Au moins 8 000 personnes vivent avec le Sida en Algérie. Face à la discrimination dont elles font l'objet au sein même du système de santé, le département de Boudiaf a signé une décision portant lutte contre toutes les formes de discrimination en milieu hospitalier et assurant aux personnes vivant avec le virus d'accéder à tous les soins sans être montrées du doigt ou exclues. Nawal Imés - Alger (Le Soir) Théoriquement, les praticiens de la santé ne pourront plus refuser aux personnes atteintes du Sida des soins. Le texte signé par le ministre de la Santé devrait garantir sans distinction l'accès à l'ensemble des spécialités médicales, affirmait hier ce dernier en marge de la tenue de la réunion de haut niveau des femmes leaders du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Les associations de malades ont en effet souvent fait état de l'impossibilité des personnes atteintes du Sida de se faire soigner chez le dentiste ou même chez un médecin généraliste qui, effrayés par la maladie, préfèrent leur refuser les soins. Dans la décision signée par le ministre de la Santé, la notion d'accès aux soins a été même élargie au soutien psychologique. Avec une prévalence de 0,1%, le nombre de cas cumulé de personnes vivant avec le Sida est estimé à 8 000 cas. Le système de dépistage mis en place permet de détecter chaque année entre 700 à 800 nouveaux cas. L'Algérie se trouve néanmoins dans une région qui n'enregistre toujours pas de diminution des cas. Selon l'Onusida, les normes culturelles présentes dans de nombreuses sociétés de la région constituent souvent des obstacles à l'accès à la santé mais également à l'information. Dans la région, l'épidémie du VIH demeure un défi. La preuve, l'objectif numéro 6 du millénaire pour le développement qui vise à l'horizon 2015 à stopper la propagation du VIH ne sera pas atteint. Le dernier rapport établi par Onusida démontre que dans la région, le nombre des nouvelles infections continue au contraire d'augmenter. En 2013, 230 000 enfants et adultes vivaient avec le Sida dans cette même région alors que pas moins de 25 000 nouvelles infections étaient enregistrées et que 15 000 décès liés au Sida étaient déplorés. Plus inquiétant encore, le nombre d'infections des enfants est lui aussi en augmentation et moins de 10% des femmes enceintes porteuses du virus n'avaient pas accès aux antiviraux et ne pouvaient éviter la transmission à leur fœtus. Les femmes sont, selon Onusida plus vulnérables et constituent 44% du total des personnes vivant avec le virus en raison des comportements sexuels à risques de leurs partenaires. Pour Onusida, le Sida ne peut pas être appréhendé que dans sa dimension médicale mais également sociale. Les pays arabes avaient élaboré en mars dernier une stratégie à l'horizon 2020 pour tenter d'apporter une réponse commune au défi que constitue la propagation du Sida dans la région. Les pays arabes s'étaient fixé dix objectifs parmi eux la réduction de 50% de la prévalence, l'élimination des nouvelles infections chez les enfants, l'augmentation de la couverture médicale à 80%, la lutte contre la stigmatisation et les discriminations mais également l'élimination des inégalités entre les sexes en accroissant la capacité des filles et des femmes à se prémunir contre le Sida. Pour y arriver, les pays membres devront faire preuve davantage d'engagement politique. C'est en faveur de cet engagement que Yamina Chaker, directrice régionale d'Onusida pour la région Mena qui a plaidé pour un plus grand engagement en faveur des femmes. Pour Michel Sidebe, directeur exécutif Onusida, ce n'est nullement un hasard que la réunion se tienne à Alger. Le leadership de l'Algérie dit-il doit servir de locomotive, rappelant qu'elle avait opté pour une politique volontariste en mettant à disposition des populations le traitement contre le Sida qui, à l'époque, coûtait très cher. Michel Sidebe se dit convaincu que le changement viendra des femmes tout en recommandant de ne pas appréhender la problématique en dehors de sa dimension sociale dans une région où, dit-il, il reste sur sa faim puisque le niveau de couverture en traitement dans la région n'est que de 11%. En matière de traitement, dira-t-il, il serait temps que l'Afrique cesse d'être dépendante des importations. N. I. Ebola : «Aucun cas en Algérie», selon Mesbah Aucun cas d'infection par le virus Ebola n'a été enregistré en Algérie, affirmait hier le directeur de la prévention au sein du ministère de la Santé. Ismaïl Mesbah rappelle que le dispositif préventif mis en place restait toujours en vigueur et prêt à être activé si un cas venait à être détecté grâce à des tests en mesure d'être effectués par l'Institut Pasteur.