Avec Lionel Messi, Neymar et Cristiano Ronaldo, le championnat d'Espagne possède probablement les meilleurs manieurs de ballon de la planète football. C'est pourtant vers un autre joueur qu'il faut se tourner pour connaître le ratio le plus élevé de la Liga en matière de dribble : Yacine Brahimi. Avec 152 dribbles réussis sur 319 tentés au dernier comptage, en avril, le milieu de terrain algérien de Grenade a explosé les statistiques cette saison. «C'est quelque chose que j'aime faire depuis que je suis tout petit. Je me suis toujours délecté des joueurs techniques, capables d'éliminer leur vis-à-vis d'un seul geste. J'ai passé beaucoup de temps à regarder des vidéos de joueurs comme Ronaldinho ou Zinedine Zidane et à tenter de reproduire leurs gestes dans les matches improvisés que nous organisions avec les copains du quartier», explique l'intéressé au micro de Fifa.com. «Ce sont eux qui m'ont donné l'envie de jouer au football et m'ont poussé à travailler ma technique». Tout commence vraiment à l'INF Clairefontaine pour ce natif de Paris. Dans cette pépinière de jeunes talents qui a vu passer Thierry Henry, William Gallas ou Nicolas Anelka, le jeune Yacine fait ses classes avant de tenter sa chance au Paris-Saint-Germain et de faire ses véritables débuts professionnels au Stade Rennais. Il y passe quatre années (52 matches, neuf buts), entrecoupées d'un prêt à Clermont en Division 2, et y décroche ses premières sélections en... équipe de France espoirs. Il décide toutefois de quitter l'Hexagone pour l'Espagne et Grenade en 2012 : «Je voulais rebondir. Je sortais d'une saison en demi-teinte avec Rennes. J'avais peu joué à cause de blessures. Grenade était la meilleure destination pour me relancer», résume-t-il. Auteur d'une première saison prometteuse chez les Filipinos, le milieu offensif de poche (1m72, 65 kg) convainc ses dirigeants de lever l'option d'achat qui le concernait à l'aube de l'exercice 2013/14. Ils ne le regretteront pas. La deuxième année est celle de la confirmation : Brahimi (trois buts, trois passes décisives) devient l'un des chouchous de l'Estadio Nuevo Los Cármenes, contribuant grandement à pérenniser le club dans l'élite espagnole. Il est notamment l'unique buteur lors du match décisif dans la course au maintien, face au FC Barcelone, en avril dernier. Des Bleuets aux Verts «Je suis très heureux ici», poursuit-il. «C'est un football plus technique qui correspond davantage à mes caractéristiques. Puis l'Andalousie est une superbe région où il fait bon vivre...» Et qui n'est éloignée que de quelques centaines de kilomètres de son pays d'origine, l'Algérie. Une nation dont il a finalement choisi de porter les couleurs, en 2013 : «C'est là où sont mes racines : mon père y est né. C'est une grande fierté de représenter ce peuple. On a la chance d'avoir des supporteurs extraordinaires, qui savent te rappeler l'importance que revêt de porter ce maillot.» Avec quatre matches au compteur chez les Fennecs, Brahimi ne les a jamais déçus. Sans surprise, son sélectionneur Vahid Halilhodzic l'a convoqué dans un groupe de 30 appelé dans quelques jours à être réduit à 23. «Participer à une Coupe du monde est un rêve d'enfant. Le fait qu'elle soit organisée au Brésil est un summum. C'est le pays du football», rêve-t-il avant de se reprendre : «Je n'y suis pas encore ! Faire partie des joueurs sélectionnables est déjà une très grande satisfaction. Et quels que soient les joueurs, l'équipe devra donner le maximum. Le peuple algérien est aussi fier qu'exigeant. L'équipe a des responsabilités, elle devra les assumer.» Les passements de jambes, crochets et autres gris-gris de Brahimi pourraient être des armes redoutables pour les Fennecs, à l'heure d'affronter les adversaires du Groupe H, «une poule compliquée avec une excellente équipe de Belgique et deux grands habitués de l'évènement» que sont la Russie et la République de Corée. «Alors les dribbles, c'est bien. Mais l'objectif, c'est surtout d'être décisif !», conclut-il.