C'est un huis clos de rigueur que les Américains ont imposé, hier, au séminaire sur «les menaces transnationales en Afrique du Nord», organisé au Sheraton conjointement par le NESA Center For Strategic Studies et ministère algérien des Affaires étrangères. La presse, pourtant dûment invitée à couvrir les travaux du conclave, n'aura eu droit qu'à écouter l'intervention liminaire lue au nom de Ramtane Lamamra par le directeur général Amériques au MAE, Ahcène Boukhalfa. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Les Américains ont été particulièrement scrupuleux quant à réunir le séminaire loin de la curiosité médiatique, légitimement suscitée par le générique du thème objet de débats entre experts américains et des 6 pays du Maghreb. Aux journalistes présents sur les lieux, ils ne laisseront même pas la possibilité d'approcher les séminaristes au moment des pauses-café. Que pourraient bien dire les experts conviés à se pencher sur la question de la sécurité en Afrique du Nord qui ne devait pas être porté à la connaissance du large public pour voir les Américains agir de la sorte ? On ne sait. A moins que, dans la compréhension américaine, le séminaire en question ne devra en définitive que servir à l'élaboration de leurs fiches de synthèses et de recommandations exclusivement destinées aux institutions des Etats concernés par la problématique soulevée. Cela dit, le prélude aux panels qui vont se pencher durant trois jours sur la question de «la menace transnationale en Afrique du Nord» dévoile toute l'importance du séminaire. Dans son allocution, prononcée au nom de Ramtane Lamamra, le directeur général Amériques au ministère des Affaires étrangères, Ahcène Boukhalfa, est revenu sur les incidences du «Printemps arabe» sur la sécurité dans la région. «Ce qui est communément appelé le printemps arabe a permis aux groupes terroristes locaux d'accroître leur influence idéologique et leur force matérielle, aggravant l'ampleur des défis à relever», a-t-il souligné, ajoutant que «les menaces terroristes sont devenues plus complexes et transnationales, notamment en Afrique du Nord et dans la région du Sahel avec tous les enchevêtrements liés au crime organisé». Pour le représentant du ministère des Affaires étrangères, la situation en Libye a généré des conséquences sur toute la région. «Aujourd'hui, le nouveau front d'instabilité lié à la situation libyenne a eu des répercussions régionales qui étaient prévisibles et contre lesquelles l'Algérie avait mis en garde», a-t-il indiqué, poursuivant que «la zone d'insécurité s'est élargie à l'ensemble de l'Afrique du Nord, du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest où prospèrent des activités criminelles et terroristes». Selon Ahcène Boukhalfa, les conséquences directes de la guerre en Libye se sont manifestées notamment par le flux de tous types d'armes en grand nombre en Afrique du Nord comme au Sahel. «Devant l'absence d'alternatives économiques, notamment pour les jeunes, l'Afrique subsaharienne est devenue une série de zones de non-droit où tous les trafics ont droit de cité.» Ceci avant de plaider pour un effort de la communauté internationale à aider au développement des pays subsahariens. Le représentant du MAE a réitéré la position algérienne quant à l'impératif de dialogues inclusifs dans les pays vivant des situations sécuritaires délicates. «La relocalisation des réseaux d'Al-Qaïda en Afrique et l'extension des activités de Boko Haram jusqu'en Afrique centrale nous interpellent à propos de la vulnérabilité des Etats subsahariens, d'où l'urgence de l'évaluation réelle de la menace et d'une prise en charge effective et soutenue des besoins des Etats et des populations de la région».