C'est demain 15 mars que la cinquième chambre criminelle près la cour d'Alger ouvrira le dossier de l'affaire Sonatrach 1. Au total, ils seront dix-neuf personnes à répondre des chefs d'inculpation «d'association de malfaiteurs, de passation de marchés illégaux et de corruption». Parmi les accusés, l'ancien P-dg du groupe Sonatrach, Mohamed Reda Meziane, ses deux fils et des cadres de la compagnie pétrolière. Abder Bettache - Alger (Le Soir) D'autres personnes sont poursuivies dans cette affaire, à savoir les vice-présidents de la société et d'autres chefs d'exécutif mais aussi quatre entreprises étrangères, dont le bureau d'études CAD, Saipem Algérie, Funkwerk et Contel Holding, poursuivies en tant que personnes morales. D'autres hauts responsables de l'entreprise sont également impliqués, dont celui du pipeline, le directeur des activités en amont. Les mis en cause dans cette affaire sont également poursuivis pour «blanchiment d'argent, dilapidation de deniers publics et surfacturation, ainsi que pour violation de la réglementation des marchés et perception d'indus avantages, augmentation injustifiée des prix...». Cette affaire, pour rappel, est programmée par le tribunal criminel près la cour d'Alger pour la deuxième session criminelle. Une programmation qui intervient après le rejet par la Cour suprême, en octobre 2014, de tous les pourvois en cassation introduits par les parties contre l'arrêt de la chambre d'accusation de janvier 2013, en vertu duquel l'affaire a été criminalisée. Ce procès, qui sera certainement sous les feux de la rampe, risque d'être reporté. Selon des indiscrétions, la défense de certains mis en cause demandera le report. Un report qui intervient au moment où le plus médiatisé des accusés dans cette affaire a multiplié malgré lui les sorties dans la presse nationale, en l'occurrence l'ex-président du groupe Sonatrach, Mohamed Reda Meziane. D'ailleurs, ce dernier, après un entretien accordé au quotidien El Watan, a de nouveau fait parler de lui dans un journal d'expression arabe à travers la publication du procès-verbal de son audition par le juge instructeur. Il n'en demeure que les propos tenus lors de son audition par le juge ont été déjà rendus publics auparavant dans les colonnes du journal El Watan. A ce titre, Meziane dira : «Tous les contrats pour lesquels je suis poursuivi ont été traités et étudiés par le comité exécutif et les commissions des marchés. Je n'ai fait qu'appliquer la procédure interne, qui est la R15. Aucun des 247 témoins interrogés par le juge d'instruction n'a trouvé à redire sur ma gestion, qui était la plus transparente mais aussi celle qui faisait participer les cadres dans toutes les décisions. Comment se fait-il qu'aujourd'hui, je me retrouve chef d'une association de malfaiteurs ?» Concernant ses liens avec le ministre Chakib Khelil, M. Meziane explique que c'était une relation de respect qui les liait. «Je suis du genre qui respecte beaucoup sa hiérarchie. Même si je ne m'entendais pas avec le ministre, je lui vouais tout le respect. Je savais qu'il ne voulait pas de moi puisqu'en 2008, on m'a clairement signifié qu'il avait l'intention de me remplacer. Mais je faisais mon travail normalement. Je recevais ses directives et ses instructions par écrit et par téléphone. Il était informé de tous mes actes de gestion, par les courriers que je lui adressais, mais surtout par les comptes-rendus qui lui parvenaient de mon chef de cabinet, Réda Hameche.» Rejetant encore une fois toute responsabilité, M.Meziane estime que «des choses auraient pu se passer à haut niveau» sans qu'il en soit informé. Il ajoute : «C'est vrai que j'avais quelques soupçons, rien que des soupçons, pas de preuves formelles sur des choses qui auraient pu se passer à plus haut niveau, à propos de certains contrats, mais rien de plus. Maintenant, quand je lis les comptes-rendus de la presse, je suis surpris.» L'ex-P-dg de la compagnie nationale ajoute : «Tous les contrats passaient par des avis d'appel d'offres. Nous recevions de nombreux soumissionnaires, mais en cours de route, nombre d'entre eux disparaissaient. On se retrouvait avec seulement deux ou trois soumissionnaires. Parfois, nous étions obligés de ne pas refaire un autre avis d'appel d'offres en raison soit de l'urgence, soit de la complexité du marché. Souvent, c'était le ministre lui-même qui nous instruisait de ne pas refaire la procédure d'avis d'appel d'offres et de continuer avec les soumissionnaires qui restaient».