Il y a très peu d'informations qui circulent sur la situation financière des caisses de Sécurité sociale, et pourtant c'est un droit élémentaire pour les assurés sociaux d'être tenus au courant, car à près tout, ce sont eux les bailleurs de ces organismes. Le droit à l'accès à l'information pour les assurés sociaux est bafoué par les administrateurs de ces caisses, alors que réglementairement le décret de janvier 1992 portant statut des organismes de sécurité sociale est clair à ce sujet. Jeudi dernier, sur les ondes de Radio Chaîne III, le directeur de la Sécurité sociale auprès du ministère de tutelle a fait des déclarations un peu trop rassurantes sur la santé financière de ces caisses. Le directeur général de la Sécurité sociale au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a d'abord précisé que «le niveau de dépenses de la sécurité sociale avait encore augmenté en 2014», sans donner de détails sur les dépenses de chacune des principales caisses, à savoir la Cnas, la Casnos et la CNR. Il a juste indiqué de manière évasive et approximative que pour la Cnas et la Casnos les dépenses liées à l'assurance maladie (et au financement des hôpitaux publics) seraient de 300 milliards de dinars chaque année, que le montant du «forfait hôpitaux» (contribution des caisses de sécurité sociale fixée par la loi de finances) avait augmenté en 2014 de 15% par rapport à 2013, se chiffrant à 65 milliards de DA. Mais selon lui, si les dépenses «santé» de la sécurité sociales sont en hausse, la situation financière de la Cnas et de la Casnos est «au vert... et que notre leitmotiv est de maintenir les équilibres financiers. Ce qui est fait actuellement». Sans donner plus de détails. Il a ajouté cependant que ces organismes couvraient l'ensemble de leurs dépenses, avec leurs propres moyens, tout en souhaitant que les partenaires sociaux réfléchissent à une meilleure stratégie «qui permette de renforcer les bases de ces caisses afin d'éviter d'éventuels déficits». En un mot, la situation financière n'est pas catastrophique, mais il s'agit d'un équilibre précaire. Le directeur général de la sécurité sociale au ministère du Travail est prévenant : «Il faut penser à court et à moyen terme, à maintenir ces équilibres financiers. Mais il ne faut surtout pas attendre d'éventuels déséquilibres financiers comme ça se produit dans beaucoup de pays. Il faut être préventif en prenant des décisions en concertation avec les partenaires sociaux». Là aussi, il ne donne pas de précisions et n'indique aucune piste pour l'avenir. Il n'en dira pas plus aussi au sujet de la CNR : juste que sa trésorerie «est au vert» et qu'«avec ses propres moyens, elle couvre complètement les dépenses». Sans oser remettre en cause directement les retraites proportionnelle et sans conditions d'âge (départs avant l'âge légal de 60 ans), il a déclaré que «beaucoup de choses ont été faites dans le cadre de la tripartite mais déclinées par la suite en groupes de travail» et que «des propositions ont été faites pour être concrétisées», sans préciser lesquelles (en fait une tripartite avait avalisé la suppression des retraites proportionnelle et sans conditions d'âge, mais l'UGTA avait demandé à surseoir à cette mesure). Aller vers l'adaptation du système national des retraites Pour le directeur général de la sécurité sociale au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, «il faudra aller vers l'adaptation du système national des retraites, particulièrement dans son volet retraite avant l'âge de 60 ans. Il y va également de la pérennité d'un système de retraite basé sur la solidarité intergénérationnelle», et d'ajouter que «ces adaptations devront se faire sans porter atteinte aux droits des travailleurs, se fera de manière progressive et qu'on ne peut pas aller vers une suppression pure et simple». En fait, il n'a pas voulu rappeler que ce système de retraite proportionnelle et sans conditions d'âge, en application depuis 1997, coûtait excessivement cher à la CNR : plusieurs centaines de milliards de dinars depuis cette date, à la seule charge de la CNR, alors qu'il s'agissait d'une décision prise unilatéralement par le gouvernement suite aux directives du FMI et de la Banque mondiale dans le cadre des programmes d'ajustement structurel dont la dissolution de nombreuses entreprises publiques. Décidément, du côté des pouvoirs publics, on se contente de faire en sorte que les équilibres financiers des caisses de Sécurité sociale soient juste assurés, vision à court terme inquiétante pour la pérennité du système de sécurité sociale.