Le long-métrage de fiction Les Portes du soleil : Algérie pour toujours de Jean- Marc Minéo a éte projeté en avant-première mondiale jeudi à la Salle Ibn Khaldoun à Alger. La cérémonie a vu la présence du réalisateur et d'actrices et acteurs du film, notamment Lorie Pester, Zakaria Ramdane, Patrice Quarteron, Abdelkader Djeriou et Ahmed Benaïssa. Ils ont même ramené la vieille Volkswagen «Coccinelle», debout fièrement au hall de la salle Ibn Khaldoun. Dans la salle, les premières images du film Les portes du soleil : Algérie pour toujours de Jean- Marc Minéo, défilent. Ces images d'archives, en noir et blanc, montrent des attentats commis par l'OAS, (Organisation de l'armée secrète), en Algérie. Slimane, le fils d'un membre de cette organisation terroriste, pense que le moment est venu de prendre sa revanche. Il a mis au point un vaste plan pour déstabiliser le pays. Les services secrets algériens soupçonnent quelque chose. Jawed a pour mission d'infiltrer la bande à Slimane. En guise de couverture, il trouve un job de plongeur dans une boîte de nuit où Slimane vient souvent. C'est le 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Le chef de la nouvelle OAS veut nous gâcher la fête. Les événements s'accélèrent. Tourné à Oran, Les portes du soleil : Algérie pour toujours , avec bagarres, coups de revolvers et poursuites automobiles, est dans les pures normes universelles du film d'action. Les combats d'arts martiaux sont presque tous, l'œuvre d'experts en ce domaine. Le scénariste et réalisateur Jean- Marc Minéo est six fois champion de France et une fois champion du monde de kung fu. Zakaria Ramdane, l'acteur principal, est un cascadeur et spécialiste en arts martiaux, qui figure au Guinness Book des records après avoir cassé en deux une pile de 31 planches en 30 secondes. Patrice Quarteron, surnommé «le Rônin sombre», est champion du monde de boxe thaïlandaise. Enfin, tout le monde sait ce que Mike Tyson a fait sur les rings de boxe. Ainsi, tous ces gentlemen sont loin d'être de simples tigres en carton. C'est le générique final. Des applaudissements et des youyous fusent dans la salle Ibn Khaldoun de l'Etablissement arts et culture de la wilaya d'Alger, qui a abrité jeudi la projection presse et l'avant- première du film Les Portes du soleil : Algérie pour toujours. Jean- Marc Minéo, Lorie Pester, Zakaria Ramdane, Ahmed Benaïssa et Abdelkader Djeriou sont maintenant en live sur scène pour la traditionnelle conférence de presse. Dans la salle, il y a aussi ce sacré Patrice Quarteron ! Minéo rappellera que Les portes du soleil est une fiction, un film d'action dans les normes internationales du genre. Mais, soulignera-t-il plus tard, il y a des «sous- lectures» qui se dégageront certainement. «Avec ce qui se passe actuellement dans le monde, j'ai eu envie de montrer aux jeunes Maghrébins de France, qu'ils ont des héros algériens, maghrébins et arabes en Algérie, de l'autre côté de la Méditerranée, pas très loin d'eux, commencera par expliquer le réalisateur. Les premières questions sont toutes posées par des femmes. L'une d'elles avoue qu'elle avait pleuré d'émotion. «Mon épouse est née à Belcourt à Alger. Mon grand- père est né à Tizi Ouzou. Donc, il y a du sang algérien kabyle qui coule dans mes veines», révélera Minéo. Le film est distribué en Russie, en Chine, en Inde, au Maroc, au Japon... Partout, les gens vont voir le drapeau algérien qui flotte sur Santa Cruz (...) J'ai voulu faire un film hautement patriotique. Je voulais tellement faire la pige à ces films américains et anglais qui ne jurent que par leur drapeau», soulignera-t-il encore. Abdelkader Djeriou fera remarquer que le film est «à 100% algérien » et qu'il est financé par des fonds privés. Lorie Pester parlera, notamment, de sa métamorphose pour ce rôle nouveau pour elle et de son expérience de tournage en