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Le Soir du Centre
Bouira Des enseignes et signalisations en tamazight et en arabe obligatoires
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 01 - 2015

Depuis plusieurs semaines, une note a été envoyée par les services du gouvernement aux 48 wilayas du pays, les enjoignant de procéder dans les meilleurs délais aux inscriptions de toutes les enseignes publiques surtout au niveau des administrations et des institutions étatiques, ainsi qu'au niveau des signalisations routières, en arabe et en tamazight.
A Bouira, ce sont pour le moment les P/APC de la région berbérophone de la wilaya qui ont accueilli cette note avec un grand enthousiasme, pour certains et un grand soulagement pour d'autres. Un grand soulagement pour tous ces maires qui avaient déjà pris la décision sans attendre pour inscrire les frontons de leurs sièges d'APC en arabe et en tamazight à l'instar des maires RCD de M'chédallah dont l'inscription était installée depuis le premier mandat RCD en... 1990, El-Esnam, Haïzer, Saharidj, Chorfa, Ahnif, El Adjiba, Bechloul, Ath Laâziz, etc.
A Bouira, les seules tentatives pour inscrire certaines enseignes en tamazight au niveau de la commune, l'ont été du temps de feu Rabah Chihati durant son mandat 1997-2002 où il avait procédé à plusieurs reprises à l'installation d'un grand panneau, en arabe, français et tamazight, à l'entrée nord de Bouira mais qui était à chaque fois démoli par des engins qui dépassent la hauteur requise. Sinon, au niveau des institutions, l'on retrouve généralement, les institutions financières et certaines banques dont les directions régionales sont basées à Tizi-Ouzou comme le CPA, la Cnep, la CRMA ou encore certains organismes dont les responsables sont des militants engagés pour la promotion de tamazight comme Khendrich au niveau de l'Office national d'assainissement, l'ONA, qui optent généralement pour les trois langues, arabe, tamazight et français. Et dans cet univers des paradoxes, alors que les institutions financières et bancaires, ainsi que les commerçants dont la majorité au niveau de la ville de Bouira, et dans la région berbérophone, mettent leurs enseignes en arabe ou en français mais avec toujours une enseigne en tamazight, la Direction de la culture et la Maison de la culture de Bouira, ainsi que la Direction de l'éducation dont hormis les établissements scolaires situés dans les régions berbérophones portent les écriteaux en tamazight et en arabe, censées être des exemples à suivre tant elles dispensent au quotidien des valeurs, des savoirs et des arts en plusieurs langues, dont l'arabe, le tamazight, le français, l'anglais, etc. ; dans cet univers, force est de constater que ces deux institutions traînent toujours la patte. C'est dire qu'au niveau de la wilaya de Bouira, tout autant que dans les autres wilayas du pays, il y aura vraiment du pain sur la planche. Et de l'application de cette circulaire envoyée au niveau du territoire national dépendra la suite à donner à cette langue amazighe dont le pouvoir retarde à chaque fois l'échéance de sa promotion pleine et entière en une langue nationale et officielle assumée par tous les Algériens.
Y. Y.
En attendant la décision politique du pouvoir
Yennayer fêté comme journée chômée par la population à Bouira...
A Bouira, et à l'instar des wilayas de Tizi-Ouzou et Béjaïa, la journée du 12 janvier, correspondant au 1er jour de l'an amazigh, Yennayer 2965, est vécue, surtout au niveau des établissements scolaires des trois paliers de l'éducation, du chef-lieu et de la partie Est et Sud-Est de la wilaya, comme une véritable journée fériée.
Aucun établissement au niveau de ces régions des daïras de Bouira, Haïzer, Bechloul et M'chédallah, n'a fonctionné ce lundi. Mieux encore, au niveau des daïras de Haïzer, Bechloul et M'chédallah, même au niveau de l'administration locale, le mot d'ordre tacite d'une journée chômée a été suivi à la lettre puisque les fonctionnaires ont également déserté leurs postes pour fêter cette journée pas comme les autres.
Une journée appelée communément «Tabbourth Usseggas», la porte de l'année, ou «Amzwaru n Yennayer», le premier jour du mois Yennayer, fêté dans tous les foyers avec un couscous au poulet, un poulet de ferme si possible, c'est-à-dire un coq que l'on prédestine pour l'occasion depuis plusieurs mois avant. Durant la même journée, les ménagères font le grand ménage en nettoyant tous les objets se trouvant dans la maison.
Cela étant, outre les établissements scolaires et les administrations, durant la journée de ce lundi, le collectif national autonome pour la promotion de la langue amazighe a également marqué l'événement en organisant au niveau de la place des martyrs de la ville de Bouira un rassemblement. Sur place, dès la matinée, les chansons éternelles de Matoub Lounès, celui qui symbolise aux yeux de tous les Amazighs le combat pour la promotion de tamazight, sont diffusées à grands décibels. Le collectif a rendu public une déclaration dans laquelle il réitère ses principales revendications, à savoir l'officialisation de la langue amazighe dans la nouvelle Constitution, l'officialisation de Yennayer comme une fête nationale chômée et payée, et enfin, l'abolition du caractère facultatif de l'enseignement de tamazight dans l'école, son institution comme matière obligatoire et la généralisation de son enseignement à travers le territoire national. D'après l'un des membres du collectif, Hamid Derradj, «ce n'est que de la sorte que l'Unité nationale ne serait pas un vain mot. Il n'y aura pas d'unité nationale sans l'officialisation de tamazight et la généralisation de son enseignement à travers le territoire national». Une sentence que ne semble pas prendre au sérieux le pouvoir actuel, grand spécialiste devant l'Eternel, de l'usure. Un pouvoir qui tergiverse encore alors que l'ensemble du peuple algérien et l'ensemble des partis politiques sont d'accord pour extraire des surenchères politiques cette revendication concernant la prise en charge complète de tamazight, tant dans sa dimension littéraire comme langue nationale et officielle et son enseignement obligatoire aux côtés de l'arabe, que dans ses dimensions patrimoniales avec l'officialisation de Yennayer. Un pouvoir qui démontre, si besoin est, tout l'écart qui le sépare de ce peuple dont les cris résonnent des quatre coins du pays, et qui ne risque de se réveiller que lorsque ce sera trop tard...
