Médecin neurologue, ancien assistant des hôpitaux Ali-Aït Idir (Alger) et Frantz-Fanon (Blida), spécialiste en évaluation et traitement de la douleur à Saint-Antoine (Paris), Dr Boulemkahel Ayachi explique dans cet entretien le phénomène du somnambulisme et ses différentes manifestations. Il donne, de même, des conseils pour en guérir. Le Soir Magazine : Qu'est-ce que le somnambulisme? Est-il héréditaire ? Dr Boulmekahel : Avant de parler du somnambulisme, il faut avant tout évoquer et expliquer les parasomnies. Il s'agit de toutes les manifestations motrices physiologiques non pathologiques qui surviennent à n'importe quel âge et qui ne sont pas liées à une maladie, le plus souvent d'étiologie et de cause indéterminée et obscure. Cela se traduit par des manifestations motrices à côté du sommeil et tous les mouvements et comportements qui surviennent pendant le sommeil et qui touchent surtout l'enfant et l'adolescent, légèrement aggravées par le stress sans qu'il soit le facteur déclenchant. Donc, pour résumer, les parasomnies sont un ensemble de troubles du sommeil qui impliquent des mouvements, émotions, perceptions et rêves anormaux et inconscients survenant lors d'une période de sommeil. Les parasomnies sont différentes des dyssomnies, celles-ci étant des altérations de la quantité, de la fréquence ou de la durée du sommeil. Donc, le somnambulisme est une des formes de parasomnie. Le somnambulisme (du mot latin signifiant «se promener en dormant») est ainsi un trouble du sommeil. Les individus somnambules marchent et déambulent la nuit, en état d'inconscience, lors d'un sommeil lent profond. Le somnambule peut réaliser des actes relativement élaborés : il peut ouvrir un réfrigérateur et se servir à boire, mais il est maladroit, il se cognera aux murs et peut se couper avec un couteau. Lors du somnambulisme, la personne, la plupart du temps, est docile, et se laissera facilement reconduire dans son lit. Ces épisodes durent de quelques minutes à plus de trente minutes. Rien n'est formel dans l'hérédité du somnambulisme. Une étude réalisée par une équipe de chercheurs canadiens à l'Université de Montréal a expliqué que lorsque l'un des deux parents avait connu des épisodes de somnambulisme, le taux d'enfants somnambules atteignait 47,4% et ce chiffre passait à 61,5% si les deux parents l'avaient été. Je vous cite leur conclusion : «Ces résultats suggèrent que le somnambulisme a une forte composante génétique, de même que les terreurs nocturnes, dans une moindre mesure. (...) Les parents qui ont été somnambules durant l'enfance, et en particulier si les deux membres du couple l'ont été, peuvent s'attendre à ce que leur enfant soit somnambule, et devraient se préparer en conséquence.» Par quoi cela se caractérise-t-il ? Donc, comme je l'ai expliqué auparavant, le somnambulisme est l'entité la plus connue et c'est un diagnostic d'élimination. Il faut surtout éliminer d'abord une épilepsie morphéique, un syndrome d'apnée du sommeil, des mouvements périodiques du sommeil, etc. Le diagnostic du somnambulisme se fait cliniquement avec un bon entretien et un bon interrogatoire associé à une polysomnographie et ou un électroencéphalographie (EEG) du sommeil. Le somnambulisme représente 30% de toutes les parasomnies, soit 30% de la population a fait au moins un épisode de somnambulisme et qui se manifeste ainsi : le patient s'assied brutalement dans son lit, se lève ; marche. Il peut se livrer à des actes dangereux, comme passer par une fenêtre et l'épisode dépasse rarement 15 minutes et le sujet finit par regagner son lit et ou se réveiller spontanément sans souvenir de l'épisode. Quels sont les dangers sur le long terme de cette maladie pour les personnes atteintes ? Pour répondre à cette question, je préfère ne pas me focaliser uniquement sur le somnambulisme mais plutôt la parasomnie. Car 50% de la population générale est touchée par la parasomnie. Elle peut être occasionnelle et brève et/ou se répéter, devenant gênante pour la personne et son entourage, poussant le patient à consulter un neurologue. Donc, c'est la répétition qui devient problématique. Les parasomnies regroupent plusieurs manifestations motrices toutes différentes et peuvent être plusieurs chez la même personne avec des cas familiaux. Dans les parasomnies, on retrouve les sursauts hypnagogiques, les rythmés, le somnambulisme, les terreurs nocturnes, les énurésies, les paralysies du sommeil, les cauchemars, les troubles du comportement du sommeil paradoxal et les somniloquies. Peut-on guérir du somnambulisme ? Oui, on peut guérir du somnambulisme. Le traitement consiste surtout à expliquer au patient et à son entourage l'importance de protéger l'accès à des endroits à risque comme les fenêtres et les escaliers. Cela peut entraîner des risques de blessures. Pour ce qui est du traitement médical, si l'épisode se répète, cela consiste à administrer des benzodiazepines à faible dose. Donc, je le répète encore, on peut guérir du somnabulisme.