Les importations du ciment et des voitures seront désormais soumises à la délivrance de licences d'importation. Plus question, selon le ministre du Commerce, d'accepter que du ciment soit importé en quantité supérieure aux besoins du marché local ou que l'Algérie devienne «une aire de stockage» pour les constructeurs automobiles. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Les nouvelles mesures qui concernent la régulation des importations entreront bientôt en vigueur. Le texte, actuellement en discussion au sein de la commission de l'APN, sera bientôt débattu en plénière. Aussitôt la loi promulguée, les licences d'importation feront leur retour. Elles concerneront une certaine catégorie de produits. Amara Benyounès évoquait, hier, leur instauration désormais pour le ciment et les véhicules. Le ministre du Commerce expliquait qu'il n'était plus possible de tolérer que le ciment soit importé en quantité supérieure aux besoins de l'Algérie ni que les importations des véhicules qui atteignent, selon ses propos, les 5 milliards de dollars continuent à ce rythme. Les constructeurs automobiles imposent des quotas aux concessionnaires et résultat, dit-il, l'Algérie est en passe de devenir «une aire de stockage». Pour Benyounès, le pays est aujourd'hui dans l'obligation de maîtriser son commerce extérieur. Il s'exprimait au cours d'une réunion qui a regroupé UGTA et patronat et en a profité pour rappeler que «le principe de la liberté de commercer est garanti» mais que nul ne le «détournera» de son objectif, à savoir la protection de la production nationale en dépit des pressions des lobbies. Cette question, dit-il, fait actuellement l'objet d'un «consensus» et avait été largement débattue à l'occasion de la conférence dédiée au commerce extérieur. Une trentaine de recommandations sont actuellement à l'étude au niveau du gouvernement pour apporter des réponses concrètes aux problématiques posées par les opérateurs. Le ministre du Commerce affirme que c'est la première fois qu'un aussi large débat est initié au sujet du commerce extérieur. Il reconnaît qu'il sera difficile de réduire les importations en raison de leur structure, à savoir un tiers de matière première, un tiers de biens d'équipements et enfin un tiers de biens de consommation. Le ministre du Commerce présidait hier une réunion avec à l'ordre du jour la préservation de la production nationale. Son département lance, dès le 26 avril prochain, la campagne «consommons algérien» avec la participation du patronat et de l'UGTA. Il s'agira, selon Benyounès, d'une «campagne forte» pour sensibiliser les Algériens et instaurer un «patriotisme économique». Il est temps, dit-il, que tous les acteurs prennent conscience qu'à chaque fois que «nous consommons local nous sauvons et créons des emplois». Le «vrai patriotisme» doit se manifester à ce niveau-là, dit-il. Une vision partagée par le patron de l'UGTA. Sidi Saïd a été en ne peut plus clair en affirmant que le ministre avait tout le soutien de la Centrale syndicale pour «discipliner le commerce». Un acte qu'il qualifie de salutaire. Si les Algériens consomment des produits locaux dans les secteurs de l'agroalimentaire et du textile, pas moins de 500 000 postes d'emploi seront ouverts. La bataille de la production nationale est, selon Sidi Saïd, «collective». L'UGTA a déjà préparé une série de propositions pour la limitation des importations dans les segments de l'électroménager et l'agroalimentaire. «Nous allons recevoir des coups mais nous avons une carapace», prévient-il. Du côté du FCE, même son de cloche. Son représentant a fait savoir qu'il saluait l'initiative du ministre du Commerce à laquelle il prendra part activement. Le FCE, dit-il, a initié une étude pour lancer le label «origine Algérie garanti» qui devra aider à identifier clairement le produit local.