L'opération de «sauvetage» du Festival international de la musique diwane semble bien commencer pour cette 8e édition. Repris par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, l'événement promet une pléiade de grosses pointures de la world music. L'ouverture, qui aura lieu ce samedi 22 août au théâtre de verdure de l'Office Riad-El-Feth, se fera avec Diwane Gnawa El Kandoussi (premier lauréat du Festival national de Béchar) suivi du mythique groupe marocain Lemchaheb, né à Casablanca en 1974. Ses sonorités berbère, gnawie et occidentale font passer des textes au vitriol dont le propos principal est de dénoncer les abus de pouvoir du régime marocain. Précurseurs du chant engagé et néanmoins festif, Mbarek Chadili et ses compagnons se sont démarqués du monstre de la scène locale Nass El Ghiwane avec une réinvention effrénée de la perception même de la musique chez leurs concitoyens. Le lendemain, 23 août, la soirée promet de purs moments de bonheur aux mélomanes. Après une première partie assurée par Diwane Ouled Sidi Blel, 2e lauréat du Festival de Béchar, la scène accueillera deux monstres du groove nord-africain : le batteur Karim Ziad et le maître marocain du gumbri Hamid El Kasri. Le premier est un prodige des percussions qui a rendu ses lettres de noblesse au style «fusion» à travers une recherche approfondie sur les harmonies communes entre jazz et musiques du terroir. Et ce n'est pas par hasard que le festival le programme aux côtés d'El Kasri puisque les deux artistes sont connus pour leur longue collaboration, laquelle a abouti en 2010 à la sortie d'un album Yobadi, un festival à lui seul où se créent des fusions inédites et où on transcende avec panache tous les poncifs du dogme gnawi. Le 25 du mois, ce sera une soirée dédiée au raffinement et la complexité technique avec le chanteur malien Bassekou Kouyaté et son groupe Ngoni Ba. Cette formation extrêmement attachée aux musiques traditionnelles africaines associe d'ailleurs son nom à l'instrument traditionnel n'goni dont Bassekou est un véritable virtuose. Son épouse Amy Sacko, à la voix profonde et chaude, l'accompagne au chant tandis que ses excellents instrumentistes se lancent souvent dans des improvisations époustouflantes tant du point du vue esthétique que technique. La démarche musicale de l'artiste, si elle est indéniablement inscrite dans la transmission d'un registre ancestral, peut en dérouter plus d'un par la sophistication de ses compositions et la rigueur de sa recherche musicale. Créateur exigeant et musicien fétiche des mélomanes avertis, Bassékou Koyaté ne manquera pas d'attirer les nombreux inconditionnels algérois des sonorités sahélo-sahariennes élaborées. Le rush des stars mondiales se poursuivra le lendemain 26 août avec le groupe franco-américain Malted Milk & Toni Green, tout droit sorti de l'école de la soul à laquelle, évidemment, ils s'évertuent à inoculer des rythmiques variées issues de différentes écoles anglo-saxonnes mais aussi africaines. Mais indéniablement, la vedette de cette 8e édition sera Richard Bona, en concert pour la première fois en Algérie pour la soirée de clôture ce jeudi 27 août. Ce jazzman camerounais et virtuose de la basse écrit et compose des morceaux devenus cultes aujourd'hui. Ayant collaboré avec les plus grands de la scène mondiale à l'instar de Pat Metheney, Michael Brecker et Herbie Hancock, il s'impose très vite à partir des Etats-Unis comme un griot moderne mais surtout comme un artiste incontournable du registre jazz grâce notamment à son insatiable recherche de diversité musicale et sa maestria dans le jumelage parfois inexploré de différents styles. A souligner enfin que tous les concerts auront lieu à 20h au Théâtre de verdure de l'Oref et que le billet d'entrée est fixé à 500 DA.