Il y a dix ans, le 2 août 2005, Hachemi Chérif décédait subitement des suites d'une maladie qui ravira au MDS (ex-PAGS) un leader politique et moral exceptionnel. En ce 2 août 2005, le courant démocrate et moderniste en Algérie perdait en Hachemi Chérif l'un de ses chefs de file les plus charismatiques de la trempe que le pays n'arrive plus à en reproduire, notamment dans ce courant de la gauche, version PAGS qui n'arrive plus à se relever. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Avec Hachemi Cherif à sa tête, le MDS ou l'ex-PAGS n'avait certes pas un poids électoral impressionnant. Par contre, l'influence du parti et sa part au combat contre le terrorisme et l'islamisme étaient considérables. En 1992, par exemple, seuls deux partis avaient pris position publiquement contre le deuxième tour des législatives suicidaires qui ont failli effacer l'Algérie de la carte du monde : le PAGS de Hachemi Cherif et le RCD. Pendant les années de la terreur terroriste, Hachemi Cherif faisait partie des rares leaders politiques à faire face, de ce côté-ci de la Méditerranée, à l'ex-FIS, à ses idées et à ses groupes terroristes en même temps qu'à ses alliés du «contrat de Rome». Pour autant, il n'a jamais épargné le régime, ce qu'il désigne par sa célèbre formule de «système rentier et bureaucratique». En tout cas, les islamistes, toutes tendances confondues, trouvaient en face un farouche et redoutable adversaire politique. Ses anciens camarades, dont une partie se regroupe au sein d'un nouveau parti politique, le Parti pour la laïcité et la démocratie, n'ont pas manqué de rendre un vibrant hommage à «Da el Hachemi», à travers une longue déclaration de son bureau national : «Après ta disparition, l'Algérie n'a pas cessé de compter ses morts (...) Le terrorisme islamiste vient de faire une hécatombe encore une fois en fauchant la vie, le jour même de l'Aïd, à 9 soldats dans la région de Aïn-Defla (...)». Rappelant également le dernier attentat terroriste à Batna, le PLD évoque Ghardaïa où «le fanatisme religieux a obscurci les esprits car une idéologie totalitaire y a allumé le feu de la discorde». Le parti poursuit son réquisitoire contre l'islamisme en faisant remarquer que, «comme le FIS hier et aujourd'hui Daesh, le terrorisme islamiste rackette, brûle et décapite». Toujours en hommage à Hachemi Cherif, la déclaration du PLD ajoutera : «Nous avions vibré ensemble le 11 janvier 1992 croyant que l'Algérie avait ouvert un viatique à l'avenir. Par le coup d'arrêt au processus électoral, un acte salutaire fermait la porte à une boucherie annoncée et la patrie s'élevait au-dessus de l'illusion démocratique.» Or, regrette le PLD, «les initiateurs de ce mouvement ont laissé l'Algérie au milieu du gué et aujourd'hui le risque est grand de voir le pays emporté par les vicissitudes d'un contexte international particulièrement dangereux». Aussi, «il est grand temps que ce processus interrompu soit parachevé pour ouvrir la voie à une véritable transition républicaine pacifique». Cela, et comme l'a toujours conseillé Hachemi Cherif de son vivant : «Livrant en synergie, un double combat, contre le système rentier et maffieux et l'islamisme politique.» Par ailleurs, le PLD annonce dans son communiqué une cérémonie de dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe de Hachemi Cherif, samedi 1er août au cimetière de Miramar (Bologhine) à Alger, à partir de 11 h.