Les cours du gaz naturel enregistrent une tendance baissière similaire à celle du pétrole, se répercutant nécessairement sur les exportations algériennes de ce combustible. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Les cours du gaz naturel observent la même tendance baissière que les prix du pétrole. Dans la mesure où ils sont liés en partie à ceux du pétrole, les cours du gaz naturel subissent la dégringolade des cours de l'huile. Qu'il s'agisse des contrats de long terme notamment en Asie-Pacifique et en Europe ou du marché spot, les cours de cette énergie fossile sont en effet assez baissiers, chutant à quelque 2 dollars le mètre cube début août après avoir dépassé les 4,4 dollars en novembre dernier sur le marché new-yorkais. Certes, une fluctuation à la hausse, à hauteur de 3 dollars le mètre cube de gaz livrable en septembre, est actuellement enregistrée en raison notamment de la canicule qui sévit aux Etats-Unis et l'augmentation de la demande en gaz pour la climatisation et l'amélioration des stocks. Mais dans la mesure où le marché américain est auto-suffisant grâce à la valorisation des gaz de schiste, l'impact sur les cours mondiaux doit être relatif. De fait, c'est «la même descente aux enfers» que subit le cours du gaz naturel, relèvera l'économiste et spécialiste des questions énergétiques, Mustapha Mekideche. Et cela dans le contexte où l'offre gazière est assez conséquente, mettant en concurrence plusieurs grands producteurs de gaz naturel et de gaz naturel liquéfié (GNL)dont les Etats-Unis, la Russie, le Qatar, voire l'Australie, tandis que la demande gazière reste assez timorée, dans le contexte de faible reprise économique, de boom des énergies non renouvelables et du charbon. Dans la mesure où l'Algérie qui possède les deuxièmes réserves prouvées de gaz naturel en Afrique (45 00 milliards de mètres cubes) et produit généralement plus de 83 milliards de m3 de gaz naturel, n'a produit que 78 milliards de m3 en 2014 et n'a exporté que quelque 44 milliards de mètres cubes en 2014. Par conséquent, la chute des cours se répercute nécessairement sur ses revenus. Ainsi, les recettes gazières ont enregistré une diminution d'au-moins 30%, estimera le vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), et une tendance qui devrait se poursuivre. Outre l'insuffisance des volumes exportables, la consommation domestique (évaluée actuellement à 32 milliards de m3) enregistrant une forte croissance depuis plusieurs années et le développement des gisements tardant à compenser, l'Algérie subit une détérioration de ses parts de marché en raison de l'autosuffisance gazière aux Etats-Unis et de la forte concurrence notamment sur le marché européen où le problème des prix de vente du gaz national se pose (des clients européens souhaitant la révision à la baisse des prix des contrats long terme). Une problématique qu'il faudra traiter, considérera Mustapha Mekideche en appelant aussi à revoir la tarification du gaz sur le marché interne, les prix pratiqués étant bas, mais aussi à se doter d'une politique claire en matière d'utilisation du gaz dans l'industrie. Comme il s'agira de booster le développement des gisements gaziers, observe-t-il, en plaidant par ailleurs à cibler de nouveaux marchés d'exportation, telle la Chine pour le GNL dans la mesure où les contraintes de coût et de durée du transport peuvent être amorties par l'utilisation des développements technologiques.