Forts soupçons de corruption, octroi d'avantages indus à des tiers notamment des sociétés étrangères, transgression de la réglementation.... Tels sont les éléments principaux de l'affaire Sonatrach 1 dont le procès s'est ouvert hier au tribunal criminel d'Alger. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) Procès important que celui ouvert hier matin au tribunal criminel d'Alger. Devant le juge Mohamed Reggad, 19 personnes, dont des anciens dirigeants du groupe Sonatrach et des représentants de sociétés étrangères, parmi lesquels 7 sont en détention, devaient comparaître pour répondre d'accusations de corruption. Il s'agit en fait du procès de l'affaire dite Sonatrach 1, impliquant notamment l'ancien P-dg de la compagnie nationale, Mohamed Meziane, comparaissant en prévenu libre, et 8 directeurs exécutifs dont l'ex-vice-président amont Belkacem Boumediène et l'ex-vice-président transport par canalisation, Amar Zenasni. Le manager de la société allemande Contel Algérie Funkwerk, El Smaïl Mohamed Reda, les représentants de plusieurs entreprises étrangères, deux fils de l'ancien patron Sonatrach, Fawzi et Réda Meziane, ainsi que l'ancien P-dg de la banque publique CPA, Mohamed Maghaoui, et son fils Yazid, sont également cités au box des accusés. Quels griefs retenus contre ces accusés ? Ponctuant cinq ans de traitement judiciaire, l'affaire Sonatrach 1 ayant été déclenchée en janvier 2010, et dont la teneur a fait déjà l'objet de la médiatisation, un arrêt de renvoi cite les chefs d'accusation suivants : association de malfaiteurs, octroi d'avantages ou privilèges indus à des tiers dans le cadre de la passation de marchés publics, augmentations injustifiées de prix contractuels, blanchiment d'argent et corruption... L'affaire Sonatrach 1 porte en fait sur trois transactions commerciales liant Sonatrach à des tiers (des prestataires essentiellement étrangers) et que l'enquête judiciaire a considérées comme douteuses. Comme rapporté par la presse, ces affaires concernent l'octroi en gré à gré du marché de réalisation du lot 3 du gazoduc GK3 à la société italienne Saipem Contracting Algérie, l'octroi du marché d'équipement en matériels de télésurveillance d'installation de Sonatrach à l'entreprise allemande Contel Algérie Funkwerk et l'octroi du marché de réaménagement du siège de Ghermoul au bureau d'études CAD et à la société allemande Imtech. Portant sur la réalisation du lot 3 du gazoduc G3K devant relier Hassi R'mel à El Kala, devant alimenter le gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, un marché de 586 millions de dollars avait été attribué en 2009 par la direction de Sonatrach à la société italienne Saipem Contracting Algérie, créée sous l'égide de Saipem Italie (filiale du groupe pétrolier italien ENI). Or, une transaction irrégulière selon l'arrêt de renvoi dans la mesure où elle aurait été conclue sur la base notamment d'une offre surévaluée, coûteuse de Saipem, octroi d'indus avantages au fils de l'ancien patron Sonatrach, Reda Meziane (depuis 2006, conseiller rémunéré auprès de Saipem Algérie), outre des interférences, des instructions de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, non auditionné, concernant la conduite de l'appel d'offres et la gestion du coût du projet, selon des propos médiatiques de l'ancien P-dg de Sonatrach. Portant sur l'équipement de 123 infrastructures de Sonatrach en matériels de télésurveillance et de protection électronique (système anti-intrusion), cinq marchés avaient été attribués en gré à gré par l'ancien patron de Sonatrach à l'entreprise allemande Contel Algérie Funkwerk Pletac, pour une valeur de 11 milliards de dinars. Une transaction également considérée frauduleuse au regard des privilèges accordés au groupe allemand dont l'offre était élevée, mais au détriment de Sonatrach, des avantages concédés à un des enfants de l'ancien P-dg de Sonatrach dans le groupe Contel, une interférence de l'ancien ministre de l'Energie quant au caractère urgent de ce projet, voire une surfacturation et le versement de pots-de-vin et commissions supposés à la famille Meziane, le patron de Contel Algérie Funkwerk et à l'ancien P-dg du CPA et son fils. Quant à la troisième affaire devant être examinée, il s'agit de l'octroi par l'ex-Pdg et le directeur exécutif activités centrales du marché de réfection-réaménagement du siège de Sonatrach (sis à Ghermoul) à la société allemande Imtech, pour un montant de près de 65 000 euros, et au bureau d'études CAD. Une transaction indue d'autant qu'elle aurait été conclue sur la base d'une offre surélevée de la société allemande, un certain abus d'influence, des suspicions de blanchiment d'argent impliquant le manager du bureau CAD et l'ancien directeur de cabinet du P-dg de Sonatrach. Ceci outre les manquements, les infractions à la réglementation régissant la passation des marchés publics suspectés dans cette affaire comme dans les deux autres affaires Sonatrach.