De nos envoyés spéciaux, M. Bouchama, A. Andaloussi et S. Sid Les Diables rouges renversent les Fennecs. C'était mardi sur la pelouse de l'Estadio de Mineirao de Belo Horizonte à l'issue d'un match stressant. Pesant sur le mental des Algériens, mais aussi celui des Belges. Que doit-on retenir de cette première confrontation algéro-belge en Coupe du monde ? Beaucoup d'enseignements, un zeste de regrets et un tantinet de fierté de l'état d'esprit qui a prévalu durant ces débats parfois hors normes. Marc Wilmots, qui avait certainement suivi en coulisses le point de presse de son homologue algérien, en dit quelque chose lorsque son tour viendra de passer sur l'estrade des conférences du temple de Belo Horizonte. «Mes joueurs étaient très stressés, très tendus», disait-il à l'entame de sa conférence. «Et les circonstances ne les ont pas aidés. On a joué contre un mur, une équipe qui refuse le combat. Il ne fallait pas se précipiter. Après leur but, ils ont logiquement encore plus bétonné. Mais en fin de compte, on a réussi à se montrer patient avant de profiter de la fatigue des Algériens.» Analyse conforme à la philosophie du Belge qui avait cru, à l'heure du match, que la partie était perdue. Pour de bon. Lui qui accélérera les changements, les uns après les autres. Trois en moins d'un quart d'heure. Avec comme premier objectif de profiter de l'usure provoquée par les athlétiques Chadli et Lukaku. En incorporant consécutivement Mertens, Origi et Felaini, Marc Wilmots savait que «le coup devenait jouable». Son vis-à-vis cherchait à gérer une situation compliquée dès lors que le milieu n'arrivait pas à contenir la pression, se rangeant sur le mur déjà effiloché constitué autour de Halliche et Bougherra. Le premier a vu Felaini sauter et marquer et le second a perdu sa course face à la fusée Mertens. Le match Belgique-Algérie de ce mardi 17 juin 2014, pour le compte de la première journée du premier tour du Mondial (groupe H), se résume, en somme, à ces faits que le but de Feghouli, historique de par le fait qu'il intervient 28 ans après le dernière réalisation algérienne en phase finale de la Fifa Cup, n'a pu éviter. Quoi qu'on dise Halilhodzic qui croyait avoir fait le plus dur quand le Valencien transformait le penalty sifflé par le Mexicain Marcos Rodriguez. Système défensif et choix individuels hasardeux Le Bosnien a beau affirmer que lui et son équipe sont passés «à côté de quelque chose de grand», il ne peut, en tout état de cause, dédire les observateurs qui confirment que si l'Algérie a perdu ce match inaugural du groupe H, elle le doit surtout à une «incroyable erreur de coaching». Rappel des principaux propos tenus par Coach Vahid lors de son point de presse. Premier aveu : «On a trop subi en deuxième période. On a laissé les Belges produire trop de jeu. Sur le premier but, on a fait preuve de naïveté», dira l'ancien driver du PSG. Halilhodzic ne savait peut-être pas que les Belges constituaient une équipe joueuse, mais il pouvait au moins connaître combien de temps son système, et les joueurs choisis pour l'appliquer, allait tenir. 70 minutes, pas une de plus avant que le mur ne cède devant le trop-plein de recul. Deuxième aveu qui confirme le premier : «On a laissé les Belges jouer. On n'a pas assez couru. Les joueurs ne pensaient peut-être pas que les Belges seraient capables de marquer. Physiquement, on était moins bien. Les Belges ont marqué grâce à des joueurs qui venaient de monter au jeu, ils étaient frais.» L'aspect physique, s'il dépend de l'état psychique, ne doit pas se défaire d'une préparation méticuleuse. Depuis le premier jour de stage préparatoire de cette Coupe du monde au CTN de la FAF à Sidi Moussa, Halilhodzic et ses staffs «ont fait travailler comme des fous» leurs poulains. A telle enseigne que certains, comme Feghouli, le buteur du jour, s'est plaint publiquement de cet inexpliqué dosage. Là aussi, lors de la conférence de presse, Coach Vahid donne l'impression de ne rien savoir. «Je ne sais pas. Beaucoup de joueurs avaient des crampes. On a perdu la maîtrise donc on courait moins intelligemment. Mais je ne peux accabler mes joueurs, ils ont tout donné et nous avons joué en équipe comme je l'avais demandé», admet celui qui relativise l'échec en envoyant ses pourfendeurs à la taille de l'adversaire et sa composante. «Nous sommes tombés sur une des meilleures équipes d'Europe. Felaini est un des meilleurs joueurs de tête d'Europe. Il a apporté beaucoup, notamment dans l'impact physique. Il a tellement dominé son sujet sur les ballons aériens que mes joueurs étaient incapables de s'opposer à lui. C'est un joueur extraordinaire qui a fait basculer le match.» Quelques faits têtus Le Bosnien ne dit pas, là non plus, pourquoi son team n'a pu s'opposer au jeu de Van Buyten, Kompany et autre Alderweireld dont la taille n'est pas si loin de celle du médian de Manchester United. Peut-être une erreur de casting lorsqu'il décidera, au tout dernier moment de faire sortir Cadamuro pour réintégrer Halliche dans l'axe aux côtés de Bougherra... Pis, et les statistiques du match sont têtues à ce sujet, le jeu des Verts manquait d'un élément sur lequel Halilhodzic a bâti sa thèse pour expliquer les progrès de son équipe. Les Diables rouges, où Kevin De Bruyne a été choisi «Homme du match» par le site officiel de la Fifa, ont adressé 494 passes réussies contre seulement 175 pour les Algériens. A lui seul, le milieu défensif de Wolfsburg a réussi 56 passes dont une sur le but victorieux de Mertens. Peut-être que son adjoint, Brixi (chargé des chiffres et des codes à déchiffrer) a fait une autre comptabilité mais 175 passes dans un match auraient été forcément exécutées par une sélection nationale dont l'effectif serait puisé du championnat national de ligue 1. Une précision de taille : la moyenne de passes par match, selon la Fifa, est de 399 par équipe. Sans commentaire. Halilhodzic, absorbé par la pression du match, n'a rien senti. Lui qui croyait à la mi-temps que son équipe pouvait «réussir quelque chose». Et d'avouer que «pour créer un exploit, il ne faut pas avoir peur d'aller jusqu'au bout. Or, en deuxième période, certains joueurs ont eu peur. Ils avaient l'occasion d'avancer mais ils s'arrêtaient, par peur d'aller vers l'avant. Il ne fallait pas se contenter de défendre». Plus qu'un aveu d'échec ?