L'écrivain algérien Mohamed Bourahla publie Qabl el badî hatta (Avant le début jusqu'à...), un roman en langue arabe truffé de symboles qui fait fi des conventions littéraires et ouvre de nouvelles perspectives d'écriture. Paru aux éditions MIM, ce texte en bloc de 180 pages, sans chapitres ni sous-titres, aborde les thèmes de l'amour, des désillusions politiques et des langues pratiquées en Algérie, à travers les histoires d'hommes et de femmes dont le point commun est d'attendre le même train. Racontées par un personnage du nom de «Mustapha», ce roman présente l'histoire d'amour contrariée entre «Michelle» (la roumia, Française) et «Saïd», un journaliste et poète bilingue déçu par la politique après avoir adhéré à différents courants : islamiste, libéral, etc. Le romancier explore également les contradictions de la société algérienne et les périodes les plus dramatiques de son histoire en s'intéressant à la famille de Saïd. Quant à la «problématique de la langue maternelle en Algérie» elle est illustrée par les mésaventures de Saïd, accusé de «trahison» pour ses écrits en français mais qui va connaître la célébrité grâce ses poèmes en langue arabe. Avec un style qui mêle symbolisme, expérimentations et même fantastique, le romancier montre toute l'étendue de sa culture littéraire, n'hésitant pas à user de techniques d'écriture inspirées du théâtre ou à écrire avec une langue dense et complexe. Cette richesse s'illustre, par ailleurs, dans la place que prend progressivement dans le roman le train, objet de toutes les attentes qui symbolise tantôt l'«espoir», la «vie» ou encore la «délivrance» et qui représente également «l'espace qui accueille le récit». Le romancier finit par donner la parole à ses personnages, en concluant ce récit sur l'amour et l'acceptation de l'autre par des lettres adressées par ses héros à d'hypothétiques correspondants. Auteur de plusieurs romans en langue arabe, Mohamed Bourahla a également publié Le laurier rose et Le pire des mots, deux ouvrages en langue française. Egalement dramaturge, il a écrit deux pièces jouées au dernier Festival national du théâtre professionnel.