L'éditorial de la revue El Djeïch est une nouvelle fois consacré à la question de la «non-implication» de l'Armée nationale populaire dans le champ politique. Une énième réaction de l'état-major aux déclarations de l'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Colonel à la retraite et ancien chef de l'exécutif sous Chadli Bendjedid, Mouloud Hamrouche est la personnalité politique qui fait le plus réagir l'état-major de l'Armée nationale populaire. Dans son édition du mois de juillet, la revue El Djeïch a consacré son éditorial à l'épineuse question de l'intervention de l'institution militaire dans le champ politique. «Aujourd'hui, un quart de siècle après l'avènement du pluralisme et son retrait définitif de la scène politique, l'ANP s'est pleinement consacrée à l'édification d'une armée moderne et professionnelle, veillant instamment à se prémunir de toutes sensibilités et calculs politiques», lit-on dans cet édito non signé. «L'accomplissement de ces missions, en toute loyauté, requiert de se conformer rigoureusement à ce que dicte le devoir légal, comme il exige d'avoir conscience que la préservation de l'image et de la place de l'ANP, ainsi que sa non-implication dans des questions qui ne la concernent pas et qui n'ont aucun lien avec ses missions et engagements, constituent un devoir national qui lui est dicté par l'intérêt suprême de l'Etat et que lui imposent les impératifs de garantir son avenir, de défendre ses frontières, de préserver sa souveraineté nationale, de réunir les conditions de sa sécurité et de renforcer sa sécurité nationale». L'éditorialiste a précisé également que l'ANP «demeurera le bras protecteur de l'Algérie et le garant de sa nature républicaine». Bien que n'étant pas cité nommément par la revue El Djeïch, Mouloud Hamrouche est directement concerné par cette mise au point puisqu'il reste l'unique personnalité politique à évoquer la nécessité de l'implication de l'armée dans le champ politique. L'ancien chef du gouvernement a d'ailleurs multiplié les sorties médiatiques ces dernières semaines. «Toute construction de la solution (de sortie de crise) ne peut se faire sans l'armée. Seule l'armée peut assurer la sécurité du pays en ce moment. L'armée doit accompagner le processus», a indiqué vendredi, Mouloud Hamrouche, lors d'une conférence animée à Constantine. Il a cependant estimé cependant que l'ANP «ne peut être la base politico-sociale du pouvoir». Fin juin, à Tizi-Ouzou, il tenait un discours identique : «Je ne demande pas à l'institution militaire d'engager des réformes, mais cherchons ensemble les voies et moyens pour aller vers cet objectif de réhabilitation de l'Etat.» Des propos qui avaient provoqué une réaction instantanée du vice-ministre de la Défense. «J'ai souligné plus d'une fois que l'ANP, digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN), demeurera garante de la sécurité du pays, préservatrice de son caractère républicain, attachée à ses missions constitutionnelles et guidée, dans cela, par les instructions et les orientations de Son Excellence M. le Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, tout en veillant à se maintenir à l'écart de toute sensibilité ou calcul politique», avait déclaré le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. Et il est fort à parier que ce ne sera pas la dernière réaction du chef d'état-major, Mouloud Hamrouche n'étant pas prêt à se taire.