La revalorisation annuelle des pensions de retraite pour 2013 n'a toujours pas été annoncée : le ministre en charge des retraites prend tout son temps, alors que la date du 1er mai est passée depuis une semaine maintenant. La FNTR direction nationale semble aux abonnés absents : ici et là, les retraités demandent que leurs revendications soient effectivement et rapidement prises en charge. La colère gronde du côté des retraités de Annaba, dont nos confrères d'El Watan se sont fait l'écho récemment : «Les retraités mettent en garde le gouvernement quant à la ‘‘négligence'' de leurs revendications. Ils estiment avoir ‘‘une force dormante'' qui pourrait faire mal.» Les retraités, près de 2,5 millions, sont en colère. Subissant de plein fouet l'inflation galopante, ils réclament, eux aussi, une revalorisation conséquente de leurs pensions selon le même rythme. Si au niveau d'Alger, les membres de la FNTR semblent être aux abonnés absents, le bureau FNTR de Annaba hausse le ton et interpelle, dans un communiqué de presse, le gouvernement d'Abdelmalek Sellal. Les retraités trouvent ainsi inconcevable de laisser des pensions au même niveau (ou presque) qu'il y a vingt ou trente ans. Selon eux, la revalorisation annuelle de 7% à 10% reste insignifiante tant la pension de retraite elle-même est un niveau «moyenâgeux». Autrement dit, il a encore des centaines de milliers de retraités qui perçoivent des pensions de moins de 10 000 DA, alors que le Salaire national minimum garanti (SNMG) est fixé à 18 000 DA. «L'inflation galopante est sans réaction des pouvoirs publics, générée par les importantes augmentations (50% à 80%) consenties aux actifs dans l'objectif de calmer le front social avec rappel de 2008, a lourdement pénalisé le pouvoir d'achat des retraités qui n'aspirent qu'à finir le restant de leur vie dans la dignité et la reconnaissance», écrit le bureau FNTR de Annaba. Ils mettent en garde le gouvernement Pour ces retraités syndiqués, «ignorer la situation précaire de la population des retraités conduit inévitablement à son soulèvement, c'est une force dormante. Elle observe et ne rate rien des gros problèmes de gaspillage, de corruption, de concussion et des détournements des deniers publics par de hauts responsables qui font la une de la presse au quotidien». Ils mettent ainsi en garde le gouvernement qui, semble-t-il, néglige cette catégorie en ce sens qu'elle ne risque pas de bloquer tel ou tel secteur d'activité. Pour eux, il est inadmissible que de hauts responsables disposent comme ils le veulent des deniers publics et que les retraités continuent de «souffrir le martyre» pour subvenir à leurs besoins élémentaires et ceux de leurs familles. Ils n'ont plus de vie décente, acculés dans les derniers retranchements de la dignité et maintenus malgré eux dans une situation peu reluisante, dans la misère et la décrépitude. Par cette sortie médiatique, ils espèrent attirer l'attention du Premier ministre afin qu'il instruise les instances concernées de revaloriser les pensions des malheureux retraités. Plus exactement, ils demandent une augmentation de 20% avec relèvement de la majoration pour conjoint à charge à 3 500 DA, afin de diminuer un tant soit peu l'impact de l'inflation sur leur pouvoir d'achat totalement érodé. Les retraités appuient leur revendication par l'état de santé financière dont jouit la Caisse nationale des retraites (CNR) qui peut, d'après eux, supporter une telle revalorisation. Ils dénoncent, par ailleurs, et avec véhémence, «l'inégalité, l'injustice et le trabendisme politique qui gangrènent le pays», appelant à un partage équitable des richesses. Les retraités demandent également l'ouverture de négociations sur la plateforme de revendications remise au gouvernement en septembre 2011. Ils regrettent par là même que les promesses du gouvernement n'aient pas été tenues. Le chef de l'Etat, lui-même, s'était engagé en 2010 à revaloriser conséquemment les pensions des retraités et à les ramener à un niveau égal ou supérieur à 10 000 DA. Il est à rappeler que près de 900 000 retraités perçoivent toujours des pensions inférieures à ce seuil. C'est dire que la «générosité présidentielle » n'a pas été, cette fois-ci, au rendez-vous. Est-ce que les retraités de Annaba seront entendus ?