Ligue des champions d'Afrique (Finale retour) :

Ce soir (19h15) au stade Mustapha Tchaker (Blida), ES Sétif - AS Vita Club (RD Congo) Jour de gloire pour l'Aigle noir

L'heure de la vérité a sonné pour l'Entente de Sétif qui sera de nouveau au rendez-vous avec l'histoire où elle tentera d'étoffer son palmarès par un autre titre de gloire. Toute l'Algérie, tout Sétif n'attendent que ça. Le stade Mustapha-Tchaker sera, ce samedi à partir de 19h, le théâtre d'une finale «retour» inédite entre deux grandes équipes du continent africain, l'Entente de Sétif et l'AS Vita Club de la RD Congo, qui se disputeront le plus prestigieux des trophées africains mettant chacun à profit son expérience, son potentiel humain et son riche palmarès sur la scène continentale.
Cette fois, c'est le grand jour. Plus question de reculer, de débattre en boucle sur la composition d'équipe ou de la tactique à adopter. L'instant fatidique est arrivé. Celui qui fait valser les destins. Celui où le surnaturel l'emporte sur la raison. Celui où tout un club est confronté à l'un des tournants de son histoire. Ce duel des titans (ESS-Vita Club) ne ressemble à aucun autre. L'ESS a l'occasion de basculer ce samedi dans la folie d'une soirée de légende comme ce fut le cas il y a vingt-six ans, en 1988, où elle avait remporté le trophée de la coupe d'Afrique des clubs champions. Le représentant algérien partira, en effet, légèrement favori, compte tenu de l'avantage du terrain et du public, ainsi que du résultat du match aller (2-2) qui lui permettra de se contenter d'un 0-0 pour décrocher le titre. Mais chacun des deux adversaires justifie de grands arguments pour prétendre au prestigieux trophée. Tous les joueurs sétifiens sont donc d'une débordante détermination à redonner le sourire à toute une ville qui a vécu toute la semaine écoulée au rythme de la finale. Les principales artères et avenues de Sétif jusqu'à ses quartiers populaires ont porté les couleurs Noir et Blanc. Tout y était : drapeaux, banderoles et autres oriflammes. L'Entente de Sétif part aujourd'hui à la conquête d'un second titre africain. Raisonnablement, elle en a les qualités et les moyens. Restent la confiance et l'assurance qu'il faudra coûte que coûte retrouver, en jouant, simplement, sur sa valeur et en n'en faisant pas un cas. Kheïreddine Madoui, très serein, est catégorique : «L'idéal pour nous serait de marquer rapidement. Cela aurait pour effet de libérer les joueurs...» Ces propos du technicien sétifien semblent prouver que les Ententistes vont d'entrée presser leurs adversaires et les acculer à la faute. Aussi, les camarades de Mohamed Lagraâ devront se montrer vigilants pour ne pas se faire piéger... Madoui mettra tout en œuvre pour gagner un match qui s'annonce comme une véritable bataille physique afin de briser dans l'œuf les velléités offensives des visiteurs. Ceux-ci possèdent, en effet, de dangereux joueurs à l'image du buteur Lema Mabidi, de Mubele ou encore Lusadisu qu'il faudrait surveiller de très près.
Le rôle des milieux défensifs
Mais les Sétifiens éviteront de se ruer aveuglément dans l'attaque. Et de ce point de vue, le rôle des deux pivots, Lagraâ et Zerara, apparaît essentiel. Etant le premier rideau défensif, ces deux joueurs devront marquer de près les éléments moteurs du Vita Club. Ils auront aussi à assurer la couverture chaque fois qu'un arrière monte en attaque. Enfin, ils seront chargés d'approvisionner leurs camarades de l'attaque de bonnes balles. Programme chargé, certes, mais leur excellente condition physique et leur discipline tactique peuvent leur permettre de s'en sortir avec brio. Pour leur part, les quatre arrières Megatli, Demmou, Mellouli et Ze Ondo auront la lourde tâche de bloquer les attaquants congolais. Là aussi, il convient qu'ils soient concentrés tout au long de la partie. Il leur faut donc, avec cette solidarité qui les caractérise, fermer toutes les issues qui mènent vers leur gardien de but, Khedaïria, en état de grâce actuellement.