Y. Y.
... Avec faste à Béjaïa...
Comme de tradition, le Nouvel An amazigh qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année a été célébré hier lundi avec éclat dans la wilaya de Béjaïa où d'importantes manifestations culturelles étaient au menu.
Tazmalt, Akbou , Ighzer Amokrane, Tinebdar, Chemini et Akfadou se sont distingués encore cette année par un programme haut en couleur pour marquer cet important rendez-vous des habitants de la région. C'est ainsi qu'à l'initiative du Forum socialiste pour la liberté et la démocratie, plusieurs dizaines de militants et des anonymes ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya de Béjaïa pour exiger «la promulgation d'un décret présidentiel consacrant le premier jour de l'an amazigh journée fériée». «Il est temps pour le président de la République d'opérer les révisions capables de rendre confiance et de réconcilier les populations avec leur histoire et la nation avec l'Etat», note le Forum socialiste dans son appel. Lors d'une prise de parole, les différents intervenants ont appelé à faire de «Yennayer une journée fériée au même titre que le 1er janvier et le 1er Mouharem». «L'histoire de l'Algérie ne remonte pas seulement au 7e siècle, mais elle est plutôt plusieurs fois millénaire», martèle l'un des intervenants. Le MAK a également organisé dans la matinée d'hier une marche qui s'est ébranlée du campus universitaire Targa-Ouzemour vers la place de la Liberté de la presse, dédiée à Saïd Mekbel sous les mots d'ordre pour «une Kabylie libre, sociale et laïque». Une foule nombreuse a pris part à la manifestation de rue pour réaffirmer «son rattachement à son ancestrale patrie, la Kabylie». La section locale du RCD de Béjaïa a aussi mis en place au niveau de son siège communal un riche programme pour accueillir le nouvel an berbère. Une exposition et une conférence-débat sur les origines de Yennayer ont été autant de festivités initiées par le RCD de Béjaïa. Yahia Hammouche, patron de LVMI, a également convié plusieurs acteurs de la société civile locale et la presse à partager un couscous traditionnel spécial Yennayer. En marge de cette sympathique réception, Ali Sayad, anthropologue, est revenu dans une communication sur les origines de Yennayer.
La municipalité de Tinebdar a connu également une journée festive à l'initiative de l'association pour la promotion de la femme rurale «Thiziri». A l'occasion du nouvel an berbère 2965, la municipalité de Tinebdar a inauguré, dans l'après-midi d'hier lundi, une stèle dédiée au grand jurisconsulte «Abderrahmane Awaghlis». Une collation spéciale Yennayer et une conférence-débat avec le professeur Djamil Aïssani sur la vie et l'œuvre du jurisconsulte Abderrahmane Awaghlis ont été observées à l'initiative de la municipalité de Tinebdar.
A. Kersani
... Dans la liesse à Tizi-Ouzou
Yennayer, nouvel an berbère, a été célébré hier dans la wilaya de Tizi Ouzou. De nombreuses animations festives ont été organisées à travers de nombreuses localités, communes et villes, à l'initiative de certains organismes institutionnels ainsi que du mouvement associatif dans les villages et les communes de l'intérieur de la wilaya.
Au niveau du chef-lieu de wilaya, la Direction locale de la culture a mis au point un programme qui a commencé le 10 janvier avec, au menu, des activités artistiques et scientifiques. Ainsi, un colloque sur le thème de la littérature orale et de l'identité a été organisé à la Maison de la culture par la Direction de la culture de wilaya et l'université de Tizi-Ouzou. Plusieurs communications ont été données par des universitaires qui ont planché sur plusieurs sujets en rapport avec le thème générique. «Le conte en porte-à-faux dans sa double fonction antinomique», a été abordé par l'universitaire Dalila Arezki, «Du patrimoine immatériel kabyle. Le chant féminin traditionnel : entre la joie et le chagrin» par Dr Moussa Imarazen, et «La transmission orale du système culinaire en Kabylie» par Dr Houria Abdennebi. D'autres festivités ont été également au menu de cette célébration. Un salon du couscous dont c'est la 8e édition avec une exposition de plats traditionnels a été tenu à l'occasion. Une initiative qui permettra aux visiteurs de faire connaissance avec les traditions culinaires et du terroir de plusieurs wilayas : Médéa, Béchar, Blida, Jijel, Tlemcen, Batna et, bien sûr, Tizi Ouzou. Mais le point d'orgue de la célébration a été, sans doute, le grand couscous au poulet qui a été offert au grand public et aux visteurs de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou.
La même initiative a été prise par l'APC de Tizi-Ouzou. Les fonctionnaires, les élus et de nombreux citoyens ont été conviés à partager le traditionnel couscous poulet de Yennayer préparé par un traiteur connu sur la place de Tizi-Ouzou et servi au niveau du service de l'état civil de la commune.


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