Serena Williams, la reine du tennis à l'armoire débordant de trophées, arrive en grandissime favorite du duel des extrêmes contre la néophyte Garbine Muguruza, aujourd'hui, dans une finale dames de Wimbledon déséquilibrée en apparence. A 33 ans, l'Américaine, n°1 mondiale sans interruption depuis février 2013, compte 67 titres et brigue un 21e trophée majeur - le quatrième d'affilée - pour se rapprocher du record de l'Allemande Steffi Graf (22) dans l'ère moderne. Sa jeune rivale espagnole ne compte qu'un seul titre - mineur - glané aux Antipodes (Hobart) l'an passé. Quand Serena jouera sa 25e finale majeure, Muguruza vivra, à 21 ans, sa grande première. Aucune finale majeure perdue Et depuis qu'elle a noué une collaboration fructueuse avec l'entraîneur français Patrick Mouratoglou en 2012 à Londres, Serena n'a plus perdu une finale majeure (7 victoires). Au regard des chiffres, un monde les sépare. Mais Muguruza n'a-t-elle pourtant aucune chance? Non, à en croire les propos de la cadette des sœurs Williams, toujours en course pour réaliser le Grand Chelem sur une année calendaire. «Muguruza m'a déjà battue. L'an passé elle m'a posé des problèmes et notre dernier match n'a pas été simple», a expliqué la reine de la WTA après son 17e succès de rang contre Maria Sharapova, jeudi en demi-finale (6-2, 6-4). Cette fameuse défaite a marqué l'Américaine. L'an passé, à Roland-Garros, elle avait subi une raclée, peut-être la pire de sa carrière. Muguruza l'avait balayée (6-2, 6-2) au deuxième tour sur la route de son épopée jusqu'en quarts de finale. Le monde du tennis avait alors découvert cette grande brune (1,82 m) athlétique au coup droit qui «déménage». A Melbourne, en janvier, elle avait encore posé de sérieux problèmes à Serena, l'une de ses grandes idoles de jeunesse, qui s'en était sortie en trois sets (2-6, 6-3, 6-2) en huitièmes de finale. Avant d'apprivoiser l'herbe londonienne, Muguruza n'avait jamais poussé sa longue silhouette plus loin que les quarts de finale en Grand Chelem. Alors qu'elle va intégrer le Top 10 pour la première fois lundi, elle n'a découvert l'intensité du «Centre court» que lors de sa demi-finale remportée avec panache contre la Polonaise Agnieszka Radwanska (6-2, 3-6, 6-3). Sur les traces de Conchita Martinez Risque-t-elle d'être rattrapée par la pression ? «Je ne pense pas qu'elle soit intimidée. Cela ne lui ressemble pas. Elle sait comment gagner, quoi faire», estime Serena. «C'était important de l'avoir battue. Cela m'a fait prendre conscience qu'elle restait humaine. Comme tout le monde, elle a aussi des émotions et peut devenir nerveuse. Elle sait que je suis capable de la battre. Et je ne sais pas si elle est très habituée à cela», explique de son côté Muguruza, qui peut devenir la deuxième Espagnole à soulever le «Rose Rosewater Dish» après Conchita Martinez en 1994. Comme Muguruza, la capitaine de l'équipe d'Espagne (en Coupe Davis et en Fed Cup) n'était pas à l'aise sur gazon, plus rompue aux joutes de la terre battue. Mais elle avait créé la surprise en ponctuant son odyssée d'un succès contre la mythique Martina Navratilova, neuf fois titrée à Londres. «On a rigolé avec Conchita parce que, comme elle, je n'étais sûre de rien sur herbe quand ça a commencé, souligne Muguruza. Elle m'a dit : «Tu vois, tu peux bien jouer». Elle m'a donné de la force pendant le tournoi». Elle espère maintenant que cette force lui permettra de renverser la montagne Serena.