Des parties de la société civile critiquent sévèrement la politique algérienne de rapatriement des Nigériens. Selon certaines organisations, cette position est «discriminatoire». Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) critique sévèrement la politique algérienne «définie» et menée vis-à-vis des migrants nigériens. «L'Algérie qui a adopté la politique de rapatriement des migrants nigériens et uniquement des migrants nigériens, légitime sa position par la demande des autorités nigériennes. Comme si les individus sont une propriété des gouvernements !», a souligné Abdelmoumène Khelil de la LADDH, hier à Alger. Intervenant lors d'une table ronde sous le thème «migrations : une réalité algérienne», organisée à l'occasion de la Journée internationale des migrants, il affirme que depuis le début de cette opération, plus de 100 000 Nigériens ont été rapatriés. Et de s'interroger ainsi sur les fondements juridiques de ces «expulsions» et la «discrimination» qui a ciblé une population en particulier. Quant au Croissant-Rouge algérien associé dans cette opération, Abdelmoumène Khelil qualifie son rôle d'«ambigu». Un constat soutenu par la Fard (Femmes algériennes revendiquant leurs droits). Selon sa présidente Mme Fatma Boufenik, «l'opération de ramassage des Nigériens est très entachée et porteuse d'atteinte à la dignité des personnes». De son côté, le président du RAJ (Rassemblement-Actions Jeunesse), Fersaoui Abdelouahab, a estimé que l'«approche sécuritaire» qui prime sur les autres approches et adoptée par les différents gouvernements touchés par la migration, n'est pas une solution contre ce fléau. «Il faut que les gouvernements cessent de se focaliser sur l'approche sécuritaire car il y a des problèmes politiques, économiques et sociaux qu'il faut prendre en charge en urgence», dit-il. Il estime qu'il est temps de trouver les mécanismes d'action adéquats, de les mettre en application et de s'investir dans le «développement de ces populations migrantes». Pour sa part, Mme Saléha Boucheloui du centre d'écoute Caritas Algérie, souligne l'aspect «non-accueillant» de l'Algérie vis-à-vis des migrants subsahariens. Elle cite ainsi le cas de la Camerounaise, Marie Simon, (présente à cette rencontre) agressée et violée par une quinzaine de personnes en octobre dernier, à Oran. Outre l'agression, cette migrante s'est également heurtée à «l'indifférence» et à la «discrimination» de la part du personnel médical de l'hôpital où elle a été admise, ainsi que d'éléments de la Gendarmerie nationale. «En l'espace de trois mois, elle a été victime de trois agressions», ajoute-t-elle.