La décision du boycott de toutes les audiences prévues hier au niveau de la cour d'Alger a été remplacée par l'observation, le jour même, dans la matinée, d'un sit-in de protestation qui a duré de 8 h à 10 h du matin où les robes noires ont exprimé leur colère vis-à-vis de ce qui s'est passé en fin de semaine dernière. Le sit-in de protestation observé par les avocats au niveau de la cour d'Alger a été suivi, deux heures après, par un point de presse animé par le président du Conseil de l'ordre des avocats d'Alger. Ainsi, Abdelmadjid Sellini a qualifié l'acte dont a été victime un avocat jeudi passé d'«intolérable et impardonnable». En effet, lors de son intervention, Abdelmadjid Sellini est revenu sur l'incident qui s'est produit jeudi dernier. Ce n'est pas la première fois que les avocats d'Alger montent au créneau pour dénoncer la dégradation des conditions d'exercice de leur profession, mais il semble que l'incident de jeudi dernier constitue un «dérapage de trop de la police». «On n'acceptera jamais qu'un avocat soit malmené lors de l'exercice de son métier. Ce qui s'est passé jeudi dernier est une atteinte à l'intégrité de la profession d'avocat et du justiciable d'une manière générale. Aucune loi et autre disposition réglementaire n'oblige l'avocat de porter sa robe une fois admis à l'intérieur d'un tribunal ou de la cour. L'avocat doit porter sa robe seulement lorsqu'il entame sa plaidoirie ou lorsqu'il est en face d'un juge lors d'une instruction. En dehors de ces deux cas, l'avocat n'est pas dans l'obligation de porter sa robe. Le policier n'a nullement le droit d'imposer à l'avocat sa loi. Cette ingérence des policiers a été suivie par des invectives et autres propos graves portés à l'endroit de toute la corporation des robes noires», s'est indigné le conférencier. Cette situation qualifiée de «dérapage grave» est perçue par le président de l'Ordre des avocats d'Alger comme une «agression, voire une atteinte de toute la corporation des avocats». Informée de cet incident, la Direction générale de la Sûreté nationale a, selon Abdelmadjid Sellini, «présenté ses excuses à toute la corporation des avocats, tout en prenant des mesures disciplinaires à l'encontre du policier à l'origine «du dérapage». Des avocats rencontrés hier au niveau de la cour d'Alger ont tenu à dénoncer une situation qui semble «intenable», particulièrement l'atteinte au libre exercice de leur métier. Pour l'avocat Noureddine Benissad, «les violations récurrentes du droit à la défense sont devenues légion dans les tribunaux». Selon le président du Conseil de l'Ordre des avocats d'Alger, «plus que jamais ce genre de pratique et autre comportement à l'égard des avocats ne sera toléré. Que chacun assume ses responsabilités et intervienne dans le cadre de ses missions et ses prérogatives telles que définies par la Constitution».