses vacances en France. «Messieurs les tenants du pouvoir qui vivez dans une bulle d'air» Ouallah y a khaouti, depuis 2003, date de ma mise à la retraite, je continue de constater que les services des finances calculent au centime près l'incidence pour la couverture de la soi-disant revalorisation qui, en vérité, n'est qu'une aumône offerte à un mendiant, alors que les retraités n'ont jamais, à ma connaissance, tendu la main, ils ont leur fierté, leur dignité et satisfaits d'avoir participé à la grande édification de notre cher pays en travaillant dans des conditions très pénibles pour le remettre, informatisé et avec le Net, sur un plateau non pas d'argent mais d'or, à ceux qui méprisent aujourd'hui ces laissés-pour-compte sans reconnaître la grandeur de leur œuvre et surtout la douceur du fruit qu'il savourent actuellement. Croyez et faites ce que bon vous semble, messieurs les tenants du pouvoir qui vivez dans une bulle d'air avec des avantages inimaginables et en prime une oxygène spéciale sans influence de la couche d'ozone d'où les retraités puisent l'air qu'ils respirent. Mesdames et messieurs les parlementaires, censés représenter ceux qui ont mis leur confiance en vous et que vous avez délaissés à votre profit, mesdames et messieurs les chefs de partis, continuez de vivre sur le dos du peuple et celui de vos militants en hibernant puis en ressuscitant à chaque présidentielle et ainsi de suite, tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir. Noumou ! noumou ! messieurs de l'UGTA, votre mission, je pense, consiste à défendre les intérêts communs des travailleurs (actifs et ceux qui les ont précédés), qu'en est-il en dehors de vos intérêts propres en qualité de rentiers éternels? Je proposerai à l'Etat de concevoir un statut particulier et de vous intégrer au statut général de la Fonction publique puisque votre carrière est à vie. Messieurs et mesdames les membres du conseil d'administration de la CNR qui décidez du taux de revalorisation des pensions, c'est de la fumisterie dont on ne peut être fiers, car c'est que les retraités font l'objet de moquerie de votre part, pour un taux pareil qui se chiffre en centaines de dinars seulement et que le pouvoir d'achat galope en milliers de dinars. De même, l'injustice vécue par ces gêneurs par rapport aux travailleurs actifs, tant mieux pour eux, qui ont bénéficié d'augmentations dont eux-mêmes ne s'attendaient pas. Pourquoi cette politique des deux poids, deux mesures ? Messieurs de la FNTR bravo ââlikoum ! Votre existence à la fédération n'est ni justifiée ni justifiable, vous occupez les lieux sans résultat aucun, profitez du soleil avant qu'il ne pleuve de très gros tebrouri ! «Les retraités ne demandent pas à s'enrichir» Je ne saurais terminer ma lettre sans dire que je compare notre pays à un grand chêne où le peuple est le tronc et tous les hauts responsables (les décideurs et leurs assistants, les parlementaires des deux Chambres, les chefs de partis politiques, l'exécutif de l'UGTA et le secrétariat de la FNTR) ne sont que les feuilles qui verdissent au printemps et tombent en automne dont une partie s'envole dans les airs au gré des vents vers l'inconnu, et l'autre se colle au sol, là viendront les balayeurs avec leurs râteaux nettoyer la place en les jetant aux endroits invisibles sans que personne se rappelle de leur ombre. Il en est de même pour les juristes qui légifèrent et pondent des textes sur mesure uniquement dans le sens de bénéficier du plus gros morceau. Les retraités n'ont été pour l'ensemble des élus qu'un réservoir de voix qui a servi à leur promotion par les urnes à leur entière satisfaction. Les 2 500 000 âmes propres, honnêtes et naïves, ont servi le pays avec dévouement, amour et abnégation souvent en hypothéquant leur santé, beaucoup en sont morts pour que vive l'Algérie ma kamrouch biha. Ces êtres qui n'attendaient qu'un geste honorable que méritent leur foi et leur dignité pour une fin de vie à l'abri des besoins minimes. Sah, les retraités ne demandent pas à s'enrichir mais refusent d'être miséreux dans leur patrie. Aux yeux des autres peuples, nous sommes des Saoudiens ou Qataris compte tenu de nos richesses, alors qu'elles ne profitent qu'à ceux qui vivent dans les cieux supérieurs. Seuls les gens qui ont fait hommage à un chef dont ils ont reçu pas mal de choses et continuent de recevoir, à qui ils doivent divers autres services sont les bénéficiaires des élections, on ne court pas, on ne s'égosille pas comme des zaghratète gratuitement, les retraités n'attendent plus rien de vous, seulement par correction n'oubliez pas que ces gens ont participé à votre promotion. Même si les retraités côtoient les jeunes et occupent les trottoirs pour lire leur journal ou font la chaîne avant l'ouverture des bureaux de poste, leurs honneur et dignité sont intacts et préservés n'en déplaisent à ceux qui les privent et éprouvent de l'aversion pour eux, malgré qu'on peut faire la comparaison entre le comportement professionnel et disciplinaire de notre temps et l'actuel, l'engagement vis-à-vis de la chose publique dans le passé et maintenant. Retraités, il est vain de parler ou faire des appels à qui ? (On dit souvent que les chiens aboient, la caravane passe). Il est tard pour nous de manifester. L'insensibilité aux difficultés d'autrui complétée par la surdité des responsables se traduit par la privation rendant la vie ce qu'elle est. Puisqu'on est appelé à vivre ensemble, le proverbe dit : le seul couple qui réussit est celui qui unit un homme sourd à une femme aveugle et muette). Alors résignons-nous et remettons nos doléances à notre CÒ‹réateur ! Ammari Ali, retraité, El-Affroun