Le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, et vice-ministre de la Défense nationale, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, a haussé le ton, de manière peu habituelle, en évoquant, hier, le thème de la «politique de la défense nationale» au cours d'une visite qu'il a effectuée à l'Ecole militaire polytechnique de Bordj-El-Bahri, à Alger. Le chef de l'armée, il s'exprimera en tant que tel, sans citer une seule fois, et c'est une première chez lui, Abdelaziz Bouteflika, se livrera à quelques rappels qui résonnent comme de vrais avertissements. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Devant l'ensemble des cadres de l'armée, notamment les chefs d'état-major des commandements des forces, des commandants des établissements de formation militaire et des chargés de la formation au niveau des commandements de forces des directions et services centraux, Gaïd Salah prononcera, ainsi, un premier discours où il n'y va pas par trente-six chemins. Selon un communiqué du ministère de la Défense, le chef d'état-major dira, notamment, «qu'il est important de souligner et de rappeler, en ce digne lieu, que la défense nationale est une affaire dont la concrétisation fait participer toutes les compétences humaines et les capacités nationales, puisqu'elle représente l'ensemble des mesures politiques, militaires, sociales, économiques, juridiques et autres, préconisées par l'Etat afin d'être prêt à faire face à toute hostilité susceptible de porter atteinte à sa souveraineté, son unité territoriale, la sécurité de son peuple, ses ressources et ses capacités économiques». Cette véritable mise en garde de l'armée est destinée sans aucun doute à des parties internes mais, surtout, extérieures. Gaïd Salah parle, ici, au nom de l'Etat qui, dit-il, doit «être prêt à faire face à toute hostilité susceptible de porter atteinte à sa souveraineté, son unité territoriale, la sécurité de son peuple, ses ressources et ses capacités économiques». L'allusion, ici, à la situation dans le Sud ne souffre aucune ambiguïté. Le chef d'état-major accuse presque des parties extérieures d'être derrière, ou de vouloir tirer profit des manifestations hostiles à l'exploration ou à l'exploitation du gaz de schiste, en cours dans toutes les villes du sud du pays depuis début janvier. En tout cas, son insistance sur «la sécurité des ressources et des capacités économiques» du pays, dans ce contexte particulier, ne peut légitimement se comprendre autrement. L'armée, détient-elle des informations précises dans ce sens ? Fort probable. «Dans ce même contexte, poursuit le chef d'état-major, nous sommes convaincus que la défense nationale se concrétise à travers une politique de défense qui exprime l'ensemble des choix et des principes embrassés par l'Etat, inspirés essentiellement de sa politique globale et de sa stratégie de défense nationale». Avant de conclure, sur ce chapitre «qu'en ce sens, et comme je l'ai souligné auparavant, la défense nationale est le déploiement de toutes les capacités de l'Etat, fondées essentiellement sur les valeurs morales de la nation qui définissent l'ensemble de ses fonctions afin d'honorer le noble devoir qui est la défense de la patrie». Autrement dit, la défense et la sécurité nationales sont un tout. Y compris donc les choix économiques stratégiques de l'Etat. Présidant une autre réunion, exclusivement consacrée au volet de la formation au sein de l'armée, le chef d'état-major affinera davantage ses mises en garde lorsqu'il soulignera le haut degré de préparation de nos unités engagées sur le terrain. En substance, il lancera : «Quant au volet de préparation au combat, les réussites successives sur le terrain de nos unités de combat reflètent les résultats obtenus, tant sur le plan de la lutte antiterroriste ou de la sécurisation des frontières, preuve irréfutable de la bonne stratégie du Haut Commandement de l'Armée nationale populaire adoptée dans le domaine de la formation, de l'instruction et de la préparation au combat, que nous aspirons rehausser au niveau souhaité». Effectivement, l'armée algérienne est sur la brèche depuis des années, pour combattre le terrorisme et, davantage encore depuis 2011, avec le nouveau contexte régional explosif à nos frontières, notamment au Sud. Situation d'autant plus complexe que notre voisin de l'Ouest déploie tous ses efforts pour créer des zones de tension dans le Sahara algérien. Comme l'attestent si bien ses connexions avérées avec des groupes terroristes au Nord-Mali, et les quantités colossales de drogue qu'il nous «exporte» contre notre gré...