Censée boostée, grâce notamment à la révision du cadre réglementaire régissant les hydrocarbures, l'attractivité de l'Algérie s'avère modeste, en deçà des attentes. L'intérêt pour la valorisation des hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste notamment) ne semble pas encore concret. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir)C'est ce que démontrent les résultats du quatrième appel d'offres national et international pour les opportunités de recherche et exploitation d'hydrocarbures, lancé le 21 janvier 2014 par l'Agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT). Sur 31 périmètres proposés, seulement quatre ont été attribués hier par l'ALNAFT à des consortiums étrangers, sur cinq offres reçues dont deux pour un périmètre unique et trois offres pour trois périmètres. Et ce, lors d'une cérémonie d'ouverture des plis organisée au siège de l'ALNAFT, en l'absence du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, en visite d'inspection dans la wilaya de Naâma et dont la présence a été suppléée par celle du secrétaire général du ministère. Ainsi, le consortium Statoil-Stigma-Shell exploration a remporté le périmètre de Timssit, situé dans l'est du pays et pour lequel il était l'unique soumissionnaire. C'est également le cas pour le consortium Enel-Dragon Oil qui a obtenu le périmètre de Msari Akali ainsi que le périmètre de Tinrhert- Nord. Le périmètre de Boughezoul a été quant à lui attribué au consortium Repsol Algérie-Shell exploration. Notons que la cinquième offre, celle du consortium Eni Algérie et qui concernait le même périmètre de Boughezoul, a été rejetée car ne répondant pas aux critères de l'appel à concurrence. Au-delà du fait que les périmètres d'hydrocarbures attribués se situent dans le nord du pays et qu'aucune offre n'a été présentée par la compagnie Sonatrach, c'est la faiblesse de l'engouement étranger pour le domaine minier national, voire l'attractivité de l'Algérie qui semblent insuffisantes Un manque d'engouement que le président du comité de direction de l'ALNAFT, Sid-Ali Betata, est contraint de prendre en compte, même s'il dira que les résultats de l'appel sont «acceptables et nous continuons à travailler pour le développement du domaine minier national». Or, diverses mesures incitatives, notamment fiscales, ont été prévues par le biais de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, en vigueur depuis janvier 2013 et qui a amendé le texte de 2005, au profit des compagnies étrangères. Certes, un mois après son retour au complexe gazier de Tiguentourine (In Salah), la compagnie norvégienne Statoil poursuit de consolider sa présence en Algérie, un pays où le niveau de sécurité est qualifié par son country manager d'«acceptable» quoique la sécurité «relève des prérogatives des autorités algériennes». Néanmoins, le nombre insuffisant de soumissionnaires laisse entendre que le choix des périmètres proposés, même s'ils sont considérés comme prometteurs, n'a pas répondu aux attentes des opérateurs étrangers. Observons dans ce contexte que certaines grandes compagnies pétrolières mondiales n'ont pas participé (boudé ?) cette manifestation, tandis que d'autres ont participé dans le cadre de consortiums sans en être les chefs de file. Notons également qu'aucune offre relative à l'exportation et exploitation d'hydrocarbures non conventionnels (gaz et huiles de schiste...) n'a été présentée. Or, l'appel portait sur l'attribution de 17 périmètres où des hydrocarbures conventionnels sont mixés avec des non-conventionnels (essentiellement des réservoirs compact-tight), dans le but de consolider le potentiel important de l'Algérie dans ce domaine. Ce qui implique que l'intérêt pour la valorisation des hydrocarbures non-conventionnels ne semble pas encore concret. Voire, l'engagement à développer ce type de ressources, pourtant avalisé par l'exécutif, semble contraint, irréalisable à terme. Ce faisant, les résultats de ce quatrième appel d'offres confirment la tendance observée lors des trois précédents appels, tous marqués par un très faible nombre de périmètres octroyés. Rappelons que dans le cadre du processus de sélection, des data-rooms, organisés durant deux mois, ont vu la participation de quelque 34 compagnies, totalisant 241 consultations couvrant la totalité des 31 périmètres. Des séances de clarifications pour des questions d'ordre fiscal, légal et technique, soulevées par les compagnies, se sont déroulées par la suite. Programmée en août dernier, la séance d'ouverture des plis avait été cependant reportée à deux reprises, avant d'avoir lieu hier, avec ce résultat très mitigé. Indiquons que les contrats relatifs aux périmètres attribués seront signés le 29 octobre prochain.