La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a invité dimanche l'armée à rester à l'écart de la crise politique en Guinée-Bissau, pays sans gouvernement depuis le 12 août, en prônant sa résolution par le dialogue. Le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall, «a exprimé des préoccupations suite aux récents développements qui ont conduit à la destitution du gouvernement du Premier ministre Domingos Simoes Pereira par le président José Mario Vaz» le 12 août, indique la Cédéao dans un communiqué daté d'Abuja, où elle a son siège. Selon le texte, M. Sall «regrette le limogeage qui est la manifestation finale d'une crise politique de plusieurs semaines» entre MM. Vaz et Pereira, ayant perduré «malgré les nombreuses tentatives de la Cédéao et les appels persistants de la communauté internationale» en faveur du dialogue. Il «appelle les dirigeants politiques à continuer à explorer des voies pacifiques pour résoudre l'impasse actuelle et exhorte les forces de défense et de sécurité à respecter leur engagement de rester en dehors de la vie politique». Il «reste confiant et croit qu'une solution pacifique et durable de la crise est possible et peut être réalisée à travers un dialogue concerté impliquant tous les acteurs politiques de la Guinée-Bissau», en collaboration avec les partenaires régionaux et internationaux. La Cédéao, qui compte 15 Etats membres, «réaffirme que la consolidation de la paix et la stabilité en Guinée-Bissau ne peuvent se réaliser que dans un processus consensuel, inclusif, ayant un ancrage national où le respect de l'ordre constitutionnel, l'intérêt et le bien-être du peuple de la Guinée-Bissau doivent être au cœur des discussions». La Guinée-Bissau, ex-colonie portugaise indépendante depuis 1974, a connu en quatre décennies plusieurs coups d'Etat réussis ou avortés, dans lesquelles l'armée a souvent joué un rôle prépondérant. Par décret pris le 12 août, le président Vaz a renvoyé le gouvernement de M. Pereira, qui était son Premier ministre depuis juin 2014, en arguant d'une «crise de confiance au sommet de l'Etat» nuisant au «bon fonctionnement des institutions». Le lendemain, M. Pereira a contesté ce limogeage, en se fondant sur la Constitution selon laquelle le poste de Premier ministre revient au chef du parti vainqueur des législatives. MM. Vaz et Pereira sont membres du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), majoritaire à l'Assemblée nationale issue des législatives de 2014 avec 57 députés sur 102. M. Pereira est le président du PAIGC, le parti qui a formellement proposé vendredi au président Vaz sa reconduction au poste de Premier ministre, tout en multipliant les discussions en interne. La réponse de M. Vaz était toujours attendue dimanche.