Pour le professeur d'économie, Amor Khelif, la Sonatrach est en «recul» et «ne contrôle plus la production du pétrole». Il estime que l'exploitation et l'exploration du gaz de schiste seront un «suicide» de la compagnie nationale d'hydrocarbures. Rym Nasri - Alger (Le Soir) L'Algérie est «doublement pénalisée» par la récente baisse du prix du pétrole. «Même si cette situation reste conjoncturelle, la baisse du prix du pétrole a entraîné une baisse des exportations de notre pays» a indiqué Amor Khelif, professeur d'économie à l'Université d'Alger 3, hier, à l'Ecole nationale supérieure du journalisme à Alger. Il est, ainsi, convaincu que l'Algérie va encore céder et ouvrir le marché des hydrocarbures aux compagnies pétrolières étrangères. Une incontournable décision que l'économiste justifie par «l'importante pression subie par notre pays». «L'Algérie a toujours géré et réglé les crises de recettes extérieures de la même manière. Mais devrions-nous continuer sur ce modèle de développement ?», s'interroge-t-il. Pour lui, la réponse est claire : Non. Il estime que cette baisse du prix du pétrole devrait être l'opportunité pour une remise en cause du schéma de développement en Algérie. Le professeur Khelif évoque en premier lieu le «dysfonctionnement» de la compagnie nationale d'hydrocarbures. «La Sonatrach est en recul et n'assure plus son rôle dans le secteur des hydrocarbures. Elle ne contrôle même pas la production du pétrole», dit-il. Une situation qu'il impute à «la fuite considérable» des cadres de cette compagnie. «La Sonatrach s'affaiblit de plus en plus. La preuve : 55% du pétrole algérien est produit par les compagnies étrangères», souligne-t-il. Il qualifie ainsi l'affaiblissement des capacités techniques et humaines de Sonatrach d'«amère réalité». «C'est encore plus grave que la baisse du prix du pétrole», dit-il. Par ailleurs, l'économiste assure que l'exploration et l'exploitation du gaz de Schiste sont une «aberration». Et d'expliquer que les techniques d'exploration et d'exploitation des énergies non conventionnelles nécessitent un grande maîtrise. Des techniques et une maîtrise qui demeurent «hors capacités de la Sonatrach». «Le gaz de schiste sera la dernière étape de suicide de la Sonatrach», a-t-il assuré.