Vladimir Poutine a refusé de rencontrer hier à Paris Recep Tayyip Erdogan malgré l'insistance du Président turc, dont le pays va subir les sanctions économiques de Moscou après avoir abattu un bombardier russe à sa frontière avec la Syrie. Près d'une semaine après l'intervention au-dessus de la frontière turco-syrienne de deux avions de chasse turcs F-16 pour descendre en flammes un bombardier Soukhoï-24 de retour de mission, la grave crise diplomatique entre la Russie et la Turquie ne connaît aucun signe de détente. Ankara refuse de s'excuser et maintient avoir agi légitimement pour protéger son espace aérien. Alors que le corps du lieutenant-colonel Oleg Pechkov — pilote mitraillé par des rebelles syriens alors qu'il retombait en parachute — a quitté dans la matinée d'hier la Turquie pour être rapatrié, la fièvre anti-turque continue en Russie et les médias d'Etat tirent à boulets rouges sur la Turquie, hier encore partenaire privilégié. Parallèlement, les autorités russes peaufinent l'ensemble des sanctions économiques décrétées contre la Turquie, dont l'ampleur devrait être limitée mais l'impact réel. Hier matin, le Kremlin a catégoriquement exclu toute rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue turc qui se trouvent tous deux au Bourget, près de Paris, pour participer au sommet sur le climat. Moscou continue de bouder Ankara malgré les appels insistants du Président turc à rencontrer le chef de l'Etat russe «en face à face». Furieuse, la Russie accuse depuis l'incident la Turquie d'avoir partie liée avec l'organisation terroriste Daesh et exige des excuses. «Aucun Premier ministre turc, aucun Président, aucune autorité ne s'excusera», a maintenu lundi le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu après avoir rencontré à Bruxelles Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan dont la Turquie est membre. «Aucun pays ne peut nous demander des excuses car nous n'avons fait que notre devoir», à savoir «protéger notre espace aérien et notre frontière», a-t-il plaidé. Répétant que la Turquie n'avait «aucunement l'intention d'avoir une escalade» avec la Russie, M. Davutoglu a appelé Moscou à «reconsidérer» ses sanctions économiques, soulignant qu'elles étaient «contraires» aux intérêts de la Turquie comme de la Russie. Le secrétaire général de l'Otan a une nouvelle fois appelé au «calme», mais a souligné que la défense de son espace aérien était «le droit souverain de la Turquie».