qualifie la dernière lettre du chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale au secrétaire général du FLN de «gravissime» et d'«inédit». M. Kebci-Alger (Le Soir) - Dans un communiqué rendu public, hier, le promoteur du parti de l'Avant-garde des libertés qui tient son congrès constitutif samedi et dimanche prochains, estime que Ahmed Gaïd Salah a commis simultanément «trois fautes majeures». La première, d'ordre «moral» puisque selon lui, ladite lettre «octroie le monopole du patriotisme à un parti et l'érige en dépositaire unique et exclusif de l'histoire et de la mémoire nationales». La seconde, politique, «implique nos forces armées dans le domaine de la compétition politique qui n'est pas le sien et dont elle contribue à fausser les règles par son intrusion injustifiée et injustifiable ». La dernière bévue est de nature constitutionnelle pour Benflis, qui estime que ladite lettre «ignore le statut d'institution républicaine de l'ANP et porte directement atteinte à l'esprit et à la lettre de la Constitution dont les dispositions pertinentes déterminent rigoureusement les tâches nationales qui lui sont assignées ». Considérant que «l'ANP est le bras armé du peuple et qu'en tant que telle, elle ne peut être solidaire d'une partie contre les autres, le rempart de la République et non d'un parti et une armée populaire», l'ancien chef du gouvernement et exsecrétaire général du FLN pense que cette missive de Gaïd Salah à Amar Saâdani est de «nature à perturber, tant la cohésion de nos forces armées que celle de la nation ellemême ». Elle s'insère, également, «dans le contexte général de la vacance du pouvoir et de la déshérence des institutions» et «s'inscrit clairement dans une stratégie qui se met en place et par laquelle le régime politique tente d'en sortir en se reproduisant ou en se clonant». Une stratégie du «désespoir, lourde de périls pour l'Etat national qui est notre bien le plus précieux», pour Benflis qui appelle à ce que «nos forces armées s'en tiennent à leurs missions républicaines et, à travers elles, à la défense de la seule cause qui vaille, celle de la préservation de l'Etat national et de la cohésion de la nation». M. K. Le communiqué intégral de M. Ali Benflis Alger, le 9 juin 2015 La lettre impliquant l'Armée nationale populaire dans le soutien à un responsable politique a suscité, à raison, des sentiments de stupeur et de consternation tant au sein de la classe politique d'une manière particulière qu'au sein de l'opinion publique nationale d'une manière générale ; un sentiment de stupeur quant au caractère gravissime et absolument inédit d'une pareille initiative ; et un sentiment de consternation quant au caractère hasardeux et inconsidéré de l'implication d'une institution constitutionnelle dans un domaine purement partisan. A travers cette initiative, ce sont trois fautes majeures qui ont été commises simultanément : une faute morale, une faute politique et une faute constitutionnelle. Une faute morale dans la mesure où la lettre en question octroie le monopole du patriotisme à un parti et l'érige en dépositaire unique et exclusif de l'Histoire et de la Mémoire nationales. Une faute politique dans la mesure où elle implique nos forces armées dans le domaine de la compétition politique qui n'est pas le sien et dont elle contribue à fausser les règles par son intrusion injustifiée et injustifiable. Une faute constitutionnelle, enfin, dans la mesure où ladite lettre ignore le statut d'institution républicaine de l'ANP et porte directement atteinte à l'esprit et à la lettre de la Constitution dont les dispositions pertinentes déterminent rigoureusement les tâches nationales qui lui sont assignées. La lettre traite avec beaucoup de légèreté le fait que l'ANP est le bras armé du peuple et qu'en tant que telle elle ne peut être solidaire d'une partie contre les autres ; qu'elle est le rempart de la République et non d'un parti ; et qu'elle est une armée populaire et que, de ce fait, elle doit s'interdire de se comporter d'une manière qui introduit les germes de la division au sein de la composante unie de ce même peuple. De ce point de vue, ce qu'il y a d'exceptionnellement grave dans cette lettre est qu'elle est de nature à perturber tant la cohésion de nos forces armées que celle de la Nation elle-même. Nos vaillantes forces armées s'acquittent avec un sens élevé du devoir et du sacrifice de leurs nombreuses et lourdes missions de défense et de protection de la République. La Nation demande déjà beaucoup à ses forces armées pour que leur soient épargnés les manquements constitutionnels et les errements politiques dans lesquels la lettre dont il s'agit les implique inconsciemment. La force et la puissance de toutes les armées du monde se mesurent à l'aune du consensus national qu'elles réussissent à bâtir autour d'elles. Nos forces armées ne font pas exception à cette règle et à cet égard le consensus national autour des missions républicaines de l'ANP doit être préservé à tout prix. Nous voyons tous que cette lettre s'insère dans le contexte général de la vacance du pouvoir et de la déshérence des institutions et qu'elle s'inscrit clairement dans une stratégie qui se met en place et par laquelle le régime politique tente d'en sortir en se reproduisant ou en se clonant. Cette stratégie du désespoir est lourde de périls pour l'Etat national qui est notre bien le plus précieux. Tout doit être fait pour que nos forces armées s'en tiennent à leurs missions républicaines et, à travers elles, à la défense de la seule cause qui vaille, celle de la préservation de l'Etat national et de la cohésion de la Nation.