«C'est à vous (la presse en général ndlr) d'expliquer et c'est à vous de ne pas répandre les rumeurs autour de cette affaire», a répondu en substance, le ministre de l'Energie Youcef Yousfi lorsque nous l'avons interrogé, jeudi matin à Boumerdès, au sujet de la persistance de la protestation citoyenne à In Salah en dépit de l'intervention publique, par le biais d'un communiqué de presse, du chef de l'Etat assurant la population du Sud du report de l'exploitation du gaz de schiste. Yousfi ne s'arrêtera pas à cette critique. D'après lui, la presse devait soutenir les choix du gouvernement et faire un travail d'explication en direction de la population pour la convaincre de la pertinence de ce choix. Les journalistes devaient, donc, à suivre le raisonnement du ministre, se départir de leur neutralité pour relayer le discours de l'autorité du pays et dire à leurs compatriotes que «l'industrie des hydrocarbures et une industrie où nous avons besoin de techniciens et de spécialistes. Nous formons des spécialistes et nous continuerons à expliquer aux citoyens tous les aspects de cette industrie et les précautions qu'il faudrait prendre pour protéger la santé de la population et nos ressources les plus chères que sont les ressources hydrauliques. Nous suivrons, par ailleurs, particulièrement les orientations du chef de l'Etat. Nous ferons également attention à tous les problèmes de la santé de la population et de l'environnement. La Sonatrach a des experts et des spécialistes qui veillent nuit et jour à ces aspects de l'environnement et de la santé de la population». Interpellé par une consœur sur le manque de communication officielle, le ministre dira : «Nous avons été sur place pour expliquer aux citoyens et nous sommes prêts à repartir sur place pour expliquer encore une autre fois le problème. Nous sommes ouverts au dialogue dans chaque endroit du territoire national.» Et d'ajouter au sujet du risque de pourrissement de la situation, «personne n'a dit que les citoyens de In Salah n'ont pas le droit d'être inquiets et de le dire publiquement en ce qui concerne toutes les décisions. Nous sommes toujours en contact avec la représentation citoyenne pour leur expliquer plus amplement tous les volets de cette industrie des hydrocarbures.» Diminution des revenus du gaz aussi importante que pour le pétrole A une question du Soir d'Algérie sur l'impact concernant les revenus de l'Algérie provenant de la vente de son gaz sachant que notre pays a indexé le prix du gaz sur celui du pétrole, alors que l'or noir traverse une grave crise, le ministre, quelque peu sur la défensive, précisera promptement que l'Algérie n'est pas le seul pays à avoir choisi cette méthode de calcul (indexation) du prix de vente de son gaz puis d'asséner «les pertes de revenus sont malheureusement aussi importantes que celles pour le pétrole». Formaton tous azimuts chez Sonatrach Pour rappel, le ministre s'est déplacé ce jeudi à Boumerdès pour présider à l'IAP (Institut algérien du pétrole) la cérémonie de sortie d'une promotion de 72 masters spécialisés en forage. La cérémonie a été rehaussée par la présence de Son Excellence l'ambassadeur de Grande-Bretagne, Andrew Noble, du wali de Boumerdès, Kamel Abbès, du P-dg de la Sonatrach, Saïd Sahnoun et de la vice-présidente de l'université Robert-Gordon d'Aberdeen (Ecosse), Shona Cormack. A suivre les interventions de ces responsables, notamment le ministre et le patron de l'entreprise pétrolière, il semblerait que tout le monde est satisfait du partenariat en cours entre l'université citée plus haut et Sonatrach, laquelle a chargé l'IAP dont elle a le contrôle de concrétiser. Dans son intervention durant la cérémonie ou devant la presse, Yousfi n'a de cesse d'insister sur la formation. «La valeur d'un peuple et sa place dans un monde globalisé se mesurent à l'aune de la maîtrise de la connaissance. C'est donc nos systèmes d'éducation et de formation qui vont déterminer notre place dans le monde», dira-t-il en préambule de son intervention devant l'auditoire. Pour lui, le secteur des hydrocarbures est hautement stratégique. Il est donc tout aussi stratégique de valoriser et de moderniser ses ressources humaines. «Le secteur de l'énergie est fermement décidé à faire du savoir son moteur de développement.» Le ministre a, en outre, fait part d'un programme en cours de formation de milliers d'ingénieurs et de 5.000 techniciens pour Sonatrach. Yousfi pense que la maîtrise de l'expertise dans le domaine des hydrocarbures est cruciale pour la Sonatrach. A ce propos, nous avons questionné, en aparté, la vice-présidente de l'université Robert-Gordon sur le niveau des étudiants par rapport aux normes fixées par l'institution dont elle a la charge. Elle estime qu'il est bon. Il y a lieu aussi de noter que les 72 diplômés, dont un bon nombre de filles, seront rapidement envoyés sur le terrain pour mettre en pratique les connaissances acquises.