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ENTENDU AU SEMINAIRE SUR LES MATERIAUX, PROCEDES ET ENVIRONNEMENT A BOUMERDES : «C'est un pays producteur qui fait appel à l'innovation et qui crée de la valeur ajoutée»
Est-ce que c'est l'industrie qui va vers l'université ou tout juste c'est le contraire qui devra se passer ? Cette équation ne date pas d'hier et elle est, malheureusement, toujours, d'actualité. Comment va le couple université-industrie ? C'est la question que nous avions adressée à des chercheurs qui participaient au 5e séminaire national sur les matériaux, procédés et environnement (5e SNMPE2014) organisé par l'Université M'hamed-Bougara de Boumerdès (UMBB). Leur constat est globalement négatif. Mais commençons par l'avis, quelque peu optimiste, du professeur Bachir Chemani, chercheur à l'UMBB. «Les relations entre l'université et le secteur de l'industrie commencent à peine à se tisser. Ces liens ne sont rendus parfois possibles que grâce aux relations entre personnes.» De son côté Mohamed-Seghir, président d'une association aéronautique de Boumerdès, venu à l'occasion de ce séminaire signer une convention avec l'UMBB au sujet de la recherche dans le domaine de matériaux pour l'aviation, estime que les industriels algériens manquent d'audace dans l'innovation. «Ils restent figés dans un carcan bien déterminé», dira-t-il. En clair, les Algériens, en général, restent, dans tous les domaines, des conservateurs invétérés qu'effrayent le changement et l'innovation. Plus profond, ce cadre de l'entreprise privée Granitex de Oued Smar, présent également à ce séminaire dans le cadre d'une convention avec cette université, y voit un handicap économique majeur pour le pays. Il assène à ce propos : «Un pays consommateur n'a pas besoin de l'innovation, ni du progrès industriel, c'est un pays producteur qui fait appel à l'innovation et qui crée de la valeur ajoutée.» Pourtant, ce n'est pas les idées qui manquent au sein de l'université. Justement, avant de discuter avec le professeur Chemani, il venait tout juste de terminer un exposé sur l'aboutissement d'un processus de recherche concernant une bande élastique destinée au traitement des varices. Cette bande a été créée par des chercheurs algériens dans des laboratoires algériens et avec des matériaux algériens. Elle n'attend que l'homologation aux normes locales par une entité spécialisée pour être produite et commercialisée afin de la substituer aux bandes importées. Mais peut-être que le mal de l'Algérie est plus profond et qui donne raison à ce cadre de Granitex. Méditons ces informations données par Abdelmadjid Attar, ex-P-dg de Sonatrach, et ancien ministre de l'Hydraulique. Il y a en effet moins d'une semaine, dans cette même salle – ex-INH (Institut national des hydrocarbures) – où s'est déroulé un symposium international sur les hydrocarbures, Attar, qui a animé une conférence sur la transition énergétique avait cité quelques statistiques sur la consommation énergétique du pays. L'ex-P-dg de Sonatrach affirmait que l'Algérie consommait 30% de sa production en pétrole et gaz. 23% de ces 30% sont absorbés par les ménages et les transports. Des secteurs qui ne produisent ni biens, ni valeur ajoutée. Le reste, c'est-à-dire 7% seulement de cette consommation va vers l'industrie. Il est malheureusement fort probable que l'université et l'industrie resteront encore longtemps éloignées l'une de l'autre parce que tout simplement, cette industrie reste faible et, exception faite pour la Sonatrach, n'a pas les moyens techniques ou financiers pour faire appel à la recherche.