L'apport du public
Comme on peut le constater, les Noir et Blanc se sont entourés de toutes les garanties techniques et tactiques pour remporter ce précieux sacre africain. Il leur faut maintenant garder la tête froide en toute occasion, rester sereins, faire preuve de patience et d'opportunisme, demeurer humbles tout en étant ambitieux. Dans un contexte comme celui-ci, l'état d'esprit des joueurs est aussi important que leur application. Très souvent, ce genre de match se joue sur le mental car le moindre détail, la plus petite des distractions peuvent avoir une influence considérable sur le résultat. Un autre facteur important ne doit pas être négligé : l'apport du public. On peut déjà être assuré que la rencontre se jouera à guichets fermés comme on peut être sûr que les milliers de supporters algériens sauront, tout au long du match, encourager leurs joueurs, les porter littéralement à bout de bras et leur permettre ainsi d'arriver à ce surpassement de soi, synonyme d'exploits et de hauts faits d'armes.
Vita Club doit faire le jeu
Deux scénarios viennent à l'esprit de Florent Ibenge. Tout d'abord, une Entente de Sétif d'attaque et ensuite une Entente de contenance. Ces deux scénarios appellent deux tactiques que l'entraîneur congolais devra utiliser avec pratiquement les mêmes joueurs à un élément près, notamment durant une bonne heure de jeu qui voit en général les entraîneurs se décider à changer quelque chose. Ainsi donc, Vita Club jouera son jeu, celui du contre si l'ESS tente de les prendre, très haut, à la gorge. Ibengue jouera plus un jeu congolais si l'ESS se décide à jouer sur l'acquis. Côté sétifien, il est évident que Madoui ne tentera pas de se faire hara-kiri en pratiquant un jeu d'attente. L'ESS est souvent mauvaise dans ce genre de scénario et surtout, les potentialités de l'équipe permettent d'espérer un peu plus. Aussi, sommes-nous convaincus qu'en fin de compte, l'Entente jouera pour la gagne et uniquement pour cela.
Gestion du jeu, du temps et de l'adversaire
De leur talent, de leur efficacité et de leur envie de se surpasser et de se distinguer, dépendra en grande partie le sort de la rencontre. Nous pensons à Ziaya, Djahnit, Lamri et Belameïri mais aussi à ceux qui viendront de derrière comme Zerara et Lagraâ. Plutôt, cette tâche assurée et mieux ça vaudra pour l'Entente de Sétif. Les Sétifiens savent faire cela et nous leur faisons confiance. Autre lapalissade : l'Entente ne sera pas seule sur le terrain et nous savons que les Congolais sont capables de déjouer tous les pronostics, surtout qu'ils ont le football et les joueurs pour le faire. Equipe technique, Vita Club peut déstabiliser l'adversaire, retarder l'échéance ou carrément renverser la tendance. Alors, pour éviter pareil scénario, il faudra aux Algériens avoir recours au football mais en parallèle avoir plus envie qu'eux et leur montrer qu'on est là en terrain conquis et qu'on n'a aucune envie de le leur céder. Premiers sur le ballon donc afin de gagner les duels, mais toujours avec cette lucidité qui permet d'aller de l'avant en construisant et en y mettant constamment du cœur à l'ouvrage. Voici les principales clés de cette finale retour tout en sachant qu'il y en aura d'autres comme celles de prévoir tous les scénarios ou encore de capitaliser l'apport d'un public avide de titres. Bonne chance El Kahla ou Beïda !
