Trois mois après son triomphe mondial au Maracana, l'Allemagne est à la peine et même à la traîne dans le groupe D des qualifications à l'Euro-2016 après sa première défaite historique (2-0) samedi chez le voisin polonais. La gifle reçue à domicile contre l'Argentine (4-2) début septembre pouvait être attribuée à un match de reprise sans enjeu. La victoire à l'arrachée contre l'Ecosse (2-1) n'avait pas convaincu mais permis de débuter les qualifications sur de bons rails. Cette fois, c'est une défaite qui relègue la Mannschaft dans l'ombre de la Pologne et de l'Irlande, deux équipes à 6 points, et met fin à deux séries dans l'exercice des qualifications (européennes ou mondiales) : l'invincibilité en 33 matches depuis le faux-pas à domicile contre la République tchèque (3-0) le 17 octobre 2007 et le premier revers à l'extérieur depuis le déplacement en Turquie (1-0) le 10 octobre 1998. La vie est-elle donc plus difficile dans la peau d'un champion du monde ? Faut-il s'inquiéter pour la Mannschaft qui a, en outre, concédé sept buts en trois sorties ? Pas particulièrement, selon le sélectionneur Joachim Löw : «Malgré la défaite, la vie n'est pas plus difficile. Elle est bien plus belle qu'avant le Mondial.» Et de souligner que «chaque adversaire veut se donner encore plus face au champion du monde». D'avouer qu'il «y a plus de changements notoires après le Mondial» dans l'équipe : «Au-delà des trois retraités (Lahm, Klose et Mertesacker), l'équipe manque de quatre ou cinq joueurs-clés tels Mesut Özil, Sami Khedira et bien sûr Bastian Schweinsteiger». Pour lui, les jeunes arrivants, tels les latéraux Erik Durm et Antonio Rüdiger et le milieu défensif Christoph Kramer, qui totalisent à eux trois une moyenne d'âge de 22 ans et seulement 13 capes, «doivent profiter des deux prochaines années pour gagner de l'expérience». Les absences n'ont pas empêché la Mannschaft de dominer très nettement la partie, mais sans jamais pouvoir concrétiser cette supériorité, laissant le poids sur une défense où le retour en charnière de Mats Hummels n'a pas évité deux buts en contres. La faute au portier d'Arsenal, Wojciech Szczesny, qui a tout sorti sur sa ligne. Mais aussi à la pelletée d'occasions manquées notamment par Mario Götze, le buteur héros de la finale mondiale, Thomas Müller, l'auteur du doublé face à l'Ecosse, et Karim Bellarabi, par ailleurs excellent pour sa première sélection. «Je ne vois rien de dramatique car on a eu assez d'occasions. Il faut juste tirer les leçons de ce match. Je suis sûr qu'on saura inverser la tendance», a affirmé le sélectionneur de 54 ans, qui ne voit «pas de gros problèmes dans ces qualifications». Pas plus d'inquiétude chez Götze. «Ce n'était pas notre jour. Mardi (contre l'Irlande), on va prendre les trois points et on verra les choses différemment», a promis «Super Mario» qui, en l'absence d'Özil, doit renouer avec un rôle de stratège alors que Toni Kroos est maître du milieu défensif. Une victoire remettrait évidemment la Mannschaft sur de bons rails, d'autant que l'adversaire suivant, le 14 novembre, sera Gibraltar, un nouveau venu dans le giron européen face auquel le groupe de Löw pourra travailler sa différence de buts...