Le 14 juillet 1953, un drame terrible s'est déroulé en plein Paris. Au moment de la dislocation d'une manifestation en l'honneur de la Révolution française, la police parisienne a chargé un cortège de manifestants algériens. Sept personnes (six Algériens et un Français) ont été tuées et 126 autres manifestants ont été blessés dont plus de quarante par balle. Un vrai carnage. Cette histoire est quasiment inconnue. Pratiquement, personne n'est au courant de son existence. Comme si une page d'histoire avait été déchirée et mise à la poubelle. En France comme en Algérie. Ce film est l'histoire d'une longue enquête contre l'amnésie. Enquête au jour le jour, pour retrouver des témoins, pour faire parler les historiens, pour reprendre les informations dans les journaux de l'époque, dans les archives et autres centres de documentation afin de reconstituer au mieux le déroulement de ce drame mais aussi pour comprendre comment ce mensonge d'Etat a si bien fonctionné. Avant que les derniers témoins ne disparaissent, il est temps que l'histoire de ce massacre sorte de l'oubli. De ce fait, une avant-première de la projection du film Les balles du 14 juillet 1953 sera organisée par le maire du 2e arrondissement à Paris, les Ateliers du réel, et Daniel Kupferstein (auteur du film). Elle aura lieu le 8 juillet, à 19h30, à la salle Jean-Dame à Paris 2e, et sera suivie d'un petit débat avec des témoins et historiens qui seront invités pour la circonstance. Notons que le film documentaire historique a été réalisé par le cinéaste Daniel Kupferstein, qui a séjourné à Béjaïa, Ghazaouet, Nedroma, Aïn-Sefra et Tiout, d'où il a recueilli des témoignages des familles et des proches des disparus et des blessés lors des émeutes du 14 juillet 1953. Revenons sur ce qui s'est passé un certain 14 juillet 1953. Alors que Paris célébrait la fête nationale dans une saine ambiance populaire et dans la joie traditionnelle, de sanglantes échauffourées se sont produites place de la Nation. «2 000 Nord-Africains défilant devant l'état-major communiste à la place de la Nation déclenchent une échauffourée. Pour se dégager, le service d'ordre doit faire usage de ses armes. Bilan : sept personnes ont été tuées, et 126 autres, dont plusieurs gravement atteintes, ont été transportées à la hâte dans les hôpitaux. «Sinistre bilan», indique-t-on. Parmi les sept morts le défunt Daoui Larbi, né en 1924 à Aïn-Sefra tué par balle. Son enterrement a eu lieu dans son village natal le 21 juillet 1953. La cérémonie de sépulture a été faite sous haute sécurité française, selon le rite musulman. Le cercueil était couvert du drapeau algérien. M. Kupferstein, qui a séjourné à Aïn-Sefra à la fin du mois d'août 2012, a recueilli toutes les informations nécessaires de la famille du défunt, notamment son frère, ses cousins et les militants PPA d'alors, et s'est rendu sur la tombe du chahid. Satisfait donc, de sa mission, Daniel regrette que de telles figures soient «oubliées» par les pouvoirs. Certes, aucune date commémorative, ni une baptisation en son nom, pas une place, pas une ruelle, ni pont, ni établissement scolaire, peut-être que ce film réhabilitera tous ceux qui ont consacré leur vie pour l'indépendance de l'Algérie.