Un capitaine aux abois, un groupe et un entraîneur sous tension et une suspension qui coûte cher : le 1er tour de la CAN-2015 s'apparente pour le moment à un chemin de croix pour la Côte d'Ivoire, l'une des équipes les plus attendues du tournoi. Dans un groupe D extrêmement indécis (4 formations avec 2 points), les Eléphants joueront leur qualification pour les quarts de finale lors d'un choc face au Cameroun, mercredi à Malabo. Yaya Touré méconnaissable Avec la retraite internationale de la légende ivoirienne Didier Drogba, Yaya Touré était censé reprendre le flambeau et s'imposer comme le nouveau guide de la Côte d'Ivoire. Mais celui qui a été tout récemment élu meilleur joueur africain de l'année pour la 4e fois d'affilée n'est que l'ombre de lui-même. En Premier League, le milieu de Manchester City (31 ans) marche littéralement sur ses adversaires, récupère, élimine, frappe et avale les kilomètres, s'imposant comme une référence mondiale à son poste. Mais dans cette CAN, il est devenu un joueur ordinaire, incapable d'effectuer la moindre différence. Arrivé en Guinée équatoriale fatigué après avoir enchaîné les matches en Angleterre pendant les fêtes, Yaya Touré a été ménagé durant les premiers entraînements. Est-ce une explication à son apathie actuelle ? A moins que ce ne soit le poids du brassard de capitaine depuis le départ de Drogba. Le Mancunien a, certes, donné de la voix et tenté de bousculer ses coéquipiers samedi, mais balle au pied, il n'a été d'aucune utilité pour ses troupes. Hervé Renard avait lui-même reconnu avant la rencontre contre le Mali que Touré devait faire «beaucoup mieux» qu'au cours du premier match face à la Guinée (1-1) et «montrer l'exemple». «S'il n'est pas capable d'élever son niveau, ce sera très difficile pour nous», avait-il ajouté. Des paroles pour l'instant restées vaines. Une tension palpable Des joueurs qui s'énervent entre eux, un sélectionneur qui engueule un de ses défenseurs, l'humiliant devant les caméras en pleine rencontre tel un débutant : les Ivoiriens ne respirent pas la sérénité et le statut de favori, qu'ils ont tant bien que mal refusé d'endosser au début de la compétition, est devenu leur boulet. Sur le papier, cette équipe, qui possède des individualités à faire pâlir les autres formations (les frères Touré, Gervinho, Kalou, Bony, Gradel, Doumbia, Aurier), a tout pour briller dans cette CAN. Mais le collectif patine et l'unité du groupe ne tient plus qu'à un petit fil. Hervé Renard est lui aussi sous pression. Champion d'Afrique à la surprise générale à la tête de la Zambie en 2012, l'ancien entraîneur de Sochaux dirige pour la première fois de sa carrière une équipe de premier plan et mesure les périls de l'exercice. Conscient du danger qui le guette en cas de sortie de route précoce, il a déjà sorti le parapluie. «Pour ceux qui sont toujours là pour critiquer, je tiens simplement à vous dire que c'était mon 11e match invaincu en Coupe d'Afrique consécutivement. Je sais ce que je fais», a-t-il déclaré samedi. Gervinho, une suspension qui coûte cher La gifle adressée par Gervinho au Guinéen Naby Keita, suivie d'un carton rouge et d'une suspension de deux matches infligée par la Confédération africaine de football, a forcément de lourdes conséquences sur le rendement offensif des Ivoiriens. Le joueur de l'AS Rome avait été l'attaquant ivoirien le plus incisif par sa vitesse et ses dribbles, des qualités qui ont cruellement fait défaut contre le Mali. Pour le remplacer, Renard a placé en pointe la paire Bony-Doumbia. Sans réel succès. Si Doumbia, buteur face aux Guinéens, a fait ce qu'il a pu, Bony est une grosse déception pour le moment et sa passe décisive pour son partenaire fait office de cache-misère. De quoi s'interroger sur les 35 millions d'euros dépensées par Manchester City pour l'enrôler. Gervinho manquera encore à l'appel pour la rencontre couperet contre le Cameroun et ne fera sa réapparition qu'en cas d'accession au prochain tour. D'ici là, Renard doit sacrément cogiter pour trouver une solution de rechange crédible.