La défense de Khalifa est formelle : au moment où son client quittait l'Algérie, les caisses de Khalifa Bank n'étaient pas vides. Autre affirmation : les avocats sont en mesure d'apporter des documents prouvant l'innocence de Abdelmoumène Khalifa. Maître Medjhouda reproche au liquidateur de n'avoir toujours pas remis son rapport. Toute la journée d'hier a été consacrée exclusivement à la lecture de l'arrêt de renvoi. Ce n'est que ce matin que Abdelmoumène Khalifa sera finalement entendu. Nawal Imés - Alger (Le Soir) Avant même l'audition de son client, Maître Medjhouda, l'un des avocats de Abdelmoumène Khalifa dévoilait une partie de son plan d'attaque : verser dans le dossier des pièces prouvant l'innocence de son client. Maître Medjhouda est affirmatif : il dispose de documents prouvant qu'au moment où Abdelmoumène quittait l'Algérie, il y avait encore de l'argent dans les caisses de Khalifa Bank . Qu'est devenu cet argent ? Seul le rapport du liquidateur, Moncef Badsi, peut, selon lui, lever le voile sur cet aspect de l'affaire. Rapport ou pas rapport ? Ledit rapport concernant la banque Khalifa, devant être établi par le liquidateur, a fait hier l'objet d'une polémique entre les avocats de Khalifa et Moncef Badsi. Les avocats réclament en effet que ledit rapport soit versé dans le dossier afin, dit-il, que la défense et l'opinion publique sachent exactement ce qui était dans les caisses. «Nous exigeons de connaître le contenu du rapport du liquidateur pour qu'on sache exactement ce qu'il y avait dans les caisses avant et après le départ de Khalifa et où il est arrivé dans la liquidation». Il ajoute que «il y a des biens de Khalifa qui n'ont toujours pas été vendus aux enchères. Nous avons besoin de savoir s'il est débiteur ou créditeur. En France, la liquidatrice de Khalifa Airways a remis son rapport et à la fin de la liquidation il restait dans les caisses 6 millions d'euros». Une version des faits qui fait sourire Moncef Badsi. Il affirme que si les avocats connaissaient mieux les procédures, ils sauraient que dans le cas de l'affaire Khalifa Bank, il ne s'agit nullement d'une décision de liquidation judiciaire mais d'une liquidation décidée par la commission bancaire. De ce fait, affirme-t-il, le liquidateur n'est pas dans l'obligation de verser au dossier un rapport. Il fait néanmoins des rapports mensuels à la commission bancaire dépendant de la Banque d'Algérie. Pas moins de 60 tomes, dit-il, sont disponibles et les avocats peuvent à tout moment demander à les consulter. Avant l'audition de son client, Maître Medjhouda a affirmé que Abdelmoumène Khalifa avait «peur de son jugement» et qu'il appréhendait le moment où il sera entendu. Il est, dit-il, «convaincu de son innocence» et «fera tout pour se défendre». L'avocat affirme n'avoir pas rencontré son client depuis le début du procès. Se disant confiant, l'avocat s'attend à «un procès équitable» puisque, dit-il, le juge avait donné des assurances au sujet de la présence de tous les témoins, y compris les hauts responsables «même s'il fallait user de la force publique». Divergence entre avocats de la défense ou stratégie ? Interrogé au sujet des divergences entre lui et son confrère qui défend également Abdelmoumène Khalifa, Maître Mehdjouba répond «nous n'avons peut-être pas la même vision mais nous partageons le même objectif : défendre notre client». Les deux avocats avaient, en effet, lors du premier jour du procès, laisser apparaître de grandes divergences. Si Maître Medjhouda faisait part de sa satisfaction de la jonction des deux affaires, à savoir celle de la caisse principale de Khalifa Bank et celle de Abdelmoumène Khalifa, Maître Lazzar était lui opposé à cette décision qui disait-il n'était pas dans l'intérêt de son client. Autre point de divergence : le report du procès. Pendant que Maître Medjhouda se disait satisfait de la détermination du président de la cour à accélérer la cadence, son confrère ne demandait ni plus ni moins que le report du procès. Les divergences entre les deux avocats ont également éclaté au grand jour lorsque Maître Lazzar insistait auprès des journalistes pour dire qu'il n'avait jamais dit qu'il restait de l'argent dans les caisses de Khalifa Bank. L'audience avait repris à neuf heures avec la poursuite de la lecture de l'arrêt de renvoi. La veille, le greffier n'avait lu qu'une quarantaine de pages sur les 256 qui constituent ledit document. Dès ce matin, l'audience reprendra avec l'audition de Abdelmoumène Khalifa. Incident Alors que le greffier poursuivait péniblement la lecture de l'arrêt de renvoi, le président de la cour a suspendu l'audience aux alentours de 14h30, pour dix minutes. La cause ? Des informations selon lesquelles des photos et des vidéos montrant Khalifa Abdelmoumène dans le box des accusés. Résultat : c'est un procureur général furieux qui a ordonné aux membres des forces de l'ordre d'interdire aux journalistes d'introduire téléphones et ordinateurs portables dans la salle d'audience.