Les recommandations de la commission du rapport Benzaghou sont à nouveau d'actualité. Le rapport de ladite commission servira de document de base dans l'élaboration de ce que sera l'école dans quelques années. Un certain nombre des recommandations avaient été prises en compte tandis que d'autres ont été savamment ignorées tant le rapport de ladite commission avait été otage de surenchère politique. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Lorsqu'en 2002, le président de la République chargeait une commission de réfléchir à réformer le système éducatif, la décision avait relancé l'espoir de voir l'école prendre enfin le chemin de la modernité. La qualité des membres ayant été désignés dans ladite commission, la liberté de ton dont ils jouissaient mais également les termes mêmes utilisés dans la lettre de mission écrite par le premier magistrat du pays étaient source d'optimisme. Ce dernier n'aura duré qu'un court laps de temps. Lorsque la commission rendait son rapport à la présidence de la République, une année plus tard, c'est à une véritable levée de boucliers que l'opinion publique avait assisté. Avant même d'être rendu public, le rapport déchaînait les passions et réveillait les vieux démons. On reprochait à ces membres d'avoir opté pour une «occidentalisation» à outrance de l'école. C'est à couteaux tirés que les adversaires se sont «affrontés». Le Conseil des ministres avait néanmoins adopté le rapport. Qu'est-il devenu ? Il est longtemps resté au fond d'un tiroir avant que quelques-unes des mesures qui y étaient consignées ne soient mises en application. La ministre de l'Education est aujourd'hui bien décidée à dépoussiérer ce rapport pour le mettre au goût du jour. Nouria Benghebrit est formelle : elle dit avoir les coudées franches pour mener à bien la réflexion autour du devenir de l'école en respectant quatre référents dont celui du rapport de la commission Benzaghou. Dans ce cadre, dit-elle, elle a le feu vert pour agir et mener à bien une réforme qu'elle veut graduelle et surtout pas dans l'urgence qui, à ses dires, est «la pire des politiques». Son département sera-t-il à l'abri des pressions du politique ? Elle dit ne vouloir en subir aucune mais en sera-til ainsi lorsque de l'aveu même de ceux qui avaient été chargés de mener la réforme, les injonctions, les ordres et contre-ordres étaient les seuls référents. Des cadres ayant pris part à la mise en place de la réforme racontent, des années plus tard, comment c'est dans l'urgence, la précipitation et sous la pression, ils ont dû mettre à exécution des mesures qui nécessitaient une réflexion et une mise en application progressive. C'est justement ce scénario que veut éviter la ministre de l'Education. En rouvrant le rapport de la commission Bennzaghou, plusieurs chapitres principaux sont liés à la formation des formateurs, à l'apprentissage des langues et à l'éducation religieuse et civique. Ces axes sont au cœur du rapport qui avait, tout en adoptant le principe de base stipulant que la langue arabe est la langue d'enseignement, avait souligné la nécessité du système éducatif à s'ouvrir aux langues étrangères. C'est pour cette raison que ses membres avaient opté pour l'introduction progressive et plus efficace de la langue française dans les établissements au primaire et de l'anglais à partir de la première année moyenne. Il n'a jamais été question de supprimer totalement l'éducation religieuse mais le rapport avait mis l'accent sur la nécessité d'introduire des méthodes pédagogiques appropriées et adéquates à l'âge de l'enfant.