«Nul n'a le droit de prendre en otage la population», telle a été la sentence proférée hier par le ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, au niveau du siège de la société brésilienne Andrade Guttierez, en charge des travaux de finition du pont Salah-Bey. Très remonté par la façon de faire des Brésiliens qui ont plié bagages voilà plus de deux mois, laissant le chantier à l'arrêt et allant même jusqu'à empêcher les sociétés nationales, partenaires sur ce projet à faire le travail, notamment en leur refusant l'accès aux plans. Le ministre n'a pas mâché ses mots, menaçant sur un ton on ne peut plus ferme : «Vous posez un problème de paiement, c'est votre droit, mais vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes liés par un contrat, lequel contrat suppose des engagements de part et d'autres, à cela je m'engage au nom de l'Etat algérien que vous seriez payés rubis sur l'ongle, mais qu'on ne viennent pas faire du chantage à cause d'un paiement qui va intervenir incessamment, j'attends, dans les dix prochains jours à ce que vous me répondiez sur ce que vous compter entreprendre, c'est-à-dire reprendre le chantier, à défaut, je saurais prendre les mesures qui s'imposent», plus ferme encore, le ministre dans sa diatribe ajoutera : «Je vous mets en garde contre cette manière de faire surtout que vous êtes en train de prendre en otage toute une population qui souffre depuis des mois, votre engagement dépendra de votre avenir en Algérie.» En parallèle, le ministre s'adresse aux représentants des entreprises qui travaillent sur le même projet, notamment l'EPTP et Seroest qui se retrouvent interdites d'accès : «Vous êtes requis pour achever vos travaux, c'est une réquisition de l'Etat et vous allez l'exécuter de facto» et d'enjoindre le responsable brésilien de leur livrer tous les plans dont ils ont besoin. En fait cette réaction, plutôt attendue, était décidée selon toute vraisemblance bien avant la visite du ministre en ce sens que c'était le wali de Constantine, Hocine Ouaddah qui, lors de ses visites, a buté sur ce problème et a promis de prendre en charge ce dossier mais apparemment, il a fallu l'intervention du ministre pour venir à bout de cette histoire qui rappelle une autre, celle de Cojaal, le consortium japonais en charge du tunnel de Djebel El Ouahch. Un problème qui persiste jusqu'à maintenant et même au-delà puisque l'affaire est devant un tribunal international, comme l'avait souligné le ministre lors de son inspection au niveau du contournement du tunnel. En fait, ce contournement a été décidé lorsque le tunnel en question s'est effondré, mais devait à son tour subir les contrecoups d'une gestion à la limite de l'absurde, il a fallu que des injonctions et des remaniements au sein des entreprises en charge de ce projet pour voir une nette amélioration de la cadence des travaux. Beaucoup d'annonces ont été faites sur la livraison de ce projet, mais le retard était tel que sa livraison n'interviendra, sauf imprévu, qu'au début du mois de novembre. Sur ce point, le ministre satisfait des mesures prises pour renforcer le chantier dira : «Ce qui a été entrepris en deux mois avec une vraie cadence témoigne de la capacité des entreprises chargées de sa réalisation à relever n'importe quel défi.» Ainsi, le ministre tenait à faire cette déclaration à propos des entreprises en disant : «Les règles du jeu ont changé, il n'est plus question que les moyens mis par les entreprises qui auront à définir les délais de réalisation, c'est le contraire qui doit se faire, chaque entreprise et au vu de sa qualification doit se conformer au cahier des charges selon les quantités à réaliser quotidiennement et aux bureaux d'études de gérer aussi les délais, c'est inconcevable ce qui se fait jusqu'à maintenant.» En effet, tous les projets des travaux publics au niveau national connaissent des retards inconsidérés, donc plus onéreux, comme c'est le cas pour cette autoroute dont on ne connaît toujours pas son véritable coût.