La réalisation de cinq nouveaux centres hospitalo-universitaires (CHU) est, certes, «gelée pour le moment», réaffirme le ministre de la Santé qui précise que le projet pourrait être relancé «avec les conditions du barème national». Abdelmalek Boudiaf mise sur la modernisation du mode de gestion hospitalière à travers notamment l'externalisation de certaines activités de soins. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Le projet de réalisation de cinq nouveaux CHU à Alger, Tizi-Ouzou, Tlemcen, Constantine et Ouargla «est gelé», réitérait hier à l'hôtel El Riyadh (Sidi-Fredj) le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. En marge d'une rencontre d'évaluation des wilayas du centre et de l'extrême sud, Abdelmalek Boudiaf a assuré que «les CHU (projetés) sont gelés mais non annulés une décision de gel annoncée voilà quelques mois et qui n'a aucun lien avec le contexte économique national (réduction des revenus et rationalisation des dépenses), avancera M. Boudiaf. «Une offre financière de 170% de plus !» «Avant de parler de crise, d'austérité, il faut parler de l'offre financière» proposée pour la réalisation de ces cinq hôpitaux, déclare le ministre. Or, «c'est une offre inimaginable, de 170% de plus qui a été formulée» pour les études et la réalisation des CHU, relèvera Abdelmalek Boudiaf qui considère que cette proposition financière «n'est pas normale». Ainsi, le gel décidé «n'est pas dû à la situation financière» du pays mais en raison du caractère «inacceptable» de cette «offre trop élevée», considérera le ministre de la Santé. Abdelmalek Boudiaf assure, néanmoins, que si les projets de CHU sont «toujours maintenus» dans le programme sectoriel, ils ne pourraient être relancés avec une telle offre. «Nous devons revoir tout», observe le ministre de la Santé qui estime que s'«il faudra rouvrir (ce dossier), nous le relancerons mais avec les conditions du barème national et international». «Le mode de gestion doit changer» Sur un autre plan, Abdelmalek Boudiaf relèvera la nécessité de la modernisation du mode de gestion au niveau des structures sanitaires. Persuadé que le mode de gestion «doit changer, sinon tout ce qui aura été entrepris sera vain», M. Boudiaf fixera un délai «d'ici mars» prochain pour adopter une autre manière de gérer l'activité des établissements de santé. Il s'agit en ce sens d'encourager l'externalisation de certaines activités médicales et de soins pratiquées dans les hôpitaux vers les polycliniques, cliniques et autres établissements de santé de proximité. Une externalisation qui concerne les urgences, certains examens médicaux, la petite chirurgie, les analyses, les soins liés à la maternité et la petite enfance. La finalité de cette externalisation, selon Abdelmalek Boudiaf, permettre tant la réduction de «la pression» sur les grands hôpitaux (urgences saturées, afflux continu des patients, difficultés de circulation...), l'implication effective et optimisée des cliniques et autres établissements de proximité que la facilitation et l'amélioration de l'accès des citoyens aux soins. Et ce, dans la mesure où tant la gratuité que l'accès aux soins ne sont remis en cas, assurera Abdelmalek Boudiaf, soucieux de développer «la santé de proximité». L'amélioration de la couverture médicale en vue Mais aussi dans le contexte où un «nouveau projet de loi sanitaire détermine le cadre général organisant le secteur et garantit les conditions de modernisation et de promotion du système de la santé vers des normes développées et efficientes», relevait-il dans son allocution en faisant état de la mise en place depuis 2014 d'une feuille de route et d'instruction dédiées à la réhabilitation du service public de santé. Il rappellera que le gouvernement a programmé la réalisation de nouvelles structures hospitalières et la réhabilitation des anciens hôpitaux, avec comme objectif «l'amélioration et la modernisation de la couverture médicale par notamment la garantie de services hospitaliers spécialisés de proximité, la garantie de services de proximité en matière de lutte contre le cancer, la prise en charge des spécialités marginalisées telles que la chirurgie cardio-pédiatrique, la garantie des conditions de confort et de sécurité au profit des mères et des nouveau-nés (plus d'un million de nouveaux nés...)». Dans cet ordre d'idées, Abdelmalek Boudiaf qui note une couverture médicale spécialisée atteignant 1 praticien pour 1 800 habitants, rappellera que son département a décidé, fin 2013, «l'interdiction d'ouvrir de nouveaux postes budgétaires pour les médecins spécialistes dans 17 wilayas du nord, tout en procédant durant l'année 2014 à l'ouverture de 13 000 nouveaux postes pour la formation d'aide-soignants (ATS)». Concernant le paramédical Comme le ministre de la Santé indiquera notamment que 59 000 paramédicaux seront formés à l'horizon 2020, en faisant état ainsi de la réalisation attendue de 20 nouveaux instituts de formation paramédicale comptant 400 places pédagogiques «afin de permettre à toutes les wilayas du pays de couvrir leur besoin dans ce domaine», Abdelmalek Boudiaf relevant le hiatus entre une couverture de 1 infirmier pour 300 habitants et un manque flagrant d'encadrement paramédical dans nombre de régions du Sud et des Hauts-Plateaux. Relevons dans ce contexte que le ministre a écarté le risque de grève notamment des paramédicaux, dans la mesure où «tous les problèmes ont été réglés et nous nous attelons à concrétiser les mesures prises sur le terrain», dira-t-il. «Bien que cela ne relève pas de notre secteur, je me suis engagé à les solutionner», relèvera-t-il en précisant que le syndicat des paramédicaux a accordé, à l'issue de la réunion de son conseil national, un délai d'une dizaine de jours au ministère de tutelle pour trouver un terrain d'entente et éviter ainsi la paralysie momentanée du secteur. C. B. Hépatite C Le traitement est disponible localement Le traitement de l'hépatite C est «disponible» et est produit par un laboratoire pharmaceutique national, assurait hier le ministre de la Santé. «Bonne nouvelle pour les patients, le traitement est produit localement et est disponible dans les pharmacies centrales», dira Abdelmalek Boudiaf, en marge d'une réunion régionale d'évaluation, considérant qu'il permet «une guérison à hauteur de 100%». Selon le ministre, ce traitement qui garantit une rémission «deux fois plus» que celui prescrit précédemment est donné gratuitement aux malades par les pharmacies. Par ailleurs, le ministre de la Santé réunira samedi prochain les pharmaciens-hospitaliers afin, dira-t-il, d'«évaluer la situation et examiner les moyens de développer la gestion unifiée, renforcer la formation...». Notons que M. Boudiaf a relevé hier que l'Algérie est «sur la bonne voie» avec un taux de 2,5% de médicaments périmés pour une norme mondiale de 5% sur l'ensemble des produits pharmaceutiques en circulation. S'agissant des vaccins saisonniers, le représentant du gouvernement a fait savoir que l'Algérie a importé une quantité de 2,5 millions d'unités, de même qu'une réserve.