De graves violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire se sont produites durant les combats dans les villes libyennes de Tripoli et Benghazi (est) avec des conséquences désastreuses pour les civils, a constaté l'ONU dans un rapport. Le rapport de la mission de l'ONU à Tripoli (UNSMIL) et du Haut- Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme publié jeudi, évoque des «bombardements aveugles», y compris contre des hôpitaux, des enlèvements de civils, des tortures et des assassinats. Il relève que des femmes, des enfants et des étrangers, ont été victimes de ces abus entre la mi-mai et fin août, période couverte par le rapport. Les combattants «semblent ne tenir aucun compte de l'impact probable de leur action» et manquent de formation et de discipline. «Des dizaines de civils auraient été enlevés à Tripoli et Benghazi uniquement pour leur appartenance supposée ou réelle à des tribus, à des familles ou pour leur religion et sont toujours portés disparus», indique le rapport. Il appelle les parties en conflit à faire de «la protection des civils une priorité» et à «s'engager dans un dialogue politique inclusif pour construire un Etat fondé sur le respect des droits de l'Homme, la démocratie et la primauté du droit». Tripoli a connu ces dernières semaines de violents combats entre miliciens, islamistes pour la plupart, et nationalistes, pour le contrôle de l'aéroport. A Benghazi, grande ville de l'est, des affrontements quasi-quotidiens opposent les forces du général dissident Khalifa Haftar à des combattants, dont certains appartiennent à la frange djihadiste d'Ansar Asharia. «Tous les groupes armés doivent s'abstenir de violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire et en particulier de tous les actes pouvant constituer des crimes de guerre, y compris les bombardements aveugles, les assassinats, les enlèvements, les tortures et les destructions de biens», souligne le rapport. «Les dirigeants politiques ou militaires peuvent être tenus pénalement responsables, non seulement pour avoir ordonné de commettre des crimes, mais aussi pour ne pas les avoir arrêtés», avertissent les deux agences de l'ONU. Elles estiment à 100 000 le nombre de Libyens déplacés par les combats et à 150 000 personnes ceux qui ont quitté le pays, dont de nombreux travailleurs étrangers, entre la mi-mai et fin août. Les migrants sont particulièrement exposés aux violences, relève le rapport évoquant aussi le harcèlement continu et les attaques contre les journalistes par toutes les parties en conflit, dont des restrictions de mouvement, la confiscation du matériel, des enlèvements et des assassinats.