Les intérêts économiques et les voix des électeurs algériens en France font d'Alger un passage obligé pour les candidats à l'Elysée. Alger est-elle devenue un passage obligé pour les candidats à l'élection présidentielle en France? Bien que cette échéance électorale, prévue pour 2012, s'annonce un peu loin, déjà la bataille fait rage dans les coulisses. Les candidats ont, d'ores et déjà, mis en branle leur machine diplomatique dans le but d'arracher la sympathie de personnalités influentes et même des pays avec lesquels «Paris possède des relations stratégiques». C'est le cas de l'Algérie qui est déjà courtisée par les présidentiables. La visite depuis hier à Alger, de Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, (Fonds monétaire international), est, certes, à caractère économique. Mais, cela ne justifierait pas tout l'intérêt que porte celui-ci à l'Algérie. Outre cette mission, l'objectif recherché, à travers cette visite, serait d'aborder avec les hauts dirigeants algériens, dont le Président Bouteflika qui l'a d'ailleurs reçu hier, l'enjeu de l'élection présidentielle 2012 en France. M Strauss-Kahn est pressenti comme candidat du Parti socialiste. Mieux encore, il dépasse, en termes de popularité, le président sortant, Nicolas Sarkozy, dans les différents sondages effectués dans L'Hexagone. De son côté, François Hollande a annoncé sa candidature à cette échéance électorale. «En 2012, je me prépare pour être candidat...», a-t-il avoué, dans une de ses sorties médiatiques. L'ex-premier secrétaire du Parti socialiste en France, cherche, désormais, à jouer le rôle principal et ne pas se contenter des «petits rôles». M.Hollande est annoncé à Alger dans les semaines à venir. Pour ce dernier, le but de sa visite aura un caractère électoral. Il se rendra à Alger dans le but d'aborder avec les dirigeants algériens sa candidature à la présidentielle en France, espérant arracher leur soutien. L'enjeu s'annonce très important aussi bien pour Hollande que pour Strauss-Kahn qui se disputent «la bataille d'Alger». A travers l'histoire de l'élection présidentielle en France, l'Algérie a toujours constitué un enjeu important dans l'équation. Lors de la dernière élection de 2007, l'actuel président français a effectué de nombreux aller-retour entre Alger et Paris. M.Sarkozy avait fait des mains et des pieds pour gagner l'estime et convaincre les dirigeants algériens de lui accorder leur aval. C'est le cas, même de ses rivaux de gauche. Ségolène Royal, candidate du PS, avait dépêché à Alger deux puissantes personnalités de son parti. Il s'agit de son ex-compagnon, François Hollande, et l'homme fort du PS, Laurent Fabius. Cinq ans avant, Jacques Chirac, alors candidat à sa propre succession, n'a pas «dérogé à la règle» venant chercher la bénédiction d'Alger. Un accueil populaire lui a été réservé par les Algériens dans la capitale et à Oran, deux ans après l'élection de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. L'histoire nous renseigne bien que les présidentiables en France sollicitent, à chaque occasion, Alger pour un renfort de taille. Le premier enjeu, qui fait courir les candidats en Algérie, est bien les voix des émigrés algériens établis sur le sol français. La communauté algérienne arrive en tête des immigrés qu'accueille la France. Environ trois millions d'Algériens et Franco-Algériens résident en France. Les électeurs algériens sont considérés parmi les plus importants de la liste «d'électeurs immigrés en France». C'est l'enjeu que Dominique de Villepin a, semble t-il, bien compris à son tour. Ce candidat à la présidentielle de 2012 a procédé à la nomination d'une Algé-rienne à la tête du comité de soutien. C'est Asmahane Medjdoub, née en France et originaire de Tlemcen, qui dirige le comité de soutien à la candidature de l'ex-Premier ministre. Outre ce facteur, les présidentiables négocient avec Alger l'avenir des relations politiques et surtout économiques entre les deux pays Issus de gauche, les deux «politiciens» cités, n'auront pas la tâche facile de convaincre la partie algérienne. Ça n'a jamais été la lune de miel entre le pouvoir algérien et les politiciens de la gauche française. Néanmoins, le froid des relations entre Alger et Paris, installé depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, pourrait bien constituer une carte entre les mains des deux candidats de la gauche.