L'exécutif n'écarte pas l'ouverture de capital des groupes industriels publics. C'est ce que le ministre de l'Industrie et des Mines a annoncé lundi dernier à Madrid lors d'un Forum économique algéro-espagnol. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Lors de son intervention, Abdesselam Bouchouareb a indiqué que les douze groupes industriels, issus de la restructuration du secteur public marchand, «sont en condition d'être autonomisés, d'atteindre la taille critique pour l'avantage concurrentiel et nouer des partenariats avec des acteurs privés». Voire, ces groupes sont «même à terme d'ouvrir leur capital à des entreprises privées nationales et étrangères», déclarait le ministre de l'Industrie. Créés fin février 2015, les 12 nouveaux groupes publics sont issus de la réorganisation (absorption-fusion) de quatorze SGP (sociétés de gestion des participations de l'Etat). Il s'agit de sept nouveaux groupes qui portent sur les filières, respectivement, de l'agro-industrie, des industries chimiques, des équipements électriques, électrodomestiques et électroniques, des industries locales, de la mécanique, des industries métallurgiques et sidérurgiques et des textiles et cuirs. Mais aussi de 5 groupes déjà existants, la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), le Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), le groupe pharmaceutique Saidal, la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) et le groupe minier Manadjim Aldjazaïr (Manal). Des groupes dont les plans d'actions sont encore en cours de maturation et de validation tant ministérielles qu'au niveau du Conseil des participations de l'Etat, faut-il préciser. Rappelons qu'Abdesselam Bouchouareb avait justifié la réorganisation du secteur public marchand industriel par la nécessité de donner une nouvelle impulsion au secteur, considérant que l'ancien schéma d'organisation du secteur public industriel ne permettait pas la flexibilité dans la gestion des entreprises publiques. Ce faisant, Abdesselam Bouchouareb confirme l'option de l'ouverture du secteur public au capital privé, tenant néanmoins un discours contraire à celui qu'il avait tenu en février dernier lors du lancement de ces nouveaux groupes. Or, en annonçant l'ouverture du capital des groupes industriels publics, Abdesselam Bouchouareb relance la polémique sur la privatisation. Encouragé durant la période 1995-2005, le choix de la privatisation a été souvent inopérant, suscitant des divergences d'approche au sein de l'establishment économique national, des critiques de la part des experts et universitaires mais aussi de la classe politique, et semblait même être remis en cause. Cela étant, et mettant fin à son discours souvent ambigu, l'exécutif semble dorénavant enclin à favoriser le recours à la privatisation, dans le contexte de réduction avérée de la marge de manœuvre financière et économique du pays, la nécessité de stimuler tout concours non budgétaire et non public et consolider le développement du secteur industriel public dont les performances restent encore inégales. Comme l'exécutif entend booster le développement du partenariat public-privé, déjà enclenché dans divers secteurs d'activité mais qui pâtit cependant d'un déficit de réglementation. A ce propos, Abdesselam Bouchouareb a également indiqué à Madrid que le gouvernement examine un projet de charte pour «encadrer» le partenariat public privé en Algérie. Une charte qui doit encadrer le partenariat entre les entreprises publiques et le secteur privé tant national qu'étranger, tiendra à préciser le ministre de l'Industrie en ajoutant que l'exécutif est «en train de créer le cadre nécessaire pour ce type de partenariat qui est inscrit en bonne place dans le plan d'action du gouvernement».