Abdelaziz Bouteflika ne s'est pas content� d'une simple allocution de circonstance, hier, au Palais des Nations, lors de l'ouverture officielle du 10�me congr�s de l'Organisation nationale des Moudjahidine. Le pr�sident de la R�publique a prononc� un v�ritable discours sur l'�tat actuel et le devenir de la Nation. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - L'Alg�rie serait-elle � un tournant de son histoire ? Oui, a en croire le Chef de l'Etat qui a clairement annonc�, hier, devant un parterre d'anciens combattants, de hautes personnalit�s militaires, politiques et historiques que plus aucun responsable ne pourrait se pr�valoir, � l'avenir, de la l�gitimit� r�volutionnaire dans l'exercice du pouvoir. "Il est temps de lever la tutelle sur le peuple. La p�riode de la l�gitimit� r�volutionnaire qui a dur� 50 ans est suffisante pour rendre la souverainet� au peuple", a-t-il d�clar� du haut de la tribune du Palais des Nations. Une phrase lourde de sens lanc�e � la face de la famille r�volutionnaire, gardienne de la m�moire collective, et de l'ensemble de l'establishment politique et militaire. Une sentence hautement symbolique puisque Abdelaziz Bouteflika l'a prof�r�e devant l'ancien pr�sident de la R�publique, Chadli Bendjedid, figure embl�matique de cette l�gitimit� historique. Cette d�cision �branle �galement le parti du FLN, garant de l'esprit de Novembre. Et dans cette vision du Chef de l'Etat, l'Organisation des Moudjahidine ne se consacrera qu'� l'�criture de l'histoire. Idem pour celle des enfants de chouhadas. Pas de changement de la carte politique sans stabilit� Abdelaziz Bouteflika compte redonner plein pouvoir au peuple, notamment pour son projet d'amnistie nationale. Mais il n'en dira pas plus. Bouteflika �vitera de faire allusion � un quelconque r�f�rendum populaire pour consacrer cette amnistie dont les b�n�ficiaires seront les terroristes. Cat�gorique, il d�clarera qu'il ne sera pas question de revoir "la carte politique" tant que "la paix, la stabilit� et la s�curit� n'auront pas �t� r�tablies." Le message est clair : aucun parti politique ne sera l�galis� tant que l'Alg�rie ne sera pas un havre de paix. En fait, depuis son �lection en 1999, seuls le MRN de Abdallah Djaballah et l'UDR de Amara Benyounes, consid�r� comme proche d'El Mouradia, ont re�u l'aval du minist�re de l'Int�rieur. Abdeklaziz Bouteflika r�it�rera � l'occasion ses " recommandations" envers la presse ind�pendante. "Nous sommes pour une libert� d'expression constructive et objective. La libert� d'expression tout comme la d�mocratie font partie de la culture civilisationelle." Une vertu que le peuple alg�rien semble ne pas encore avoir assimil�e, puisqu'il consid�re que l'Alg�rie est en phase d'apprentissage. Bouteflika force la main � Sidi Sa�d Mais c'est en abordant la situation �conomique que le Chef de l'Etat surprendra l'auditoire. Laissant clairement entendre que les r�formes sont in�vitables, il s'adressera ensuite � Abdelmadjid Sidi Sa�d, secr�taire g�n�ral de l'UGTA, assis parmi l'assistance pour le prendre � t�moin. "Vous souvenezvous de l'�pisode de la privatisation du complexe sid�rurgique d'El Hadjar et des appr�hensions que vous aviez au sujet du devenir de ses travailleurs ? Reconnaissez que la solution ISPAT a port� ses fruits puisque la productivit� a augment� et de nouveaux travailleurs ont �t� recrut�s." Pris de cours, le patron de la Centrale syndicale n'aura qu'� opiner du chef. Il acquiescera �galement lorsque Abdelaziz Bouteflika annoncera l'obligation de privatiser le secteur public. Conscient de l'impact social d'une telle d�cision, il ne manquera pas de pr�ciser que "la solidarit� nationale ne sera pas oubli�e." Apr�s la fin de la l�gitimit� r�volutionnaire, le locataire du Palais d'El Mouradia compte ainsi mettre fin aux derniers "stigmates" de l'�conomie socialiste.