Un engouement sans précédent
L'ESS s'est toujours relevée, fièrement. Et aujourd'hui, l'heure est à la mobilisation générale. A tout évènement exceptionnel, dispositif exceptionnel. La ville de Sétif a d'ores et déjà prévu de distribuer des milliers de drapeaux aux couleurs nationales et à celles du club pour les milliers de supporters qui feront le déplacement vers la capitale. Plusieurs banderoles aux couleurs noire et blanche garnissent déjà les cités et quartiers d'Aïn Fouara. Chez tous les supporters sétifiens rencontrés ces derniers jours, plusieurs sentiments rejaillissent, souvent contradictoires. La crainte d'une désillusion, le sentiment de rater une occasion en or mais aussi une certaine excitation de vivre un moment rare en émotions. Ce soir, les joueurs auront la clé pendant que dirigeants, staff et supporters sétifiens retiendront leur souffle. Certainement beaucoup plus fort que d'habitude. Comme pour un match pas comme les autres...
Notons enfin que la rencontre sera dirigée par l'arbitre gambien Bakary Papa Gassama, assisté du Camerounais Evariste Mekouandé et le Gambien Dickory Jawo.
Paroles de finalistes
El-Heidi Belameiri (attaquant de l'ESS) :
«Me surpasser»
«Je m'attends à un match très disputé. C'était déjà compliqué à l'aller. Notre adversaire du jour est l'une des meilleures équipes d'Afrique. Les chances seront égales. Nous allons puiser au fond de nos ressources et pousser jusqu'au bout, sachant que nous sommes en train d'écrire une belle histoire. Pourvu que la fin soit aussi belle que le début. Concernant ma blessure, je n'ai pas récupéré à 100%. On ne joue pas tous les jours une finale de la Ligue des champions, je me surpasserai donc malgré la blessure.»
Abdelmalek Ziaya (attaquant de l'ESS) :
«Ce soir ou jamais»
«Au vu du résultat de la finale aller, nous devons nous dépenser sans compter pour remporter la couronne africaine. Certes, nous n'avons pas de regrets par rapport au nul obtenu à Kinshasa, car nous n'avons rien à nous reprocher quant à notre rendement. Toutefois, nous n'avons plus le choix. Le titre se joue désormais sur un seul match. C'est ce soir ou jamais. Nous n'avons rien à craindre. D'un autre côté, nous avons beaucoup d'estime pour notre adversaire. Je crois que les deux finalistes se sont préparés pour l'explication de ce soir. La réalité du terrain nous départagera.»
Akram Djahnit (milieu offensif de l'ESS) :
«Pas de précipitation»
«Nous avons fait un bon résultat à l'extérieur. Dieu merci. Maintenant, il faut savoir négocier cette manche retour. J'espère que notre public nous soutiendra jusqu'au bout. Nous développerons notre style de jeu habituel. Pas question de nous précipiter devant les buts adverses. Il faut s'attendre à toutes les éventualités. On peut marquer au début comme on peut le faire vers la fin de la rencontre. C'est une opportunité qui se présente à nous de pouvoir remporter la Ligue des champions. C'est un titre qui nous tient à cœur. Toutefois, il n'est pas question de nous affoler. Garder la tête sur les épaules et négocier cette finale intelligemment seront les clés de la réussite.»
I. S.
Farid Mellouli (Défenseur axial de l'ESS) :
«Ce titre nous tient à cœur»
Confiant, le capitaine sétifien est persuadé que la coupe sera sétifienne.
Entretien.
Le Soir d'Algérie : Après le score de deux buts partout ramené de Kinshasa, comment se présentent vos chances dans cette seconde manche de la finale, décisive pour l'octroi du titre ?
Farid Mellouli : On espère qu'elles seront sous d'heureux auspices. Le fait de parvenir à tenir en échec l'adversaire sur son terrain et dans un match de cette envergure constitue en soi une performance. Encore faut-il le confirmer au match retour par une victoire, quel qu'en soit le score. Mais rien n'est encore gagné. Il faut, en effet, se méfier d'un excès de confiance qui pourrait nous être fort préjudiciable.
En tant que capitaine d'équipe, que direz-vous à vos camarades avant d'entrer sur le terrain ?
