Des combattants kurdes, appuyés par des raids américains, poursuivaient hier leur offensive contre les jihadistes dans le nord de l'Irak après avoir repris le contrôle du plus grand barrage du pays et infligé à l'Etat islamique (EI) son plus important revers. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont, pour leur part, affiché leur détermination à aider le gouvernement irakien à combattre les jihadistes. Les insurgés sunnites, menés par l'EI, ont lancé le 9 juin une offensive au nord de Baghdad, qui s'est étendue début août dans le nord du pays, face à une armée irakienne impuissante à freiner leur avancée. L'EI est également sous le feu en Syrie, où le régime de Damas a mené dimanche et lundi des dizaines de raids contre des positions des extrémistes dans le nord et l'est du pays. L'EI a déclaré avoir établi un califat à cheval sur des territoires situés en Irak et en Syrie où il affronte à la fois le régime et les rebelles. En Irak, des combats se déroulaient hier au sud du barrage de Mossoul, alors que des équipes d'experts parcouraient le site du barrage à la recherche d'engins explosifs qui y auraient été laissés par les jihadistes, a indiqué Kawa Khatari, un responsable du plus important parti kurde. Le porte-parole irakien pour la sécurité, le général Qassem Atta, a affirmé que le barrage avait été totalement repris lors d'une opération conjointe menée par «des forces anti-terroristes et des peshmergas avec un soutien aérien». Il a ajouté, à la télévision d'Etat, qu'après la prise par les peshmergas (forces kurdes) du barrage, situé à 50 km de Mossoul, place forte des insurgés en Irak, les combats se poursuivaient dans des installations connexes et notamment dans une zone résidentielle. Les combattants kurdes d'Irak, de Syrie et de Turquie ont uni leurs forces début août dans une rare alliance pour faire face aux jihadistes dont la progression fulgurante menaçait le Kurdistan irakien autonome, à l'est de Mossoul. La reprise du barrage est intervenue alors que des avions de combat américains et des drones ont mené les bombardements les plus massifs contre l'EI dans le nord de l'Irak depuis le début des raids américains le 8 août. Le commandement militaire américain qui couvre le Moyen-Orient et l'Asie centrale a indiqué que les Etats-Unis avaient mené dimanche 14 frappes aériennes près du barrage situé sur le Tigre. Le président Barack Obama a indiqué au Congrès avoir autorisé ces frappes aériennes «limitées» sur l'Irak pour soutenir les opérations des forces irakiennes et protéger les intérêts américains en Irak. «Forme nouvelle et très radicale de terrorisme» Pour sa part, le Premier ministre britannique David Cameron a estimé que les jihadistes de l'EI en Syrie et en Irak représentaient une menace directe pour le Royaume-Uni, ajoutant que son pays devait employer toutes ses «capacités militaires» pour stopper leur avancée. Son ministre de la Défense Michael Fallon a souligné que l'engagement du Royaume-Uni en Irak n'est pas seulement humanitaire et pourrait durer plusieurs mois. «Ce n'est pas simplement une mission humanitaire. Avec d'autres pays en Europe, nous sommes déterminés à faire ce que nous pouvons pour aider le gouvernement irakien à combattre cette forme nouvelle et très radicale de terrorisme promue par l'EI», a-t-il dit. Après un peu plus de deux mois de violences, les puissances occidentales, soulagées par le départ du très contesté Premier ministre Nouri al-Maliki, ont envoyé de l'aide humanitaire aux centaines de milliers de réfugiés ayant fui les jihadistes, ainsi que des armes aux forces kurdes. M. Maliki était accusé d'avoir alimenté le chaos, surtout la montée en force des jihadistes, en menant une politique autoritaire, excluant la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite. Les minorités visées Sur un autre front, les forces de sécurité irakiennes, soutenues par des milices tribales sunnites, ont repris aux jihadistes la région d'Al-Uqda, à l'ouest de Ramadi, dans la province d'Al-Anbar (ouest), a indiqué un responsable de la police, Ahmed Sadag. Dans le nord, les membres de minorités, dont les Yazidis, les chrétiens, les Shabaks et les Turcomans, sont cependant toujours menacés d'être tués ou enlevés par les jihadistes. Le 3 août, la prise par les jihadistes de la ville de Sinjar avait poussé des milliers de Yazidis, une minorité kurdophone non-musulmane, à fuir vers les montagnes ou à se réfugier dans le Kurdistan. La situation désespérée des membres de cette communauté avait déclenché un élan international pour la livraison d'aide humanitaire et participé à la décision américaine de lancer des raids aériens. Selon des groupes de défense des droits de l'Homme et des habitants, les jihadistes ont exigé des minorités religieuses dans la région de Mossoul de se convertir ou de partir, sous peine de violentes représailles, en cas de refus.