Le séjour en Algérie, mais surtout la virée à l'école d'application des troupes spéciales de Biskra du chef d'état-major des armées françaises, le général d'armée Pierre de Villiers, relance ces spéculations autour d'une intervention militaire française en Libye. En filigrane de ces supputations, des questions autour du rôle de l'Algérie sont soulevées. Qu'en est-il au juste ? Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) L'association de manière directe de l'Algérie dans les opérations militaires que la France envisagerait de mener en Libye paraît invraisemblable pour de multiples raisons. Ceci même si d'aucuns suggèrent la possibilité, y entrevoyant une causalité avec la visite de Pierre de Villers en Algérie. La probabilité d'une implication de l'Algérie est vraiment ténue, cependant. En tout cas, les observateurs les plus sérieux et les analystes les plus perspicaces l'excluent. Comme lors de l'intervention occidentale au Mali, au moment de l'opération française Serval notamment, l'Algérie n'impliquera pas ses troupes dans des opérations militaires en Libye. Tout d'abord, parce que la non-intervention en terre étrangère est un crédo de l'armée algérienne et parce qu'ensuite l'opinion nationale n'y serait pas favorable. Par ailleurs, l'Algérie s'est toujours positionnée en faveur d'une solution politique négociée. C'est sous son entremise qu'est mené le dialogue intermalien, lequel vise à faire sortir le Mali du cycle de l'instabilité qui le ronge. Pourrait-elle cependant réussir le même mécanisme s'agissant de la crise libyenne ? Envisage-t-elle, du moins, d'en prendre l'initiative ? Fin août dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a soutenu, à propos d'éventuelles attaques occidentales sur la Libye, que l'Algérie «ne croit pas aux solutions militaires pour la résolution des crises politiques dont souffrent les pays voisins à l'instar de la crise libyenne.» Dans une déclaration à la presse, Ramtane Lamamra avait affirmé en outre que «l'Algérie a déjà exprimé à maintes reprises son rejet des solutions militaires et reste aujourd'hui sur sa position». Cette position-ci de l'Algérie ne pouvait pas avoir changé avec la visite du chef d'état-major des armées françaises. L'Algérie avait, par ailleurs, pris l'initiative d'appeler à la création d'un groupe des Etats voisins de la Libye pour trouver une solution à la crise politique.» En fait, l'Algérie plaide pour un dialogue politique entre les Libyens. Cependant, ce dialogue est difficile à amorcer et conduire étant donné la complexité de la situation en Libye, livrée aux rivalités des milices armées. La difficulté réside aussi dans le fait qu'il n'y a pas d'antécédent en matière de médiation algérienne en Libye, contrairement aux crises maliennes qui ont connu moult médiations algériennes. Ceci, bien sûr, à supposer qu'il reste encore une chance à la solution politique. Les Français semblent vouloir engager des opérations militaires. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian avait souligné l'éventualité d'un mouvement des forces françaises au Mali vers la frontière libyenne.