Je leur dirai qu'il nous faut rester solidaires, concentrés quatre-vingt-dix minutes durant. Je leur dirai aussi qu'ils doivent oublier le résultat du match aller pour se dire que la finale se joue sur une seule rencontre, celle que nous devons gagner tout à l'heure. Je leur dirai, enfin, qu'il faut se méfier de cette équipe de Vita Club qui est dotée d'une excellente technique, donc jouer avec sérieux, et avec cette volonté de surpassement que nous savons retrouver dans les grandes occasions.
Comment allez-vous appréhender ce match ?
Comme tout match décisif, c'est-à-dire que nous devons penser, avant tout, à marquer plus de buts que l'adversaire... L'idéal, bien sûr, serait que nous puissions prendre l'avantage au score dès le début du match. Un tel scénario permettrait de libérer l'équipe.
Mais ne voyez-vous pas qu'en jouant ainsi, vous risquez de vous faire surprendre par des contres adverses ?
Nous avons envisagé cette possibilité. On ne va pas se ruer aveuglement dans l'attaque. Notre arme préférée est le contre. Aussi, allons-nous jouer groupés, assurer une bonne couverture défensive, faire circuler rapidement le ballon pour pouvoir, plus facilement, surprendre les défenseurs adverses. Il s'agit donc pour nous de rester attentifs jusqu'au coup de sifflet final. Je lance, enfin, un vibrant appel à nos supporters pour qu'ils nous soutiennent sans arrêt, surtout dans les moments difficiles, et au nom de mes camarades, je leur promets que nous ferons tout notre possible pour leur donner la joie d'une victoire.
Vous paraissez optimiste...
Et pourquoi ne pas l'être lorsque nous détenons notre sort entre nos mains. Il nous revient de mettre tout en œuvre pour mériter ce titre auquel nous avons accordé la priorité des mois durant...
Propos recueillis par I. S.
Florent Ibenge (Entraîneur de Vita Club) :
«La pression est sur Sétif»
L'entraîneur de Vita Club, Florent Ibenge, a indiqué à la presse congolaise que son équipe garde toutes ses chances de réussir un bon résultat face à son homologue algérienne lors de la finale «retour» de la Ligue des Champions. «Nous irons à Blida en Algérie pour gagner et ramener la Coupe de la Ligue des champions de la CAF. Nous n'avons pas d'autres alternatives que de faire le résultat après le match nul de 2-2 à domicile, c'est-à-dire nous allons pour remporter le match ou pour faire un match nul 3-3. Donc nous allons là bas pour gagner. Nous avons un effectif de vingt joueurs dont dix-huit seront retenus pour la finale «retour» de ce samedi 1er novembre 2014. Tout le monde se porte bien, excepté Mondo qui est fiévreux. Mais pas d'inquiétudes car s'il n'est pas disponible d'ici le week-end, il sera remplacé. Les joueurs ont le moral, d'autant que la pression sera cette fois-ci du côté de l'adversaire qui jouera devant son public. Ce sont là des atouts, parmi d'autres, qui militent en notre faveur.»
L'argent, l'autre motivation pour les deux équipes
Hamar promet une prime de 1 million de DA en cas de succès
Les joueurs de l'Entente de Sétif toucheront chacun 1 million de dinars s'ils remportent le trophée de la Ligue des champions d'Afrique à l'issue de la finale retour face au Vita Club (RD Congo). Les protégés de l'entraîneur Kheïreddine Madoui devraient également bénéficier d'autres récompenses financières promises par les sponsors du club ainsi que les autorités locales, ajoute la même source.
1,425 million de dollars pour le vainqueur
Le vainqueur de la Ligue des champions d'Afrique, dont la finale retour entre l'ES Sétif (Algérie) et le Vita Club (RD Congo) aura lieu ce soir au stade Mustapha-Tchaker de Blida percevra la somme de 1,425 million de dollars, selon le barème des dotations fixé par la Confédération africaine de football (CAF). Le perdant dans la double confrontation, lui, touchera 950 000 dollars. Les demi-finales (TP Mazembe et CS Sfaxien) toucheront 665 000 dollars alors que les troisièmes et quatrièmes de la phase des poules empocheront respectivement 475 000 dollars et 380 000 dollars.