Tenant à «relativiser» les incidents survenus récemment, le P-dg d'Air Algérie indique qu'un audit de la compagnie nationale se poursuit en interne. La compagnie nationale ne devrait pas recourir à l'affrètement d'avions l'été prochain. Chérif Bennaceur – Alger (Le Soir) —Les divers incidents survenus durant les dernières semaines sur des vols de la compagnie aérienne nationale sont des «incidents mineurs qui arrivent très souvent dans l'exploitation des compagnies», assurait hier le P-dg d'Air Algérie. Invité de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale, Mohamed Salah Boultif a tenu à «relativiser» ces incidents qui « dans un temps normal, arrivent tout le temps. Ce n'est pas l'apanage d'Air Algérie». Mais dans la mesure où survenant après le «tragique accident» de l'avion affrété auprès de l'espagnole Swiftair, ces incidents font qu' «Air Algérie est sous la loupe notamment de la presse», dira M. Boultif. Rétif à établir un lien de causalité entre ces incidents et une défaillance du management global de l'entreprise, le P-dg d'Air Algérie asssurera n'avoir «jamais dit que tout est parfait» sur le volet opérationnel. «Il y a des dysfonctionnements. Des problèmes de ponctualité, d'accueil » de la clientèle, reconnait- il. Toutefois, «des efforts sont faits» et qui donnent «des résultats », relève Mohamed Boultif, en citant l'augmentation du taux de ponctualité de 50 à 60%, avec un pic à 75%, ainsi que « des améliorations » dans le traitement de l'accueil. Pour autant, le P-dg d'Air Algérie reconnait qu'un audit de la compagnie aérienne a été «demandé» par le ministère des Transports et « est en cours». «Il y a un audit qui a été demandé par le ministre des Transports et qui est en train d'être mené en interne », déclare l'hôte de la radio. Portant sur le volet opérationnel, cet audit est «le bienvenu», dira-t-il, dans la mesure où des «améliorations», des «changements », voire des sanctions sont attendues « au cas où les responsabilités seraient situées». Certes, les changements opérés à la suite du crash de l'avion de Swiftair n'étaient pas motivés par des raisons disciplinaires mais par le souci d'opérer des changements à la veille de la phase retour de la période d'été et d'assurer une coordination meilleure, précisera-t-il. Toutefois, Mohamed Boultif n'écarte pas l'éventualité d'opérer d'autre changements «sans pour autant que les gens qui changent (fassent l'objet) de sanctions ». Comme le P-dg d'Air Algérie précisera que l'affrètement de l'avion de Swiftair en particulier et l'affrètement d'avions en général obéit à des procédures, s'effectue en « toute transparence» et s'opère sur la base du moinsdisant ou mieux-disant selon les dispositions du cahier de charges. L'indemnisation est «en cours» Ce faisant, Mohamed Boultif refusera d'anticiper sur les résultats de l'enquête déclenchée suite au crash du MD 83, estimant préférable d' « attendre le rapport préliminaire qui sera présenté le 20 septembre prochain». Dans ce contexte, le patron d'Air Algérie indique que sa compagnie «s'attache à régler les actes de décès des victimes. Une question fondamentale», tandis que l'identification des familles concernées par l'indemnisation est lancée «selon la loi de chaque pays». πA ce propos, l'hôte de la Chaine III indique que le processus d'indemnisation des familles des victimes, régi par la Convention de Montréal de 1999, est «en cours». Mobilisant la CAAR et la compagnie de réassurance à l'international, ce processus se fera «en deux étapes», précise- t-il. En premier lieu, une avance intérimaire, fixée par la Convention de Montréal à 13 000 DTS (Droits de tirages spéciaux), sera versée. Le complément sera versé par la suite, selon le rapport d'accident. Ce qui pourrait «inquiéter» la concurrence L'occasion médiatique pour M. Boultif de mettre en avant les «performances assez louables» de gestion qu'enregistre Air Algérie, dont le trafic a crû de 1,5 million de passagers entre 2010 et 2013 et qui devrait enregistrer 5 millions de passagers à la fin de l'année. Une compagnie qui « se porte bien», assure son premier responsable, citant un chiffre d'affaires de l'ordre de 70 milliards de dinars en 2013. Ce qui, outre l'acquisition de 16 nouveaux appareils, la construction projetée d'un «hub» (plateforme) et le lancement d'un programme de formation de 200 pilotes, «pourrait inquiéter quelque part les compagnies concurrentes», observe le manager principal d'Air Algérie. Comme «il y a toujours des gens mécontents» au sein de la compagnie, constate-t-il, évoquant l'existence de personnes «déçues» pour n'avoir pas obtenu des postes convoités et qui cherchent à «mettre la pression». Cela étant, le programme d'acquisition de 16 appareils, d'un coût global de 60 milliards de dinars dont 11 milliards autofinancés et qui s'étalera jusqu'à la fin 2016, permettra à la compagnie d'avoir «de la flexibilité, d'avoir des avions en soupape», indique Mohamed Boultif. Ainsi, «il est possible, l'été prochain, qu'on n'affrète pas d'avions», affirme le P-dg d'Air Algérie. Et ce dans la mesure où la compagnie pourrait recevoir un ATR en décembre 2014, devrait recevoir 3 gros porteurs courant premier semestre 2015 et oeuvre à recevoir 2 Boeing 737-800 avant l'été prochain, indique l'invité radiophonique.