Algérie. Ahmed Benaïssa soulignera la complexité du personnage qu'il a interprété (c'est lui qui a vendu la vaillante Coccinelle à Jawed). En réponse à la «traditionnelle» question du budget, Zakaria Ramdane a répondu que le film a coûté 4 millions de dollars. La conférence de presse a pris fin par un «concert» improvisé de Patrice Quarteron chantant : «C'est la vie, on va jouer, on va gagner, viva l'Algérie», sur les rythmes du tube de cheb Khaled.Les portes du soleil : Algérie pour toujours sortira en salles en France et à travers le monde le 18 mars 2015. En Algérie, il sera à partir de la même date à l'affiche de la salle Ibn Khaldoun à Alger et au cinéma Le Colisée d'Oran. Au hall, un dernier coup d'œil sur la Volkswagen Coccinelle. Elle porte les traces des balles tirées par la militante de l'OAS, Sanya (Lorie Pester) ! Jean- Marc Minéo avait dit quelques minutes auparavant : «Des jeunes ont ramené cette Volkswagen, par route, d'Oran jusqu'ici. Ils roulaient à 50 km à l'heure. Je les remercie beaucoup. C'est ça l'esprit algérien. Ça vaut tout l'or du monde !». Kader B. Les racines et les fleurs du mal «Peu de gens, surtout les jeunes, savent ce qu'est l'OAS, cette organisation terroriste qui a porté le malheur ici et un peu en France», a fait remarquer jeudi à Alger, Jean- Marc Minéo. L'Organisation armée secrète, ou l'Organisation de l'armée secrète, est une organisation politico-militaire clandestine, créée le 11 février 1961 pour la défense de la colonisation française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle. Elle a été créée à Madrid, lors d'une rencontre entre deux activistes importants, Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde, ralliant par la suite à leur cause des militaires de haut rang, notamment le général Raoul Salan. Le sigle «OAS» fait volontairement référence à l'Armée secrète de la Résistance. Il apparaît sur les murs d'Alger le 16 mars 1961. Il se répand ensuite en Algérie et en Métropole, lié à différents slogans comme : «L'Algérie est française et le restera», «OAS vaincra» ou «l'OAS frappe qui elle veut, où elle veut et quand elle veut». Sur le plan pratique, elle est divisée en trois branches plus ou moins indépendantes : l'«OAS Madrid», l'«OAS Alger» et l'«OAS Métro» (OAS Métropole). L'OAS en Algérie avait pour chefs le général Raoul Salan, le général Edmond Jouhaud, le colonel Yves Godard, Jean-Jacques Susini et le Dr Jean- Claude Perez. Contrairement à ce que les gens pensent généralement, l'OAS a continué à activer après l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962. A titre d'exemple, le 15 août 1964, un attentat au Mont Faron visant à faire exploser une jarre au passage du général de Gaulle. Le 8 avril 1965 avec l'arrestation de Gilles Buscia, c'est la fin des opérations OAS. L'autodissolution du CNR (Conseil national de la résistance) n'a eu lieu qu'en avril 1968. L'Américain Rudolph J. Rummel considère que le nombre de victimes de l'OAS s'élève à au moins 12 500 (12 000 civils et 500 membres des forces de l'ordre). Cette estimation est comparable à celle de Charles de Gaulle dans ses Mémoires d'espoir. En mars 1993, un trio d'anciens de l'OAS assassine Jacques Roseau, lui-même ancien membre de l'OAS et président de l'association de rapatriés «Recours». C'est la dernière victime «officielle» de l'organisation terroriste. Quelqu'un qui n'a pas connu «l'Algérie française» peut-il relancer l'OAS ? A Alger, Jean- Marc Minéo a répondu à cette question: «Imaginons quelqu'un dont le père membre de l'OAS, l'avait élevé dans la haine, depuis l'enfance. Ce n'est pas l'argent, mais la démagogie et les convictions erronées qui mènent à la folie. Quelqu'un élevée dans la haine pourra, ensuite, transmettre sa folie à des suiveurs, paumés comme lui. Les suiveurs suivent bêtement, sans réfléchir. Après, c'est trop tard...»