L'ann�e 2004 prolonge, d�butant, une rentr�e politique singuli�rement agit�e mais aussi in�dite par bien des aspects. L'�lection pr�sidentielle qui aura lieu en avril, pr�cis�ment le 8 du mois, constitue l'essentiel de l'enjeu politique. Un enjeu qui, comme jamais nagu�re, faisant d�s janvier d�j� peu cas de l'�thique… autorisait toutes les manœuvres, tous les abus. Sofiane A�t Iflis Alger (Le Soir) - Pour sa p�rennit�, le pouvoir incarn� par le pr�sident sortant mais candidat � sa propre succession � la t�te de la magistrature supr�me mettra � contribution quasiment l'ensemble des segments institutionnels. La justice, instruite, de l'avis de la majorit� des acteurs politiques, sollicit�e par une excroissance organique du Front de lib�ration nationale (FLN), commit le 30 d�cembre ce que des juristes parmi les plus �minents qualifi�rent de �pronunciamiento juridique� : l'invalidation du congr�s du parti tenu en mars 2003. Le pr�sident Bouteflika, qui menait campagne �lectorale des mois avant l'annonce officielle de sa candidature , n'avait pas la pr�occupation absoute de la manœuvre � m�me de disqualifier ou, � d�faut, d'handicaper la candidature de son ancien chef d e gouvernement, le secr�taire g�n�ral du FLN, Ali Benflis � qui il ne pardonnait pas une telle audace. Le 3 mars 2004, � l'approche de l'ouverture officielle des joutes �lectorales, donc, le Conseil d'Etat confirme la d�cision du tribunal d'Alger et d�cide du gel des avoirs et des activit�s du FLN. Benflis ne fl�chit point. Il maintient, malgr� l'�preuve �prouvante, son inscription dans la comp�tition. Avec quatre autres candidats— le pr�sident du Mouvement de la r�forme nationale, Abdallah Djaballah, le porte-parole du Parti des travailleurs, Louiza Hanoune, et le pr�sident de AHD54, Ali Fawzi Rebaine—, le pr�sident du Rassemblement pour la culture et la d�mocratie, Sa�d Sadi, ira au bout de la comp�tition. Ces cinq autres postulants � la magistrature supr�me ne font pas, cette fois-ci, contrairement � l'�lection pr�sidentielle de 1999, cadeau d'un retrait de la course. La campagne �lectorale fut des plus dense, des plus anim�e, des plus agressive aussi, dans tous les sens du terme. Au bout, le pr�sident de la R�publique sortant, Abdelaziz Bouteflika, est r��lu d�s le premier tour avec un score inattendu— contest�, faut-il le rappeler— de 84,99%, alors que la pr�vision analytique s'�tait ent�t�e des mois durant � consigner une �lection � deux tours. La nuit du 8 avril, � l'initiative des partisans de Sadi, Benflis et Djaballah, Alger v�cut au rythme d'une tentative de manifestation vite r�prim�e. C'�tait ex-place du 1er-Mai, aujourd'hui place de la Concorde. L'arm�e, l'incontournable intervenant Pendant qu'allait crescendo la fi�vre �lectorale, l'attitude de la grande muette par rapport � la pr�sidentielle �tait l'objet de moult interrogations et au centre d'autant de sp�culations. L'arm�e soutenait- elle Bouteflika ou �tait-elle d�favorable � sa reconduction ? Pour la premi�re fois, l'observateur politique �tait amen� � guetter lucidement faits et dires en provenance des Tagarins � m�me de les aider � cerner l'attitude de la grande muette. Certains se laiss�rent convaincre par les affirmations du chef d'�tat-major, le g�n�ral de corps d'arm�e, Mohamed Lamari qui, dans un entretien � la revue El Djeich soutenait que l'institution observera la neutralit� par rapport au scrutin pr�sidentiel . D'autres, les partisans du candidat Bouteflika, �taient d'avis contraire, martelant, � l'occasion, que l'arm�e �tait pour la reconduction du pr�sident sortant. Ce n'est que plus tard, une fois la r��lection de Bouteflika consomm�e, que les uns comme les autres se d�couvriront d'avoir �t� sur des demi-v�rit�s : l'institution militaire n'�tait pas de consensus soud�e autour de la question. Le chef d'�tat-major, Mohamed Lamari, d�missionnera, officiellement pour raison de sant�, de sa fonction d�but juillet. Une confirmation, relev�rent nombre d'analystes, de ce que la cohabitation politique avec le pr�sident Bouteflika n'�tait plus possible, tant profonde �tait la divergence. Le FLN, apr�s la d�chirure le colmatage L'�lection pr�sidentielle, le fait politique majeur de l'ann�e 2004, ne pouvait, une fois consomm�e, rester sans r�percussions imm�diates sur la vie organique du Front de lib�ration nationale. D'abord, le secr�taire g�n�ral, candidat malheureux � la magistrature supr�me, remit le tablier. Un d�part qui allait entra�ner dans son sillage la d�mission du pr�sident de l'Assembl�e populaire nationale, Karim Youn�s. S�rieusement �branl� par l'�mergence d'une entit� se d�signant �mouvement de redressement du FLN�, l'ex-parti unique, Benflis parti, s'est mis, comme par instinct de survie, � colmater la l�zarde. Comme si de rien n'�tait, partisans de Benflis et de Belkhadem r�apprennent la cohabitation. Hormis, cela dit, quelques irr�ductibles redresseurs qui, eux, persistent � vouloir tenir en marge ceux qui ont couru l'aventure �lectorale avec Benflis. Le congr�s du parti projet� pour le courant janvier de l'ann�e prochaine est attendu pour sceller la r�conciliation parmi les deux ailes du FLN, avec, il va sans dire, le maintien de la formation dans le giron pr�sidentiel. L'�pisode Benflis ne serait aussi rien d'autre qu'un ��cart� duquel le fLN finirait par revenir. In�luctablement, telle que se pr�sente la perspective qui lui est dessin�e. Le pouvoir apprivoise les arouch L'ann�e 2004 aura �t� celle de l'apprivoisement des arouch de Kabylie par le pouvoir. En effet, par l'entremise du chef du gouvernement et certains acteurs politiques qui lui sont proches, le pouvoir r�ussit, au courant du mois de janvier, � vider le mouvement citoyen de la contestation qui a fait son essence. L'app�t �tant la signature d'un protocole d'accord sign� le 6 janvier entre Ouyahia et une mission de 11 d�l�gu�s des arouch, le pouvoir, sans peine, parvient �, d�finitivement, paralyser le mouvement. Le 20 janvier, 24 d�l�gu�s, parmi eux ceux ayant compos� la mission des 11, atterrissent au Palais du gouvernement. Ils repartiront bredouilles le 28 du m�me mois, au motif que la n�gociation avec Ouyahia avait but� sur l'intransigeance de ce dernier � ne pas officialiser sans r�f�rendum la langue amazighe. Ouyahia, � ce moment, avait bien conclu sa mission. Apprivois�s, discr�dit�s, les pr�tendants � la conduite de la contestation citoyenne n'influeront plus sur la r�gion. Et quand bien m�me, il leur est rest� un peu d'emprise sur la population, elle ne serait que b�n�fique pour le pouvoir. D'ailleurs, le r�flexe premier des �apprivois�s� n'a-t-il pas �t� d'appeler � l'emp�chement du scrutin pr�sidentiel.