Le général Toufik n'a pas été démis de ses fonctions mais a quitté son poste de son propre gré, a déclaré l'ancien président de l'Assemblée populaire algérienne (APN) dans un entretien paru hier chez notre confrère El-Khabar. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Abdelaziz Ziari a livré une somme d'informations notables sur ce changement qui suscite à ce jour énormément d'interrogations tant sur le pourquoi d'un tel départ que sur son implication sur le développement de la situation en Algérie. Quoi qu'il en soit, Ziari est le premier homme public à donner autant de détails sur le «mystère» Toufik qui, affirme-t-il donc, «a de lui-même quitté son poste». La raison ? «Je suis sûr, ajoute-t-il qu'un accord a eu lieu entre le Président Bouteflika, le chef d'état-major Gaïd Salah et Toufik. Ils ont conclu que pour avancer, l'Algérie ne devait en aucun cas laisser le DRS continuer à s'immiscer dans les affaires politiques du pays. Il en a découlé le départ du général Toufik». Il écarte l'existence de lutte clanique entre les institutions concernées et se dit persuadé que si l'ancien patron du DRS a décidé de quitter son poste c'est qu'il était «fatigué ou en désaccord avec tous les changements qui ont été opérés au sein de l'institution militaire». Ziari tient à rappeler que le général Toufik a assumé des responsabilités à des moments où l'Algérie traversait des moments extrêmement difficiles et que «s'il a décidé de partir c'est qu'il a ses raisons. L'une d'entre elles est qu'il n'était plus associé aux décisions importantes qui ont été prises». «C'est un véritable homme d'Etat qui assume ses responsabilités», ajoute-t-il. Tous les changements opérés ces derniers mois dans le corps de l'armée et de la direction des services de renseignement devraient cependant s'étendre à d'autres institutions, politiques notamment, afin de permettre à l'Algérie de sortir de la crise dans laquelle elle se trouve, auquel cas, poursuit Abdelaziz Ziari, ils auraient une «tout autre signification». Cette crise, a selon lui généré un climat totalement anormal dans le pays ce qui lui fait dire que nous vivons actuellement la fin d'une époque de l'Algérie. Une époque où l'on assiste à la disparition progressive mais sûre de la génération ayant mené le pays à l'indépendance «pour des raisons biologiques», ce qui fait que les «voies» qui conduisaient au pouvoir auparavant ne peuvent plus être empruntées car elles ne sont plus acceptées par les nouvelles générations. De même qu'il est devenu inacceptable de «faire de la politique dans les casernes». De manière adroite, l'ancien président de l'APN appelle le président de la République à ouvrir le champ politique afin de laisser place à d'autres personnes. «En l'absence de changements, dit-il, nous connaîtrons des catastrophes que vivent les pays ayant refusé de changer (...) Je souhaite au Président Bouteflika de vivre plus de 100 ans, mais pour des raisons objectives et parfois biologiques, chaque responsable est appelé à quitter le pouvoir un jour». Le premier magistrat du pays demeure actuellement «le seul homme fort du pays, indique-t-il, et ce en dépit de ses problèmes de santé». Quant aux informations prêtant à son frère Saïd Bouteflika des pouvoirs qui dépassent ses prérogatives, elles sont qualifiées de «chimères». «Saïd est très proche de son frère, il transmet des informations et des messages d'orientations, sans plus.» L'interview d'El-Khabar était également pour Ziari une occasion d'affirmer son soutien à Issad Rebrab, le patron de Cevital ayant récemment essuyé de vertes critiques de la part du ministre de l'Industrie, M. Bouchouareb. «Il n'aurait pas dû l'attaquer, j'aurais souhaité qu'il y ait 10 Rebrab en Algérie.» Sellal n'est pas épargné non plus par l'ancien président de l'APN. Le Premier ministre qui «laisse croire que des décisions sont prises par des parties influentes et non par le Président».